Volet international du procès Sankara : les avocats des victimes veulent aller jusqu’au bout

Au lendemain du verdict du procès Thomas Sankara, les avocats de la famille Sankara ont organisé une conférence de presse ce jeudi 07 mars 2022 au Centre Cardinal Paul Zoungrana de Ouagadougou. En présence de Mariam Sankara, la veuve de Thomas Sankara, le point de presse a été animé principalement par Maîtres Bénéwendé Stanislas Sankara et Prosper Farama. La communication s’est axée sur le volet international du procès, la situation de l’ex-président Blaise Compaoré, condamné par contumace, et la question des dommages et intérêts civils.

35 ans après l’assassinat de Thomas Sankara, la justice a finalement été rendue ce mercredi 06 avril. Pour ce qui est du volet international du dossier, la partie civile a des attentes. Maître Sankara rappelle à cet effet que le juge d’instruction a rendu une ordonnance de renvoi à deux volets, ce qui permet aux dossiers portant sur les différentes complicités à l’international de pouvoir survivre à la procédure, qui s’achemine vers son dénouement.

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«  Nous avons la possibilité de faire actionner à nouveau la justice. Nous irons jusqu’au bout, car la manifestation de la vérité doit être intégrale », a-t-il expliqué.

En ce qui concerne la situation de Blaise Compaoré, Maître Sankara pense que la question de l’extradition est fonction des accords entre le Burkina et la Côte d’Ivoire. Pour lui, la Côte d’Ivoire n’extrade pas ses nationaux, et « c’est le prétexte trouvé pour cautionner l’impunité ». Le collectif des avocats interpellle ainsi les Etats concernés sur l’exécution de la décision de justice.

Maître Prosper Farama, quant à lui, pense que ce n’est pas une lutte des avocats ou de la famille. « C’est celle de l’Etat burkinabè, du peuple burkinabè. Il ne serait pas aussi juste, à l’endroit des autres détenus, qui n’ont pas fui et qui ont été condamnés », a-t-il ajouté.

Le verdict du procès Thomas Sankara intervient dans un contexte où la réconciliation nationale est prônée par beaucoup de Burkinabè. Pour le Collectif des avocats de la famille Sankara, si ce procès est un pas vers la vérité et la justice, alors c’est aussi un pas pour la réconciliation nationale. Cependant, le collectif ne s’attend pas à une quelconque grâce aux détenus. D’ailleurs, selon Maître Sankara, c’est une mesure politique et non judiciaire. « Une grâce présidentielle doit tenir compte de la volonté du peuple, sinon ça risque d’entraîner d’autres problèmes. Tout doit être fait dans les règles de l’art. Ce sont des citoyens comme tous les autres, et les conditions qu’on utilise pour gracier le dernier des Burkinabè, ce sont les mêmes conditions qu’on doit appliquer à Blaise Compaoré et à Gilbert Dienderé», a martelé Maître Farama.

Pour ce qui est des dommages et intérêts civils, le débat se poursuit. Et, selon le collectif, le dossier est renvoyé au 13 avril 2022.
« L’Etat burkinabè a été cité comme civilement responsable. On condamne les accusés à payer, mais on appelle l’Etat à garantir », détaille Maître Farama.

En ce qui concerne les honoraires, pour Maître Farama, la partie qui a perdu le procès est celle qui paie les honoraires de l’autre partie. « On a travaillé depuis des années, c’est un choix. Mais si la loi dit qu’on peut leur faire payer, on leur fera payer », a affirmé l’avocat Prosper Farama.

Djamila Kambou