Disparition de Hamback : danses macabres autour de la succession de OUATTARA

Tel dans un rêve, le Golden Boy  Hamed BAKAYOKO a définitivement passé l’arme à gauche. La mort de cet homme de consensus a paradoxalement créé la polémique. Des polémiques sur les prétendues véritables causes de sa mort, des polémiques sur l’impact politique de sa disparition. Hamback, l’homme du peuple, adulé et dont le mythe repose sur son accessibilité et sa générosité hors pair, laisse derrière lui tout un mystère.

Les thèses complotistes ont commencé à germer et à fleurir dès la maladie du premier ministre ivoirien. Il aurait été empoisonné et souffrirait d’un cancer, disait l’activiste masqué Chris YAPI. Les théories et les thèses se sont ensuite foisonnées, se contredisant parfois. Quand certains accusent le président Alassane OUATTARA d’avoir tué son « fils » Hamed BAKAYOKO, d’autres pointent du doigt son frère Brahima dit Photocopie. D’autres encore désignent comme coupable l’ancien Président de l’Assemblée nationale, Guillaume SORO, entré en disgrâce avec le régime.

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Mais il y a aussi une bonne partie de l’opinion qui a préféré accepter les choses, se confier aux sources officielles, et s’en remettre à Dieu.

Au fond, c’est une effroyable guerre de communication qui se mène sur la succession de OUATTARA.

La thèse de l’empoisonnement de BAKAYOKO, que même son ami Marwane Ben YAHMED n’écartait pas, est sérieuse. La rapidité avec laquelle la maladie s’est développée intriguerait une partie de l’opinion. Mais si tel est le cas, qui aurait intérêt à tuer Hamback ? Son père Alassane OUATTARA ? Ce serait absurde. Pour quelle raison le président ivoirien démolirait-il ainsi un homme loyal qu’il a pris des décennies à bâtir ? Encore qu’il n’était ni obligé de le nommer à tous ces postes stratégiques, ni de le protéger quand il avait des ennuis.

Qui donc ? Des caciques du régime? C’est une thèse qui peut tenir. Les guerres de succession sont en effet fratricides et sans pitié. BAKAYOKO s’étant présenté comme un rassembleur, charismatique et homme de réseau, il pouvait représenter une menace pour ceux qui lorgnaient le doux fauteuil présidentiel.

Dans un registre proche, l’accusation contre le clan de Guillaume SORO peut-elle être fondée ?  Non ! Ce serait donner trop de pouvoir à l’ex président de l’Assemblée nationale. Un pouvoir d’infiltrer les renseignements et le sérail, et de commettre des crimes d’Etat. Et pour quel intérêt le ferait-il ? Les enquêteurs aiment à poser la question magique : « A qui profite le crime ? ». Si crime ce fut, ce ne serait pas en faveur de SORO et Cie.

Mais tout ceci n’est que supputations. Hamed BAKAYOKO fut un homme en chair et en os, qui pouvait tomber malade et, malheureusement, décéder à tout moment. Sa mort peut être bel et bien naturelle.

Par contre, il y a toute une manipulation communicationnelle autour de cet événement. L’hypothèse la plus plausible est qu’un groupe politique possède un certain nombre d’informations à travers un réseau bien huilé. Ce groupe sait greffer du mensonge sur une petite portion de vérité, pour la présenter à une communauté d’internautes friande de confidences.

Le dessein pourrait bien être la création d’un climat de méfiance au sommet de l’Etat, ce qui conduirait à une division inéluctable du système. Et quelqu’un en profiterait pour régner. Mais qui ? Pour le savoir, posons-nous à nouveau la question magique : « A qui profite le crime ? »

Tout cela est bien triste et malsain. La Côte d’Ivoire, qui garde les stigmates de la longue guerre civile, n’a pas besoin d’une autre guerre, fut-elle froide. L’heure devrait être à la réconciliation sincère entre les Ivoiriens, et à la préparation d’une relève politique qui poursuivrait la construction du pays de HOUPHOUET-BOIGNY. 

La Rédaction