“La Russie n’apportera pas plus que les partenaires précédents dans la lutte contre le terrorisme au Sahel.” (Arnold Zongo)

Dans la tribune libre ci-dessous, Arnold Zongo interroge les choix diplomatiques des pays du Sahel face à la crise securitaire.

Le Choix de la Russie Comme Allié pour les Pays du Sahel.

La Russie n’apportera pas plus que les partenaires précédents dans la lutte contre le terrorisme au Sahel. En terme de financements ou d’armements, elle ne peut pas apporter plus que les Américains. C’est plus de 1000 milliards de FCFA en liquidité que les Américains ont dépensé au Mali, au Niger, en Mauritanie et au Tchad depuis 2002 à travers le PAN Sahel et autres programmes d’aides à nos forces armées.

À ces milliards s’ajoutent la logistique importante, les programmes d’aides humanitaires, ainsi que les programmes de développement.

Des opinions divergentes diront certainement que ces aides ne sont pas fortuites. Soit, mais le débat n’est pas à ce niveau. Je ne crois pas non plus que la Russie nous “aide” gratuitement.

Alors, pourquoi le choix de la Russie? Plusieurs raisons pourraient expliquer cela.

La première est que la Russie n’impose pas la tenue d’élections au Sahel comme les Américains et leurs alliés de L’UE. La Russie ne dénonce pas ou ne condamne pas fermement les exactions sur les droits de l’Homme en ce moment au Sahel.

Deuxièmement, elle n’est pas au Sahel pour tisser des relations à long terme, que ce soit sur le plan politique, social ou économique. La Russie n’impose donc pas aux gouvernements du Sahel une conduite à tenir dans la gestion des financements, vu qu’elle ne finance pas de projets. Elle est là uniquement pour son business et la vente d’armes.

Troisièmement, la Russie (ou devrais je dans ce cas précis dire wagner), a pu exploiter des influenceurs africains et pas les moindres, pour alimenter sa propagande. Un influenceur très connu, dont je tairais le nom, a reçu plus de 400 milles dollars de Prigojine, l’ex-patron de Wagner. Il ne l’a jamais nié d’ailleurs.

Ainsi donc, entre des partenaires qui vous demandent un retour à l’ordre constitutionnel, et un partenaire qui vous laisse faire ce que vous voulez, le choix est vite fait : la Souveraineté made in Sahel.

Cependant, la réalité est que la guerre nécessite énormément de moyens. Certains pays très développés se sont effondrés économiquement après une période de guerre. Et la lutte contre le terrorisme est encore plus coûteuse. Il est donc impératif pour les pays du Sahel de revoir leur politique extérieure (je l’ai dit maintes fois). Car la crise économique qui se dessine risque de causer un effet dévastateur, même chez les plus résilient.

Arnold Zongo