Lutte contre le terrorisme : le Café Manéga explore des pistes

« Face à l’occupation terroriste du territoire, quelles responsabilités et quelles solutions pour la sauvegarde de la nation burkinabè et la paix? » : c’est autour de ce thème que le Comité de l’Appel de Manéga a organisé un panel, ce samedi 13 novembre 2021 à Ouagadougou. Les différentes communications ont été livrées par des experts et d’éminentes personnalités, parmi lesquels, Me Apollinaire Kyelem de Tambela, Alain Kam, Tahirou Barry, Harouna Dicko, Mahamoudou Savadogo et Alexandre Sankara.

Dans sa présentation, Tahirou Barry a souligné que la question du terrorisme n’est qu’une plaie qui a été mal soignée, et à force d’être mal soignée, elle s’est aggravée. « Je peux dire que c’était un cancer localisé et à force de négliger, elle s’est généralisée », a-t-il insisté.
Selon lui, les premières grosses attaques en 2015, étaient des signaux forts qui ne devraient tromper personne. Au regard des morts que nous avons enregistré. « On devait s’attendre à des mesures énergétiques, à des mesures fortes pour arrêter la dérive. Mais au lieu de ça, nous avons assisté à des discours tendant à designer les anciens acteurs du régime au pouvoir, et pendant ce temps, les terroristes s’organisaient autour du Burkina Faso » a-t-il ajouté.

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Pour Tahirou Barry, président du MCR, le premier responsable de la situation sécuritaire, c’est l’exécutif, parce que l’Etat est le garant de la protection de la vie, de la sûreté et de l’intégrité physique des citoyens.
Comme solutions, l’ancien ministre de la culture a fait des propositions en cinq points, notamment, la réponse militaire et sécuritaire, la réponse humanitaire, la réponse économique, la réponse judiciaire et la réponse diplomatique. Cette dernière réponse consiste à se demander s’il faut négocier ou pas avec les groupes armés terrorites.
Mahamoudou Savadogo, expert en sécurité et spécialiste de l’extrémisme violent, a fait remarquer que le Burkina Faso fait frontière avec des pays sahéliens où le flux migratoire est très important. « C’est une zone où les groupes armés terroristes ont pu créer un couloir, passant depuis le nord du Benin et du Togo pour rejoindre le Sahel. Ce qui les permet de se ravitailler en carburant, en motos, en armements », a-t-il fait savoir.


Pour M. Sawadogo, la région de l’Est a complètement basculé parce que les terroristes y contrôlent la majorité des communes. « Ce qui est pire pour la région de l’Est aujourd’hui, c’est que nous n’avons plus la même forme d’administration qu’on avait mis en place. Ça veut dire qu’aujourd’hui, même si on arrive à reconquérir ces zones, on va se retrouver avec des populations qui sont habituées à une autre forme d’administration », a-t-il ajouté, avant d’affirmer que nous sommes en train de perdre sur le plan social, dans ces zones. « Désormais, ça ne sera pas avec les terroristes que nous lutterons, mais avec nos propres populations, parce que nous avons abandonné cette population », a continué l’expert en sécurité.


Il a invité les burkinabè à beaucoup de courage, parce que cette lutte pourrait durer encore des années.
Quant à Me Appolinaire Kyelem de Tambela, il pense que l’insécurité a commencé au Burkina Faso dans les années 2000, et c’est ce qui avait emmené l’émergence des Kogl-weogo. Selon lui, le terrorisme a commencé en 2015. Donc, relève Me Kyelem, on ne peut pas l’attribuer à l’arrivée du régime actuel.
En abordant les solutions de cette crise, Me Appolinaire Kyelem pense qu’il est nécessaire d’identifier les ambitions de l’adversaire, et de rapprocher les populations de l’armée. Il pense également qu’à l’image des régions du Burkina Faso, il devrait avoir également 13 régions militaires et 45 garnisons.


Alexandre Sankara, a signifié que l’origine du terrorisme au Burkina Faso remonte au régime du président Compaoré. Dans la stratégie de lutte, il a relevé des failles au niveau de l’armée. «  Nous constatons aujourd’hui qu’il y a trop de colonels-majors et peu de sous-officiers, pourtant ce sont les sous-officiers qui doivent monter sur le terrain », a-t-il indiqué. Il pense également qu’il faut revoir les chaines de motivation de nos FDS.

L’honorable Alain Kam a, lui, estimé que dans cette lutte contre le terrorisme, il faut que les Burkinabè, à commencer par le premier d’entre eux, prennent davatange conscience qu’ils sont en guerre. « J’aime m’amuser en disant que je veux voir le président du Faso en tenue militaire dans le Sahel en train de faire un discours pour remobiliser les troupes et les Burkinabè», a-t-il dit.

Présenté à la presse le 29 mai 2019, le Comité d’Appel de Manéga se définit comme un regroupement de citoyens épris de paix et d’amour pour la nation, qui se sont donné pour mission de contribuer à éviter l’effondrement de notre nation à travers « appel de Manéga ».