Violences au Soudan : Séquestration et assassinat du gouverneur du Darfour occidental

Le gouverneur du Darfour occidental, Khamis Abdallah Abkar, a été tué peu de temps après avoir accusé le groupe paramilitaire des Forces de soutien rapide (FSR) d’être à l’origine des violences qui secouent l’État.

Des vidéos diffusées en ligne montrent un groupe d’hommes armés détenant Abkar. D’autres vidéos montrent le gouverneur à terre, blessé au cou et au visage.

Sa mort est survenue peu de temps après une interview dans laquelle il avait accusé les FSR d’être à l’origine d’une vague de meurtres et de pillages à Geneina, chef-lieu du Darfour occidental.

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L’armée soudanaise a accusé les FSR d’avoir enlevé et assassiné le gouverneur.

“Ce comportement monstrueux ajoute un nouveau chapitre aux crimes barbares qu’ils (FSR) ont fait subir au peuple soudanais, témoin de crimes sans précédent dans l’histoire du pays”, a dénoncé l’armée, affirmant que le gouverneur tué n’avait aucun lien avec le conflit actuel entre l’armée et les FSR.

Le groupe paramilitaire a toutefois nié toute responsabilité dans la mort du gouverneur. Les FSR accusant l’armée “d’être impliquée dans le déclenchement de la guerre tribale dans l’État et d’alimenter les combats en armant les tribus, ce qui a conduit à l’escalade de la crise”.

Les FSR ont appelé à la formation d’une commission d’enquête indépendante pour se pencher sur les violences au Darfour occidental.

Le mouvement rebelle pour la justice et l’égalité a quant à lui condamné l’assassinat du gouverneur, le qualifiant de “développement grave”.

Cet assassinat est “une continuation des graves violations qui ont été commises dans la ville de Geneina”, est-il ajouté dans un communiqué.

Le mouvement de l’Armée de libération du Soudan a également dénoncé l’assassinat du gouverneur comme “un crime odieux qui ne correspond pas aux valeurs et à la morale du peuple soudanais”, appelant à l’ouverture d’une enquête sur la mort du gouverneur.

La ville de Geneina a été le théâtre d’une vague de pillages au cours des dernières semaines, qui a fait des centaines de morts et de blessés.

Les Nations unies ont déclaré, mercredi, que l’escalade des attaques au Darfour pourrait être qualifiée de “crimes contre l’humanité”.

Le Soudan est ravagé par des affrontements entre l’armée et les FSR depuis la mi-avril. Près de 1 000 civils ont été tués et des milliers d’autres blessés dans ces violences, selon des médecins locaux.

Selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), le conflit qui sévit actuellement au Soudan a provoqué le déplacement de plus de 2,2 millions de personnes.

Un désaccord s’était installé ces derniers mois entre les deux rivaux militaires au sujet de l’intégration des FSR dans les forces armées – une condition essentielle de l’accord de transition conclu entre l’armée soudanaise et les différents acteurs politiques du pays.

Le Soudan n’a plus de gouvernement depuis l’automne 2021, quand les militaires ont destitué le gouvernement de transition du premier ministre Abdalla Hamdok et décrété l’état d’urgence, ce que les forces politiques du pays ont qualifié de “coup d’État”.

La période de transition, qui a débuté en août 2019 après l’éviction du président Omar el-Béchir, était censée aboutir à des élections au début de l’année 2024.

Agence Anadolu