[Tribune] Transition au Burkina : un citoyen propose un schéma de gouvernance « pratique »

Ceci est une tribune libre du citoyen Abdoul Aziz Kafando.

ALLER VITE ET BIEN, l’équation redoutable de la transition MPSR II

La question des forces vives de la nation dans la transition MPSR II


Attention à ne pas se tromper collectivement et démocratiquement sur ce qu’il faut faire. Faisons en sorte que les guerres de positionnement et les réseaux d’intérêts de circonstance, les alliances malheureuses soient bannis durant les travaux. Disons et faisons ce qu’il faut pour le bien de la nation. Il s’agit d’une responsabilité historique qu’il faut réussir absolument. La nécessité d’un casting
sans complaisance à la hauteur des enjeux vitaux de l’heure s’impose.

Le contenu de la notion de forces vives n’est pas explicite et sa substance productive souvent incertaine. Il faut utiliser peut-être cette notion pour l’habillage démocratique, inclusif et participatif. La légitimité ne viendra pas des forces vives, la légitimité existe déjà, elle s’est exprimée lors des évènements depuis le 30 septembre, dans plusieurs villes avec la mobilisation populaire. Dans cette nouvelle transition, il faudrait aller vite et bien. Les bonnes intentions ne suffiront pas, il faudrait les composer avec la capacité à faire une monture pratique. Tout se jouera également dans notre capacité à produire du génie, notre
cerveau collectif, notre créativité pourra nous sauver, nous aider à gagner du temps dans la course vers la restauration de notre intégrité territoriale.

Le nouveau visage de la transition ?
Quelle articulation pragmatique, fluide pour gagner la guerre ?

Une transition sans gouvernement classique, ordinaire ? Oui une transition sans
gouvernement (ordinaire) ni ministres ni ALT. Seulement un gouvernement de guerre, c’est-à-dire un Etat-Major général de guerre tout puissant dirigé par les hommes de terrain et en son sein un conseil d’orientation de guerre avec
uniquement des pouvoirs de recommandations composé des officiers gradés.

Les jeunes officiers ont les mains libres pour mener la guerre selon leur stratégie,
plans et moyens nécessaires.

Un Président civil (engagé, dynamique, charismatique, imprégné des questions
sécuritaires) qui gère les affaires administratives de l’Etat, exception faite de
l’administration militaire. Le Président de la transition dirige l’équipe gouvernementale ad hoc constituée des secrétaires généraux, qui jouent le rôle de ministres tout en gardant uniquement leurs salaires de secrétaires généraux. Le pouvoir règlementaire pouvant appartenir concomitamment au Président civil
pour les affaires civiles et au Chef d’Etat Major de guerre pour les questions militaires. Pour cela, les forces vives accordent cette habilitation, dite législative en situation normale, pour toute la durée de la transition. Tous les membres civils et militaires de l’équipe dirigeante gardent leurs salaires d’avant (fixer un salaire moyen à celui qui viendrait du privé). Il s’agit d’une lutte patriotique où l’argent ne doit pas être l’objectif, où les efforts devraient se braquer sur les moyens à mobiliser pour mettre à la disposition des combattants. A défaut, un Président militaire mais qui se concentre sur la guerre, déléguant les fonctions purement
administratives pour éviter la bourgeoise de palais. Dans tous les cas, les militaires
devraient garder le pouvoir réel car ils seront jugés aux résultats.

La justice indépendante, doit poursuivre le traitement diligent des différentes
affaires portant sur les crimes de sang et économiques, les cas de malversations et
de corruption notamment, sans chasse aux sorcières. Acquitter quand il faut
acquitter, punir quand il faut punir. Cela permettra de sortir de la transition avec
un nouveau visage d’une nation relativement épurée des problèmes de valeurs et
d’éthique, et entamer ainsi une nouvelle marche vers la consolidation de la paix
et le progrès.


Les populations ne doivent pas retourner aux lauriers…

Le rôle du peuple dans la guerre est aussi crucial que la puissance de feu des
soldats. Il nous faudra assurer une veille citoyenne tout au long du processus, pour garantir son succès. C’est dire qu’il faut porter de la voix quand surviennent des
menaces politiques entravants, apporter le soutien légitimant l’action publique.
Nous devons co-construire une société de vigilance patriotique, imperméable aux
manœuvres de l’ennemi (infiltration, stigmatisation, incitations aux conflits intercommunautaires, radicalisation, recrutement etc.). Le peuple dans son œuvre de
galvanisation de la troupe, porte une arme puissante en soutien au soldat qui sait
porter l’espoir et les prières de millions de compatriotes. Il faut bannir le sentiment
d’insouciance en adaptant notre mode de vie, tout doit démontrer et respirer une
situation de guerre quand on foule le sol burkinabè. Il ne s’agit pas de ne pas
manger ni boire ni se divertir là où c’est encore possible. Il ne s’agit pas d’arrêter
de vivre et d’espérer comme souhaite l’ennemi. Il s’agit de modération, de
solidarité et de vigilance partout, dans une conscience citoyenne patriotique.

Certes nous n’aurons pas zéro perte dans la suite du combat mais nous devons
monter véritablement et incontestablement en puissance. La peur doit changer de
camp car aucun groupuscule aussi puissant soit-il ne peut triompher face à un
peuple uni et débout, qui lutte pour sa survie en tant que nation souveraine et
paisible.

Nous devons garder espoir mais œuvrer ensemble pour la matérialisation de notre
espoir. Surtout avoir à l’esprit que la victoire viendra par touches successives, elle
ne sera pas automatique d’où l’importance de garder notre union dans les épreuves
de la vision. Si la vision dévie, c’est un devoir collectif de la redresser. Mais tant
qu’elle demeure intègre, il faut la préserver, la soutenir de façon inébranlable.


Notre victoire réside également dans notre capacité à faire nation.


Ceci est une modeste contribution d’un citoyen burkinabè.


Dieu bénisse le Burkina Faso !


04/10/2022


Abdoul Aziz KAFANDO , Citoyen burkinabè