[Tribune] « Le Manifeste des justes pour défendre ensemble le Faso » ou des prémices de l’instauration d’une stratégie du chaos national ?

Ceci est une tribune de l’écrivain Adama Siguiré, sous forme de droit de réponse au « Manifeste des justes pour défendre ensemble le Faso ».

Le journal en ligne NetAfrique.net a publié un article intitulé « Situation sécuritaire : un Manifeste lancé par la Plateforme des Justes pour défendre ensemble le Faso. » le 31 janvier 2023. Le Manifeste qui a plus d’un millier de signataires portait à sa parution le 31 janvier 2023 les noms et prénoms des représentants des signataires qui sont : TRAORE Amadoun, OUEDRAOGO Adèle, Dr François KABORE, Madame Nabi Géneviève née KAMBOU, Pr Windinga Victor Dieudonné, BAMBARA Martin, YAMEOGO Noël, PODA Landry, SOW Ousmane, Mademoiselle SORGHO Diane, Madame BARRY Mariam et Baboué BADAMA. Les représentants des signataires du manifeste sont donc au nombre de douze personnes, soit huit hommes et quatre femmes. Rédigé le 27 janvier 2023, le manifeste est publié le 31 janvier 2023 par le journal en ligne NetAfrique.net.  

Dans leur tribune, les Justes convoquent le Président Capitaine Ibrahim TRAORE au tribunal de la démocratie et de la bonne gouvernance et lui décernent la note du populisme dans la mauvaise gouvernance, le tout accompagné d’un blâme : qu’en dire ?

1- De la nécessité d’un débat patriotique par les Burkinabè sur la gestion de la Transition par le Capitaine Ibrahim TRAORE

De la discussion, jaillit la lumière, dit un proverbe bien connu et c’est Charles Baudelaire depuis le 18e siècle qui affirmait : « Cultiver les différences, nul besoin de cultiver le reste et qui se retrouvera toujours : mais la rare, l’exceptionnel, l’unique ; quelle perte pour tous si tout cela venait à disparaitre. » C’est pour dire que je suis un fervent défenseur de la liberté d’opinion et d’expression. Et en ce qui concerne la gouvernance actuelle du Burkina Faso, tous les fils et toutes les filles qui aiment ce pays, de Ouagadougou jusqu’aux confins de nos villages, devraient se prononcer librement sur la gouvernance du Capitaine Ibrahim TRAORE. Notre Nation joue sa survie et nous semblons tenir la dernière carte à double face : nous pouvons réussir, mais nous pouvons aussi échouer. Et j’en suis très conscient. Du reste, si je peine à compter les gouvernances qui ont réussi dans ce pays, celles qui ont échoué sont récentes que je ne saurais les oublier.

Le mardi 31 janvier 2023, le journal en ligne Netafrique.net a publié un article qui est le fruit de la réflexion d’un groupe s’étant fait baptiser les Justes lors de la rédaction du MANIFESTE DES JUSTES POUR « DEFENDRE ENSEMBLE LE FASO. » Je reprends le titre de l’article avec ses mots. Et ce manifeste est signé par Amadoun TRAORE, Noël YAMEOGO, OUEDRAOGO Adèle, Dr François KABORE, Madame Nabi Géneviève née KAMBOU, Pr Windinga Victor Dieudonné , BAMBARA Martin, YAMEOGO Noël, PODA Landry, SOW Ousmane, Mademoiselle SORGHO Diane, Madame BARRY Mariam et BABOUE Badama qui sont les représentants des signataires du manifeste. Le groupe des Justes a bien un parrain bien connu qui avait apposé son nom sur la première version du MANIFESTE qui a fuitée avant de l’enlever subtilement sur la version définitive qui a été publiée. Mais, les Justes gardent les mêmes arguments certainement dilués et ils ont les mêmes objectifs ?C’est une belle tribune que j’ai lue avec beaucoup d’intérêt. Et j’avoue que de telles contributions patriotiques permettraient aux autorités politiques de la Transition de recadrer le tir et de pouvoir prendre en compte les préoccupations légitimes de tous les Burkinabè. Je reste convaincu que tous les patriotes ont une ultime mission en cette année 2023 : sauver la Nation burkinabè des hordes terroristes, récupérer nos villes et nos villages et permettre à nos compatriotes devenus des personnes déplacées internes de retrouver leurs localités pour reprendre au mieux leur vie. Nos populations ont assez souffert et je ne vois pas un Burkinabè qui aurait plus de mérite dans ce contexte actuel que celui qui pourrait aider nos populations à retrouver leurs villages.

