Coup d’Etat en Birmanie : trois leçons pour pays en crise

Aung San Suu Kyi, la numéro 1 du gouvernement birman, a été arrêté par la  junte militaire ce 1er février à l’aube. Retour à la case départ pour cette icône de la lutte non-violente qui a longtemps milité pour une transition démocratique dans ce pays de 56 millions d’âmes. Par sa chute, « la Dame de Rangoun », célébrée dans son pays et vomie à l’international, libère trois leçons politiques pour les pays en crise.

Aung San Suu Kyi est un personnage qui a évolué sous plusieurs versions aux yeux de la « communauté internationale ». La fille du père des indépendances, la martyre, l’espoir d’une démocratie, et récemment, la complice des génocidaires.

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La toute première leçon de la chute de Suu Kyi, c’est que les compromissions avec les armées ne garantissent pas une vraie stabilité politique. La Dame de Rangoun a tout sacrifié, jusqu’à son image planétaire, ses relations, et même sa philosophie ghandiste, pour ne pas provoquer le courroux des militaires qui tiennent le pays d’une main de fer depuis un demi-siècle. Ces militaires lui ont pourtant tout pris : sa liberté de trente bonnes années, sa santé, son droit de se présenter à la présidentielle parce qu’elle s’est mariée à un étranger,…

Le visage le plus hideux de cette compromission avec les militaires, c’est le silence de la martyre des années 90 face au génocide contre la minorité musulmane Rohigyas. Suu Kyi ne s’est pas contentée de se taire. Elle est allée jusqu’à défendre la junte, et minimiser le nettoyage ethnique contre cette ethnie.  Si fait que tous les prix à elle remis ont été retirés : le Nobel de la paix, le prix Shakarov, la médaille du Congrès américain et la Légion d’honneur française. Deuxième leçon dans cette crise birmane : les cris des minorités ne doivent pas être ignorés. L’histoire des génocides et des autres grandes injustices montre que les coupables et les complices payent toujours le prix fort. Aucune portion de la population, aussi minoritaire soit-elle, ne doit être sacrifiée sur l’hôtel de la stabilité et d’accords tacites au sommet de l’Etat.

Aung San Suu Kyi a aussi commis la grave erreur de suivre les désirs de la majorité de son peuple, y compris ceux les plus cruels, sans chercher à changer les choses. Or, Martin Luther KING et le Mahatma GHANDI, dont elle dit s’inspirer, ont consenti le sacrifice suprême pour changer la manière de voir, de faire et de vivre de leurs peuples.

Tentant de se défendre des médias occidentaux qui l’accusaient pour son silence face au massacre des Rohingyas, la dame de Rangoun a simplement rappelé qu’elle était une politicienne et non une philanthrope.

Voilà qui est assez clair, de la part d’une nationaliste de naissance! Et, troisième leçon du putsch de Myanmar : c’est suicidaire pour des dirigeants d’un pays en crise de suivre leurs peuples à la trace. Il leur faut, à un certain moment, conduire ce peuple sur des chemins plus justes, sensés l’emmener à la « terre promise ».