Soudan : préoccupation internationale face au nouveau Conseil de souveraineté

Les pays de la “troïka”, l’Union européenne et la Suisse ont considéré, ce vendredi, l’annonce d’un nouveau Conseil de souveraineté au Soudan, comme étant une “mesure unilatérale” qui constituait une “violation” du document constitutionnel, et ont exprimé une “profonde préoccupation” à ce propos.

C’est ce qui ressort d’un communiqué commun, publié par l’ambassade des États-Unis au Soudan, sur son compte officiel Facebook.

Le communiqué a indiqué que : “les pays de la Troïka (Norvège, Royaume-Uni et États-Unis), l’Union européenne et la Suisse expriment leur vive préoccupation face à la prétendue déclaration d’un Conseil de souveraineté au Soudan, qui constitue une violation du document constitutionnel“.

Il a considéré que “cette mesure unilatérale, prise par l’armée, remet en cause son engagement à respecter le cadre de transition convenu (le document constitutionnel), qui prévoit la nomination des membres du Conseil de souveraineté par les forces de la liberté et du changement”.

Le communiqué ajoute que cela “compliquerait les efforts visant à relancer le processus de transition démocratique au Soudan, et est contraire aux aspirations du peuple soudanais et aux exigences de la stabilité politique et économique du pays“.

Il a aussi appelé à éviter toute nouvelle “mesure d’escalade”, au retour du Premier ministre Abdullah Hamdok et du gouvernement civil de transition, à la libération immédiate de tous les détenus, depuis le 25 octobre dernier, et à la levée de l’état d’urgence, pour permettre un véritable dialogue constructif.

Selon le même communiqué, “le soutien international dépend du succès du processus de transition politique, selon ce qui a été stipulé dans le document constitutionnel, signé en 2019, entre les composantes civile et militaire au Soudan”.

Il a également appelé les forces de l’ordre à “respecter les droits des citoyens à exprimer librement leurs opinions”.

Le commandant de l’armée soudanaise, Abdel Fattah al-Burhan a annoncé, dans la journée du jeudi, un décret constitutionnel pour former un nouveau Conseil de souveraineté de transition qu’il dirigerait lui-même, et a nommé Mohamed Hamdan Dogolo, “Hemedti“, en tant que son adjoint, ainsi que 11 autres membres, tout en reportant la nomination d’un représentant de la région du Soudan oriental, à un délai ultérieur, après la tenue de nouvelles consultations.

Depuis le 25 octobre dernier, le Soudan est sous le coup d’une grave crise, quand le chef de l’armée, Abdel Fattah al-Burhan, avait déclaré l’état d’urgence dans le pays, dissous le Conseil de souveraineté et le Conseil des ministres de transition, limogé des gouverneurs et arrêté des chefs de parti, des ministres ainsi que des responsables, ce qui a déclenché des mouvements de protestations qui s’opposent à ces mesures qu’ils considèrent comme étant un “coup d’État militaire“.

Avant l’application de ces mesures, le Soudan traversait, depuis le 21 août 2019, une période de transition de 53 mois qui devait se terminer par la tenue d’élections, au début de l’année 2024. Durant cette transition, le pouvoir était partagé entre l’armée, les forces civiles et les mouvements armés qui ont signé un accord de paix avec le gouvernement, en 2020.

* Traduit de l’arabe par Mounir Bennour.

Agence Anadolu