Je reste convaincu que le MANIFESTE DES JUSTES POUR « DEFENDRE ENSEMBLE LE FASO » s’inscrit dans cette logique de recherche de la paix pour les populations burkinabè. Ce manifeste vient comme pour accompagner les autorités de la Transition, surtout le Capitaine Ibrahim TRAORE qui refuse chaque nuit de dormir parce que les populations, surtout rurales, ne dorment pas. Il y a certainement une espèce de honte d’être heureux à la vue de certaines misères, disait La Bruyère. Je puis dire que le Président Ibrahim TRAORE ressent une espèce de honte à dormir à Ouagadougou les poings fermés quand il sait que plus de 2 millions de Burkinabè sont des déplacés internes dans leur pays, et ces hommes, ces femmes et ces enfants peinent à manger deux repas par jour. Ils manquent de couverture. Ils ne savent pas où dormir quand la nuit tombe. La conscience du Président est d’autant troublée quand il voit que c’est l’avenir d’une génération qui s’éclipse comme le soleil s’éclipse le soir pour faire place à l’obscurité. Mais, le soleil suivrait le lendemain son cours normal quand l’avenir de ces enfants reste hypothéqué pour toujours.

2- De la confusion du MANIFESTE DES JUSTES avec une œuvre de fiction

« Le capitaine Ibrahim TRAORE qui a pris le pouvoir en septembre 2022 sur le prétexte que les administrations précédentes n’ont pas réussi à faire face aux avancées des groupes armés , n’a pas été non plus en mesure de modifier un tant soit peu les rapports de force sur le terrain . », disent les justes.

Le MANIFESTE des JUSTES POUR « DEFENDRE ENSEMBLE LE FASO » est aussi d’une grande surprise comme un pavé dans la mare. Et ce MANIFESTE a été rédigé pour quel but, pour atteindre quel objectif ? Le MANIFESTE DES JUSTES est une tribune, mais il est aussi un tribunal. S’il permet aux Justes de se prononcer sur la gestion du pouvoir par le Capitaine Ibrahim TRAORE, du haut de cette tribune de la liberté d’expression, les Justes ont convoqué, sans grand management, le Président Ibrahim TRAORE au tribunal de la démocratie et de la bonne gouvernance. Et les Justes se voulant de bons juges et non pas des justiciers lui ont appliqué la loi, et surtout la leur, légiférée certainement la veille pour les besoins de la cause, pour les besoins du tribunal des Justes « Le capitaine Ibrahim TRAORE qui a pris le pouvoir en septembre 2022 sur le prétexte que les administrations précédentes n’ont pas réussi à faire face aux avancées des groupes armés , n’a pas été non plus en mesure de modifier un tant soit peu les rapports de force sur le terrain . », disent les Justes . Ce sont les Justes qui jugent le Président Ibrahim TRAORE. Je ne peux que retranscrire les mots de leur réquisitoire. Je reprends leurs mots et je vous assure que je ne suis pas un Juste. Je suis un parfait faux. Les Justes disent, comme pour résumer, que le Président Ibrahim TRAORE ne fait pas la guerre, il n’arrive pas à faire bouger les lignes. Il ne donne pas de l’espoir. La guerre continue et le rapport de force n’a pas été modifié sur le terrain. Et pourtant, quand le Président Ibrahim TRAORE prenait le pouvoir, les villes de Solenzo et de Falangoutou étaient inaccessibles. Elles étaient occupées par les terroristes. Aujourd’hui, dans ces deux villes, flottent les drapeaux du Burkina Faso. La guerre n’est pas gagnée parce qu’elle était vieille de sept ans. Les résultats ne sont pas satisfaisants, mais le rapport de force a changé sur le terrain et c’est bien visible. Mais, les Justes sont comme des romanciers plus attachés à la folle du logis, qu’aux faits. Ils imaginent ce qui pourrait leur plaire et peut-être ce qui pourrait aussi plaire à leurs lecteurs. Et les Justes se détachent ainsi de la réalité pour faire de la fiction, et dans le seul but de semer la panique pour pouvoir condamner le Capitaine Ibrahim TRAORE par un verdict sans appel.

