L’Ordre des Architectes du Burkina (OAB) a procédé à l’élection de ses nouveaux dirigeants lors de son assemblée générale ordinaire tenue ce 14 mai 2021. Cette élection marquera un changement à la tête de l’Ordre. En effet, le président sortant cédera le fauteuil après quatre années passées à la tête de l’organisation.
Nous avons justement tendu notre micro à celui qui a tenu le flambeau jusque-là. Avec Francis Fabien OUÉDRAOGO, nous avons évoqué le déroulement des élections et son bilan à la tête de l’OAB. Même s’il ne peut pas dévoiler la liste des élus parce que les textes ne le permettent pas, M. OUEDRAOGO parle de bilan et de perspectives. D’un ton modéré et humble, il s’en tient à ces deux grands sujets.
ACTUALITE BF : Comment s’est passée l’Assemblée générale de l’Ordre des Architectes qui a eu lieu le 14 mai dernier ?
Francis OUEDRAOGO (F.O.) : Merci pour l’occasion que vous nous donnez de parler de cet aspect qui est très important dans la vie de notre organisation professionnelle! Nous avons effectivement tenu le 14 mai passé, notre assemblée générale ordinaire, qui a permis de présenter à l’ensemble des architectes, le bilan moral et financier du Conseil sortant, et de procéder à l’élection d’un nouveau bureau. L’Assemblée générale a commencé aux environs de 19 heures, pour s’achever aux alentours de minuit avec l’élection du nouveau bureau.
ACTUALITE.BF : Vous avez tantôt parlé de bilan. A propos, quelles sont les actions majeures que vous avez menées à la tête de l’Ordre ?
F.O. : J’ai eu l’honneur et la chance de diriger cette organisation pendant deux mandats, de 2017 à 2019, puis de 2019 à 2021. Ce fut quatre années intenses, de don de soi et de sacrifices. Globalement, nous avons permis de rehausser l’image que peut avoir l’architecture vis à vis de la population; de faire parler du métier qui n’est pas très connu du grand public, et qui est assimilé à pas mal d’autres professions. Nous avons, au cours de ces quatre années, mené pas mal d’activités qui ont contribué à faire la promotion du métier d’architecte. On peut citer en exemple, la Semaine de l’Architecte que nous avons organisée deux fois, en 2019 et en 2021. Nous avons des affichages et un magazine en ligne que nous éditons. Il y a aussi le monument de l’Architecte et la Place de l’Architecte que nous avons inaugurés cette année. Il y a pas mal de choses qui ont contribué à faire parler du métier. De toute façon, il appartient aux nouveaux dirigeants d’améliorer les idées, de les approfondir et d’aller sur d’autres axes pour donner plus de visibilité à notre métier.
ACTUALITE BF : L’alternance était au coeur de ces élections. Est-ce qu’elle a eu lieu finalement ? Si oui, qu’est-ce qu’elle peut apporter à l’Ordre des Architectes ?
F.O. : Nos textes sont assez clairs par rapport au nombre de mandats que peut faire un membre du Conseil. Il est clairement écrit : « Les membres du Conseil sont élus pour deux ans. Aucun membre du Conseil ne peut faire plus de deux mandats consécutifs». Ça veut dire, par exemple, que moi, président, au bout de deux mandats consécutifs, je ne peux pas me présenter pour la présidence ou pour un autre poste. C’était là, la nuance. Car, il y a eu des précédents où des gens ont fait plusieurs mandats sans que cela ne cause un problème particulier. Mais peut-être que les enjeux étaient tels que la relecture de nos différents documents ont permis de régler ce cas. L’Assemblée devait statuer sur un candidat qui avait fait deux mandats de suite, alors que les candidatures étaient déjà envoyées. Et elle a décidé que ces personnes ne pouvaient pas se représenter. Nous avons donc fait les élections avec ceux qui étaient éligibles. La commission qui statue sur la question, ce n’est plus le Conseil. Vous faites d’abord votre bilan, et le bilan est amendé et validé par l’ensemble des membres. C’est par la suite que vous mettez en place une commission qui dirige les élections. Cette commission est composée d’architectes qui sont choisis dans la salle, et qui procèdent à l’organisation des élections.
ACTUALITE BF : On peut donc dire que ces élections seront acceptées par tous ?
F.O. : Je pense qu’il ne devrait pas y avoir de problèmes. Parce que, de mémoire d’architecte et membre de l’OAB, c’est l’élection qui a connu le plus fort taux de participation : 138 votants. C’est vrai que nous sommes 230, mais les assemblées générales connaissent habituellement 60 à 70 participants. C’est donc un record. Ça montre justement l’intérêt que chacun montre pour le choix de ceux qui vont présider à la destinée de l’Ordre au cours des deux années à venir. Ça s’est fait devant tout le monde. Tout le monde a accepté les règles du processus. Je pense qu’il ne doit pas y avoir de problèmes particuliers. Nous devons, les dix jours après les élections, communiquer les résultats à notre ministère de tutelle. Nous avons 15 jours pour faire notre passation. Il y a des procédures qu’il faut respecter, mais très rapidement, nous allons entrer dans le vif de l’action pour permettre aux nouveaux membres du bureau d’imprimer leur marque.
ACTUALITE BF : quels pourraient être les grands défis à relever pour le bureau entrant ?
F.O. : C’est plutôt au bureau entrant qu’il faut poser la question. Je pense que tous ceux qui ont aspiré à la présidence avaient un programme d’activités ou, plus ou moins, les grandes lignes de ce qu’ils vont mener comme actions. Personnellement, je suggère qu’ils s’attaquent très rapidement à l’adoption des textes, notamment la loi sur la profession de l’Architecte qui est dans les couloirs depuis plusieurs années, et qui peine à sortir. Ça permettrait d’avoir un cadre réglementaire légal dans l’exercice de la fonction, et aussi, de placer l’Architecte au cœur de la chaîne de construction. Il y a pas mal de choses qu’il faut revoir. Nos quatre ans n’étaient pas parfaits. Il y a des choses qu’on n’a pas pu mener à terme. Il faut que ce conseil réussisse là où nous avons échoué, et qu’il excelle là où nous avons réussi.
Interview réalisée par Nabi BAYALA