France : Macron appelle le Rwanda à “retirer ses forces de la RDC”

Le Président français, Emmanuel Macron, a appelé le Rwanda à “retirer ses forces de la RDC” (République démocratique du Congo).

Lors d’une conférence de presse conjointe, ce mardi à l’Élysée, avec son homologue congolais Félix Tshisekedi, le locataire de l’Élysée a souligné qu'”il ne peut pas y avoir de double standard,” et que la France défend aussi l’intégrité territoriale en Afrique”, comme elle le fait en Europe, notamment pour l’Ukraine.

Dans son propos liminaire, Emmanuel Macron s’est d’abord “réjoui de l’intensification des investissements et échanges commerciaux” entre la France et la RDC. Il a aussi souligné son “engagement pour aller plus loin sur des grands projets d’infrastructure” dans le pays d’Afrique centrale.

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Par ailleurs, le chef d’État français a fait état des efforts de son pays pour la “création d’un mécanisme de traçabilité de tous les minerais” de la RDC.

Rappelant que la République démocratique du Congo est “le premier pays francophone au monde”, Emmanuel Macron a fait état de “500 millions d’euros”, engagés par la France en RDC depuis 2022 “en matières de santé, éducation et des sports”. Le Président français a ajouté que son pays “voit dans la RDC un partenaire clé du trésor de la biodiversité mondiale.”

Emmanuel Macron a ensuite signifié la volonté de la France de “défendre la consolidation de la souveraineté” de la RDC et a annoncé la visite prochaine de son ministre des Armées Sébastien Lecornu à Kinshasa. Regrettant que l'”est de la RDC souffre depuis trois décennies des interventions étrangères”, Macron a ajouté que “la France ne transigera pas” sur la souveraineté de la République démocratique du Congo.

“La France condamne fermement l’action de tous les groupes armés et particulièrement l’offensive du M23”, a-t-il souligné avant d’appeler ce groupe à “cesser” et à “se retirer” de la RDC.

“Le Rwanda doit cesser son soutien au M23 et retirer ses forces de la RDC”, a martelé le Président français.

Le Président de la République démocratique du Congo (RDC) Félix Tshisekedi effectue une visite officielle à Paris pour aborder des sujets cruciaux avec la France. À l’agenda, le conflit qui secoue l’est de la RDC et les relations tendues avec le Rwanda. Cette visite de deux jours (les 29 et 30 avril 2024) intervient après la visite d’Emmanuel Macron à Kinshasa en mars 2023, symbolisant une volonté de continuité dans les discussions bilatérales.

La Présidence congolaise a exprimé le souhait de “rendre la pareille” à la France, et d’approfondir les discussions entamées lors de la visite de Macron. Le conflit au Nord-Kivu, zone riche en minerais et théâtre d’affrontements depuis deux décennies, s’impose comme un enjeu majeur. Tshisekedi accuse ouvertement le Rwanda de perpétuer le conflit pour s’approprier les ressources minières, une situation qui a engendré plus d’un million de déplacés. Kigali réfute les accusations congolaises.

À Paris, Tshisekedi espère obtenir de la France, membre permanent du Conseil de sécurité des Nations unies, qu’elle avance des résolutions et promeuve des sanctions contre le Rwanda afin de mettre fin à son intervention supposée dans le conflit. Ce souhait se heurte toutefois à la complexité des relations franco-rwandaises. En effet, malgré les tensions historiques, notamment liées au génocide de 1994, Paris a entrepris de réchauffer les liens avec Kigali, reconnu comme un partenaire stratégique dans la région des Grands Lacs.

Le rôle ambigu de la France dans le génocide rwandais ajoute une couche de complexité à la diplomatie française. Le Quai d’Orsay a durci son discours récemment, marquant une préoccupation croissante concernant le rôle du Rwanda dans le conflit au Kivu, mais appelle toujours à une désescalade générale.

Cette visite de Tshisekedi se veut cruciale non seulement pour les relations bilatérales franco-congolaises, mais aussi pour le positionnement de la France face aux enjeux sécuritaires et économiques en Afrique centrale.

Agence Anadolu