Il y a un fait qui m’a marqué. Pourquoi le MANIFESTE vient même des Justes ? Pourquoi Amadoun TRAORE, Noël YAMEOGO et leurs camarades se qualifient-ils de Justes ? Pourquoi se croient-ils Justes ? Pourrais-je, moi, avoir le courage de me qualifier de juste pour rejoindre un groupe d’hommes et de femmes qui se connaissent et se savent justes ? Quand j’ai lu l’article, j’ai d’abord lu MANIFESTE des juges et quand j’ai vu les douze noms à la fin de l’article, je suis reparti au début pour relire et je vois MANIFESTE DES JUSTES « POUR DEFENDRE ENSEMBLE LE FASO. » Je me suis posé automatiquement cette question : des hommes justes existent-ils sur la terre ? Oui, je connais des hommes qui sont juges. Ils ont étudié le droit, ils portent des robes comme des femmes, ils sont dans les tribunaux et ils condamnent les gens. Mais, les juges sont-ils des justes ? Et je vais plus loin : Amadoun TRAORE, Noël YAMEOGO et leurs camarades peuvent-ils être des Justes ? Le MANIFESTE est-il une fiction ? Et devons-nous, sur le plan de la morale et de l’éthique, accepter cette épithète de justes qu’ils se sont volontiers arrogée sans demander l’avis de personne, sans passer un examen, sinon le moindre test de validité de leur justesse. Oui, des opérations justes existent dans le domaine des mathématiques. 1+1=2. Cette opération est juste. Mais un homme juste est une affirmation injuste, c’est une affirmation subjective qui ne prend pas en compte la rationalité, qui se moque de la logique méthodique et rigoureuse qui fait la justesse. C’est une affirmation littéraire et souvent journalistique qui a pour seul instrument de mesure les sentiments, les sensations sinon les émotions du locuteur. Partant même de la forme du MANIFESTE DES JUSTES POUR « DEFENDRE ENSEMBLE LE FASO », nous pouvons dire que le fond du MANIFESTE DES JUSTES POUR DEFENDRE ENSEMBLE LE FASO » manquerait de rationalité et de bon sens, car le MANIFESTE DES JUSTES POUR « DEFENDRE ENSEMNLE LE FASO » manque lui-même de rationalité et de bon sens dans sa forme, dans sa formulation. Au titre MANIFESTE DES JUSTES, Amadoun TRAORE et ses camarades ont oublié d’ajouter ou la parole des nouveaux messies POUR DEFENDFRE ENSEMBLE LE FASO. Cela nous enverrait automatiquement dans la métaphysique spirituelle et cette analyse rationnelle n’aurait pas son sens. Sinon, comme la forme tient le fond, et le titre étant illogique, irrationnel et plus que métaphysique, nous ne pouvons que continuer pour découvrir les incohérences, les inconséquences, sinon les sentiments qui ont guidé les Justes lors de la rédaction de leur MANIFESTE qui, certainement, ne pourrait plus DEFENDRE LE FASO pour vice de forme.

