Kayawoto : le « Maouland Naaba » étend son empire

Révélé à travers la compilation Sang-neuf, produit par Propulsion productions et lancé en 2018, Kayawoto est un artiste-rappeur qui se mandate en tant que phare et balise de la nouvelle génération du rap burkinabè et africain. Pour le lancement de son premier album de 14 titres, l’artiste a invité ses fans (les Maoulandais) et les hommes de médias à une conférence de presse ce  vendredi 26 février au CENASA. Le « Roi de Maouland », comme se surnomme Kayawoto lui-même, vient de signer l’extension de son empire.

Kayawoto (milieu) lors de la présentation

De son vrai nom Abdoul KABORE, Kayawoto use du Mooré avec dextérité pour transmettre ce qu’il sait, voit et désire. Son style de rap, qui se veut populaire, imprime sa puissance sur les jeunes, et même les moins jeunes. Une habilité qui a sorti sa voix de son ”ghetto” de Tanghin pour lui permettre de conquérir le cœur des mélomanes au Burkina et au-delà des frontières. Le clip de sa première chanson « Tabi Yonsé », sorti en février 2019, s’est hissé parmi les hit-parades nationaux et internationaux. Le clip-vidéo de la chanson s’est en effet retrouvé dans le top 10 des chansons les plus prisées sur TRACE TV.

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L’artiste propose à ses mélomanes un nouvel album de 14 titres, dont ”Vinoogo” (la Belle vie). Pourquoi ce titre? <<Nous avons trop souffert. Alors, il est temps de profiter du fruit de nos efforts>>, se justifie Kayawoto.

Kayawoto s’exprime au sortir de la dédicace de son album

Le deuxième titre de l’album, c’est « Beeba », qui veut dire « ennemis ». Pour Kayawoto, toute personne qui n’a pas d’ennemis n’a pas d’ambitions. A propos, il se réfère à son devancier Zougnanzagamda, qui avait déjà abordé la question. « Femme battante » est le troisième titre de l’album, conçu par l’artiste pour rendre hommage à sa mère et à toutes ces femmes qui se battent nuit et jour pour subvenir aux besoins de leurs familles.

Kayawoto est entré en featuring avec Floby pour le quatrième son intitulé « Akamiyé » (Il ignore). Le titre « Rakanra biiga », qui a donné plus de popularité à l’artiste, figure en cinquième place dans l’album.

Dans le sixième titre, Kayawoto aborde la question du mariage, « Fouri ». Il y dénonce le fait que des jeunes refusent de se marier parce que le mariage coûterait cher.

« Foyinga » (Pour toi), est le septième titre. En plein milieu d’album, Kayawoto rend hommage à sa fiancée. Le titre « Wagdré » qui veut dire « le Voleur »,  est une réponse de l’enfant de Pouytenga aux détracteurs qui épiloguent sur sa réussite, et qui n’étaient pas témoins des moments difficiles qu’il a traversés. Alors, à la question des détracteurs de savoir quel métier lui donne l’argent, il répond par ce titre, d’un air moqueur : «  le métier de voleur ».  

Le neuvième titre est intitulé « Toongo », c’est à dire « le Pouvoir d’achat». « Talga Biiga » (Le fils du pauvre) est un feat avec Mister Wens, pour encourager les Maoulandais à garder espoir. <<On peut partir de rien et réussir>>, rassure Kayawoto.

Le rappeur aborde les réalités de la capitale burkinabè dans son dixième titre « Tabi yonsé ». Il ne perd pas de vue une partie de ses fans avec le son « Péélé » : ces commerçants ambulants qui parcourent les rues de Ouagadougou sous le soleil et la pluie.

Pour rapprocher les deux générations du rap burkinabè, l’artiste est entré en studio avec son devancier Smockey, pour sortir le son « Ayo » qui veut dire « Non ».

Le dernier son de l’album, « Jeunna » (Le jeune), rend hommage à la jeunesse burkinabè qui se bat pour gagner son pain quotidien.

Le CD du nouvel album coûte 5000 Francs CFA, et est disponible auprès du staff de Kayawoto, dans les supers-marchés, dans les discothèques, et auprès de commerçants. Le premier CD a été acheté à 90.000 Francs CFA lors de la conférence de presse.

En rappel, Kayawoto, avec son titre « Rakanra biiga », a reçu le trophée de l’artiste ayant effectué le plus de tournées nationales au cours de l’année 2020.

Souleymane ZOETGNANDE, ACTUALITE.BF

Encadré

Né en 1995 en Côte d’Ivoire, Kayawoto foule pour la première fois le sol burkinabè en 2001. Sa vie prend une autre tournure après le divorce de ses parents. L’enfant de Pouytenga est contraint d’abandonner l’école en classe de CE1, et rentre définitivement au pays avec  sa mère en 2008. Les difficultés quotidiennes l’amènent très tôt à se jeter à l’aventure. Il fait le Togo et le Ghana, et s’adonne à des activités diverses : l’orpaillage, la restauration, la mécanique automobile, etc. Jusqu’à ce que la voie de la musique s’ouvre à lui. Aujourd’hui, Kayawoto se dit fier de son parcours, et ne pense pas s’arrêter en si bon chemin.

S. Z.

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