Indignation au sein de l’opposition togolaise après l’adoption par le Parlement d’une nouvelle Constitution

Le mécontentement grandit au sein de l’opposition togolaise, 48 heures après l’adoption par les députés à l’Assemblée nationale, dans la nuit du 25 mars 2024, d’une nouvelle constitution pour le Togo privilégiant un régime totalement parlementaire au régime semi présidentiel consacré précédemment.

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Ce mercredi 27 mars 2024, le Front Citoyen Togo Debout (FCTD) et quatre importants partis de l’opposition togolaise extra-parlementaire ont rencontré la presse pour faire part de leur indignation face à un changement de la Constitution togolaise sans aucune consultation de la population et en « violation de la Constitution togolaise » elle-même.

Ces quatre partis de l’opposition togolaise sont l’Alliance Nationale pour la Changement-ANC de Jean Pierre Fabre, ancien chef de file de l’opposition et actuel maire du Golfe 4 (une partie de Lomé la capitale), le Pacte Socialiste pour le Renouveau (PSR), les Forces Démocratiques pour la République (FDR) et l’Alliance des Démocrates pour le Développement Intégral (ADDI).

La conférence de presse empêchée trois fois de suite dans la journée, à trois endroits différents, par l’intervention des forces de l’ordre, a finalement eu lieu tranquillement au siège de l’Alliance Nationale pour le Changement sans être dérangée.

Dans une liminaire lue par Prof Komi Wolou, enseignant de droit à l’Université de Lomé et Président du PSR, les opposants au changement constitutionnel intervenu estiment que « non seulement l’Assemblée nationale dont le mandat a pris fin, ne peut procéder à une révision constitutionnelle, s’agissant d’une nouvelle Constitution, le recours au référendum était nécessaire conformément aux dispositions constitutionnelles en vigueur ».

Pour eux, il y a manifestement une « violation délibérée et provocatrice des articles 52 et 59 alinéas 1 et 2 de la Constitution togolaise. Ils dénoncent « une répugnante démarche » qui, d’après eux, constitue une atteinte à « l’éthique indispensable à la vie publique et fragilise une fois encore les exigences d’un vivre ensemble harmonieux ».

Les signataires, tout en condamnant l’adoption de cette nouvelle constitution, se sont engagés devant la presse « à résister » à ce qu’ils ont appelé « un coup de force contre la Constitution et le peuple togolais ». Ils ont enfin appelé le peuple à une mobilisation pour faire échec à la volonté des 89 députés sur 91 qui ont voté pour cette loi constitutionnelle.

– “Un coup d’Etat constitutionnel”

« En dehors du coup d’Etat constitutionnel de 2005, c’est à nouveau un coup d’Etat constitutionnel que vient d’opérer le régime en place », a confié à Anadolu en marge de cette conférence, Prof. David Dosseh, coordonnateur du Front Citoyen Togo Debout.

« Et ça, nous n’allons pas l’accepter. Ils ont décidé de nous empêcher de nous exprimer. C’est totalement inacceptable. Nous allons demander à la communauté internationale de prendre ses responsabilités. Nous allons prendre les nôtres pour faire barrage à ce coup d’Etat constitutionnel », a ajouté David Dosseh.

Il a appelé les autres partis politiques à les rejoindre dans cette entreprise.

Bien avant eux, c’est la conférence des évêques du Togo qui a été d’ailleurs la première à réagir après le vote par l’assemblée de la nouvelle loi constitutionnelle, jugeant inopportune cette initiative.

Elle a dénoncé « l’absence d’une large consultation et d’un débat national plus inclusif » autour de cette initiative parlementaire, appelant en conséquence, le Président togolais Faure Gnassingbé à ne pas promulguer cette loi.

« Nous, Evêques catholiques du Togo, venons par la présente déclaration exhorter le Chef de l’Etat à surseoir la promulgation de la nouvelle Constitution et à engager un dialogue politique inclusif, après les résultats des prochaines élections législatives et régionales », ont il écrit.

Pour rappel, le mandat des députés actuels est arrivé à expiration depuis fin 2023 et sont actuellement en train d’évacuer les affaires courantes. De nouvelles élections législatives et régionales sont prévues le 20 avril 2024 prochain sur l’ensemble du territoire national.

Agence Anadolu