Syrie : les renseignements turcs frappent une cible du PKK/YPG dans une enceinte du cimentier français Lafarge

Les renseignements turcs ont frappé, dimanche, dans le district d’Aïn al-Arab (Kobani), au nord de la Syrie, une cible stratégique de l’organisation terroriste PKK/YPG installée dans une partie du complexe abritant les installations du cimentier français Lafarge.

Le PKK/YPG utilise depuis 2015 le complexe abritant l’usine du cimentier Lafarge, selon les informations obtenues par Anadolu.

Au cours des trois derniers jours, les renseignements turcs ont détruit des dizaines de cibles, notamment des infrastructures stratégiques et des points de contrôle routier que le PKK/YPG avait transformés en centres de terrorisme à Alep, Hassaké et Raqqa.

Le champ pétrolier de Rumailan à Hassaké, le quartier général de l’organisation terroriste sur la route Ali Ferro à Kameshli, et les infrastructures pétrolières et de gaz naturel à Kahtaniye, al-Malikiya et Rumailan, qui fournissent des ressources pour les activités terroristes du PKK/YPG, ont été frappés.

Sous certaines des installations du PKK/YPG visées se trouvent les points d’entrée et de sortie du réseau de tunnels de l’organisation.

– Anadolu avait publié des documents prouvant le financement de Daesh par Lafarge

Le 7 septembre 2021, Anadolu avait publié des documents prouvant le financement de l’organisation terroriste DAech par la société française Lafarge, au vu et au su des services de renseignement français.

Les documents révèlent que Lafarge a constamment informé les services de renseignement français de ses relations avec l’organisation terroriste Daech. Les services de renseignement et les institutions publiques françaises n’ont pas alerté Lafarge sur le caractère criminel de son financement du terrorisme et l’ont admis dans des procès-verbaux confidentiels. Daesh a utilisé le ciment de Lafarge pour construire des bunkers et des tunnels.

Dans le cadre de l’enquête ouverte contre l’entreprise en juin 2017, certains hauts responsables, dont le président de Lafarge Bruno Lafont, avaient été accusés de “financement du terrorisme”.

L’accusation de “complicité de crimes contre l’humanité” portée contre l’entreprise en juin 2018 a été abandonnée en novembre 2019.

Les parties civiles impliquées dans l’affaire, l’ONG Sherpa et le Centre européen pour les droits constitutionnels et les droits humains (Ecchr), se sont pourvues en cassation contre ce non-lieu.

Le 7 septembre 2021, la Cour de cassation a jugé acceptable l’inculpation de Lafarge pour “complicité de crimes contre l’humanité” pour avoir financé des terroristes de Daesh en Syrie.

Le 18 mai, la Cour d’appel de Paris a également approuvé l’ouverture d’une enquête pour “complicité de crimes contre l’humanité” à l’encontre de Lafarge, dont des documents obtenus par Anadolu prouvent le financement de l’organisation terroriste Daech en Syrie.

– La cimenterie Lafarge transformée en foyer d’organisations terroristes

Lafarge, l’un des plus grands cimentiers au monde, a poursuivi ses activités en Syrie malgré la guerre civile qui a débuté en mars 2011.

Lafarge a cessé ses activités fin 2014. Selon certaines révélations, le groupe a non seulement payé un “tribut” à Daech pour poursuivre ses activités dans la région de Jalabiya, mais s’est également approvisionné en matériaux et en mazout auprès de l’organisation.

En juillet 2015, la société a fusionné avec sa rivale suisse Holcim et a changé de nom.

Des soldats américains et français se sont installés dans une partie de la structure début 2015 et l’ont utilisée comme base pendant environ quatre ans et demi avant le lancement par la Türkiye, le 9 octobre 2019, de l’opération “Printemps de la paix” contre les organisations terroristes en Syrie.

– Lafarge condamné aux États-Unis pour soutien à Daech

Le 18 octobre, Lafarge a plaidé coupable d’avoir “soutenu Daech” et a accepté de payer une amende de 777,78 millions de dollars devant le tribunal fédéral de Brooklyn, à New York, aux États-Unis.

Cependant, “le soutien de Lafarge à Daech”, qui fait l’objet d’un débat public en France depuis 2016, est restée au stade de l’enquête malgré les nombreuses années qui se sont écoulées.

La justice française a été saisie de la question, mais certains y voient toujours une volonté d’étouffer l’affaire, en raison notamment de l’implication des services de renseignement français.

En dehors de la CEDH et de l’ONG Sherpa, qui sont parties civiles dans l’enquête en France, et de quelques personnalités de l’opposition, aucune déclaration publique n’a encore été faite sur l’affaire.

Agence Anadolu