“On ne peut pas jurer sur la Constitution de respecter les valeurs démocratiques (…) et faire tout le contraire.” (Arnold Zongo)

Ceci est une tribune libre de Arnold Zongo.

Nous devons nous assumer.

Si demain, les Burkinabè et l’ensemble des forces vives de la nation décident, à travers un référendum, qu’on ne parlera plus d’élections jusqu’à la fin de la reconquête du territoire, eh bien, en tant que démocrate, nous respecterons ce choix.

Mais lorsque le Premier ministre et quelques autorités narguent ainsi les acquis démocratiques vigoureusement arrachés par la sueur et le sang de nos devanciers, cela pose problème. Vous ne pouvez donc pas demander à ceux-là qui ont lutté depuis des années pour une justice indépendante, le respect des droits de l’Homme, et contre toute forme de tyrannie, de se taire aujourd’hui au nom de la guerre.

Il y a des pays qui ont opté de façon souveraine de prôner : la démocratie, la monarchie, l’oligarchie, le totalitarisme, ou la dictature… Et personne n’en fait un problème, tant que la politique extérieure de ces pays ne menace pas la quiétude des autres. Singapour, par exemple, n’est pas une démocratie, mais il se porte très bien sur les plans économique et social. Alors, si tel est notre souhait, assumons nous en toute souveraineté à travers un référendum inclusif.

Les démocrates du Sahel ne sont pas de grands enfants que l’Occident manipule comme on tente de le faire croire. Ils demandent tout simplement aux autorités de respecter le serment pris devant le peuple et les institutions.

En ce qui concerne le Mali, les autorités de ce pays ont répété au moins une dizaine de fois à qui voulait l’entendre, que l’Etat tenait au respect des valeurs démocratiques. Le Ministre des Affaires étrangères malien a même dit haut et fort aux Nations Unies que le Mali aurait épousé les droits de l’Homme bien avant les Occidentaux, faisant ainsi allusion à la Charte du Mandé. Alors, pourquoi se plaindre quand les démocrates prennent au mot nos autorités?

Pour ce qui est du Burkina, et je le dis depuis 2014 : Notre véritable problème est que nous avons des régimes prompts à parler de démocratie lorsque des financements sont en jeu ou lorsque la situation tourne à leur avantage. On ne peut pas jurer sur la Constitution de respecter les valeurs démocratiques qui fondent notre Etat, et, une fois au pouvoir, faire tout le contraire. Il faut donc s’assumer librement.

Lorsque certains partisans du régime actuel nous disent que “tant que nous sommes en guerre, il n’y aura pas d’élections”, cela me fait penser à certains partisans du CDP qui disaient à l’époque : “tant qu’avec Blaise, nous avons la paix et la stabilité, il n’y aura pas d’alternance”.

Du coup, nous ne savons plus exactement quand est-ce qu’il faut parler d’élections ou de valeurs démocratiques. Car, dans l’un ou dans l’autre cas, les partisans trouveront toujours quelque chose à redire.

Une fois de plus, j’insiste : Nos autorités doivent ouvrir un dialogue franc et inclusif. Si nous parlons le même langage, eh bien, nous trouverons des solutions à cette crise socio-économique, et nous allons également barrer la route à tous les complots, qu’ils soient internes ou externes.

La parole est sacrée. Et un Homme s’assume toujours. C’est l’éducation que j’ai reçue. Je ne combats pas des régimes ; je défends juste des valeurs. Je pense l’avoir fait avec tous les regimes depuis au moins Blaise Compaoré.

Que la paix revienne au Faso, afin que les coeurs s’apaisent.

Arnold Zongo