Tournées, albums, livre : Afrikan’da prépare des merveilles

Afrikan’da, qui signifie « la voix de l’Afrique », est un groupe de slam burkinabè basé à Bobo-Dioulasso, et composé de quatre artistes, dont un musicien. Au départ un groupe d’artistes-rappeurs, Afrikan’da a glissé avec succès vers le slam. Pour mieux faire découvrir ce groupe et ses projets aux lecteurs, ACTUALITE.BF a tendu le micro à Moulay Rachid et à Boni Tetemi Essaie, deux du quatuor. C’était ce dimanche 31 janvier 2021 dans leur hôtel à Ouagadougou.

Moulay et Boni lors de l’entrevue


Connus du public à partir de 2005 comme des rappeurs, ce n’est qu’en 2007 que les membres d’Afrikan’da se convertissent au slam. Eux, c’est Traoré Sah Aboubacar, Sissoko Moustapha, Moulay Rachid et Boni Tetemi Essaie. Chemin faisant, en 2009, nos slameurs ont décidé de réunir les slameurs de Bobo dans le but de créer un collectif d’une vingtaine de slameurs. En 2012, trois d’entre eux se sont retirés du groupe pour créer Afrikan’da. Quelques temps après, ils sont rejoints par le musicien Sissoko.
Du rap au slam, comment la transition s’est-elle passée ?
Pour Moulay Rachid, c’est facile pour un rappeur de devenir slameur et vice-versa. Il faut être dans un tempo bien précis, avec les tonalités de la voix et la musique, pour pouvoir faire une concordance et ressortir une symbiose parfaite. Foi de notre interlocuteur, le slam, c’est la base de la parole, c’est la prose. Et d’ajouter : « Nous on se réfère aux griots . Notre slam vient du Mandé. Le griot se fait parfois accompagné de Tam-Tam. Ce n’est pas réellement de la musique comme le rap, mais le slam part avec toute sorte de musique. »

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Le groupe a fait sortir son premier album de de dix titres en 2014. En 2016, il a fait sortir un single, puis en 2017 un autre sigle de quatre titres. En décembre dernier, Afrikan’da a révélé aux mélomanes son deuxième album intitulé «Akililkan» (la voie de la sagesse).
Afrikan’da organise des compétitions culturelles. Il s’agit principalement de « Eloquent Slam Eveil », un festival qui regroupe les scolaires et les universitaires, et qui se déroule chaque année pendant quatre mois. Objectif visé : donner une autre allure au slam africain. Le champion de ce festival est justement présenté à la Coupe d’Afrique du Slam. La première édition a sacré le slameur Nathanaël grand lauréat, ce qui lui a valu son ticket pour représenter le Burkina Faso à la Coupe d’Afrique du Slam.
Actuellement, le groupe se bat pour assurer la communication de l’album « Akilikan». C’est dans le cadre d’une campagne de communication que le groupe séjournait à Ouagadougou. Pour booster cette communication, l’album a été mis sur plus de cent cinquante plateformes de vente, et sur les réseaux sociaux comme Facebook, Instagram et YouTube.
Au départ, il fallait se battre pour que le slam soit reconnu comme un art à part entière, confie Boni. Une lutte qui a abouti, selon lui.

Clip origine Afrique


Afrikan’da évolue en autoproduction. Confrontés parfois à des difficultés de financement, ses membres font recours à d’autres sources de revenus pour produire les œuvres.
Bientôt, Afrikan’da sera auteur d’un livre. Un recueil de textes qui verra jour probablement cette année.
En attendant, en mars prochain, le groupe participera à un festival à Bamako, puis effectuera une tournée en France. Après cela, ils comptent se concentrer sur l’organisation de l’édition 2021 du festival de slam.
Pour Boni et Moulay, le slam a de beaux jours devant lui, parce qu’il est un style qui s’adapte à tout genre musical. En guise d’illustration, dans l’album « Akilikan », Afrikan’da slame sur du reggae et de musique mandingue.
Bobo-Dioulasso est une ville déjà acquise pour Afrikan’da, assurent nos deux visiteurs. Mais ce n’est pas pour autant qu’ils baiseront la garde. « Nous rendons grâce à Dieu parce que notre situation s’est améliorée. En 2009 ce n’était pas du tout facile par ce que nous n’avions pas d’album », affirme Moulay.
Quels secrets Afrikan’da partage-t-il avec les jeunes qui souhaitent emprunter ses pas ? « La lecture et le courage », souffle Boni. Il ajoute qu’il leur faut aimer beaucoup le slam et les mots : « Sans l’amour de la chose, ça sera très compliqué. »