VIH/Sida : un troisième patient est guéri, d’après une étude qui donne de l’espoir

L’Institut Pasteur a annoncé ce lundi 20 février qu’un patient, qui vivait avec le sida, est désormais guéri, après une greffe de moelle osseuse. Cette thérapie n’est pas généralisable à tous les malades, mais ouvre des voies.

Depuis le début de l’épidémie en 1983, seuls deux patients sont complètement guéris du Sida. Un troisième patient est en voie de guérison, annonce le consortium européen IciStem, qui réunit des instituts de recherche et des universités, dont l’Institut Pasteur. Aujourd’hui, les malades du Sida – 38,4 millions personnes dans le monde – peuvent vivre normalement. Leur infection est contrôlée grâce à plusieurs médicaments, des antirétroviraux, et le virus ne se multiplie plus dans l’organisme, même s’il y reste.

Aucune trace du virus

Ce n’est plus le cas pour ce patient de 53 ans, désormais en bonne santé, qui n’a plus aucune trace du virus, selon IciStem. Hospitalisé à Düsseldorf (Allemagne) il vivait depuis 2008 avec la maladie. En 2013, il avait reçu une greffe de moelle osseuse pour traiter une leucémie. Les médecins ont fait appel à un donneur qui a une mutation génétique particulière. Cette mutation, portée naturellement par moins de 1 % de la population mondiale, empêche le virus du Sida d’entrer dans les cellules. Elle protège de l’infection.

Faire disparaître les cellules infectées

« Lors d’une greffe de moelle osseuse, les cellules immunitaires du patient sont remplacées par celles du donneur, explique Asier Sáez-Cirión, responsable de l’unité Réservoirs viraux et contrôle immunitaire à l’Institut Pasteur, et co-auteur de l’étude. Cela fait disparaître la majorité des cellules infectées ». Cinq ans après la greffe de celui qu’on surnomme le patient de Düsseldorf, le virus n’était plus détecté dans son organisme. Son traitement anti-VIH est alors suspendu.

Aujourd’hui il n’a plus de réservoir viral, ni dans le sang, ni ailleurs dans son organisme. « Nous n’avons pas la capacité d’analyser tous ses tissus et toutes ces cellules, nuance Asier Sáez-Cirión, qui dirige de l’unité Réservoirs viraux et contrôle immunitaire à l’Institut Pasteur. Nous ne pouvons donc jamais prouver formellement une guérison ».

Cette méthode, qui comporte des risques et parfois des complications, n’est pas adaptée à tous. La greffe de moelle osseuse s’applique aux personnes souffrant d’un cancer. Mais cette découverte, publiée aujourd’hui dans la revue Nature Medicine, est une avancée qui ouvre des perspectives pour les chercheurs et les médecins. « Dans certaines conditions et pour certaines personnes, nous avons une approche thérapeutique reproductible, qui permet la guérison, résume Asier Sáez-Cirión. Cela nous donne l’espoir d’approches applicables à plus grande échelle, pour guérir dans le futur l’immense majorité des personnes vivant avec le VIH ». Aujourd’hui, le traitement antirétroviral reste le meilleur traitement.

Avec Ouest France