3- De la situation sécuritaire du pays

« Le rapt de plus d’une soixantaine de femmes dans la localité d’Arbinda en deux vagues successives, les enlèvements récurrents dans nombres de provinces et les fréquents ultimatums de déguerpir donnés aux populations en désarroi sont les preuves de cette omniprésence des groupes terroristes », soutiennent les Justes. Le MANIFESTE DES JUSTES POUR « DEFENDRE ENSEMBLE LE FASO » dont la justesse des membres ne se justifie pas, même s’ils prétendent rendre justice, soulève une réalité : la situation sécuritaire du pays. Et à ce niveau, les Justes ont raison. La situation sécuritaire se dégrade. Depuis l’’arrivée du MPSR au pouvoir en janvier 2022 jusqu’à nos jours, la situation sécuritaire n’a pas connu une véritable amélioration. Les terroristes attaquent au quotidien avec des déplacements massifs de populations. J’ai donné une interview à un journal camerounais La Chaine de l’Afrique et j’ai reconnu la gravité de la situation sécuritaire. Il n’y a pas de grandes avancées. Mais, une guerre de sept ans peut-elle prendre fin en quatre mois ?

La guerre est une chose sérieuse pour la confier seulement aux militaires, c’est un auteur qui le disait. Et je me pose cette question : Ibrahim TRAORE se pavane-t-il ou fait-il la guerre ? Les Justes dans leur MANIFESTE disent que le Président ne fait pas de gros efforts et ils citent l’enlèvement des femmes d’Arbinda et les déplacements des populations. Cela est vrai, mais les Justes sont des justes de mauvaise foi qui ont choisi de voir les faiblesses, les manquements tout en refusant de reconnaitre les mérites du jeune Capitaine. Un Président militaire armé jusqu’aux dents au milieu de ses soldats sur un champ de guerre ne se pavane pas. Ce Président est un militaire et un militaire fait la guerre. Quand Ibrahim TRAORE va à Solenzo, à Dori, à Djibo, ce n’est pas pour se pavaner, c’est pour faire la guerre. Et cette guerre, il la faisait depuis sa garnison de base qui était Kaya. D’ailleurs, pourquoi les femmes enlevées ont été si vite retrouvées. Il a fallu l’implication et la détermination du Président. Un jour de combat, le véhicule qui conduisait le Capitaine TRAORE est tombé en panne sèche. Il manquait d’essence pour poursuivre son chemin et le capitaine était obligé de trouver une solution à l’improviste pour continuer sa route. Un jour, de passage à Zorgho, je suis passé à la brigade de gendarmerie pour saluer mon ami et promotionnaire BANAO, adjudant de gendarmerie. Le beau BANAO que j’ai connu à l’école et qui était brillant, très apprécié par les filles stagiaires, avait perdu son charme et sa brillance. C’est un adjudant de gendarmerie plus ou moins mince qui m’a conduit à la buvette. Nous avons bavardé entre amis. Il m’a dit que le travail de militaire était très difficile dans ce contexte de guerre. J’ai cité Jean Jacques ROUSEAU qui écrivait ceci dans son livre Emile ou de l’éducation : « Il y a des métiers si nobles qu’on ne peut les faire pour de l’argent sans se montrer indigne de les faire, tel est celui de l’homme en guerre, tel est celui de l’instituteur. » Je lui ai dit que j’étais content de le voir. J’étais content de le voir porter sa tenue. J’étais content de le voir risquer sa vie pour défendre cette Nation. Les Justes ne sont pas justes sur toute la ligne et je ne sais pour quelles raisons. Les mêmes équations des Justes donnent des résultats différents. Amadoun TRAORE, Noël OUEDRAOGO et leurs camarades sont donc justes à sens unique. Dire que le Capitaine Ibrahim TRAORE ne fait pas la guerre, c’est être utopique, c’est prendre des vessies pour des lanternes. Le Chef de l’Etat et ses hommes sont engagés. Vont-ils réussir ? J’ai foi en leur réussite. Mais, ils ne sauraient réussir seuls. Ils ont besoin du soutien de tous.

4- De la diabolisation de la communauté Peulh

« La diabolisation d’une certaine communauté et les exécutions sommaires constatées à son encontre à mesure que la situation sécuritaire se dégrade, font courir le risque d’un génocide dont nul ne saurait présager la portée. », préviennent les Justes. Les Justes étalent leur réquisitoire sur plusieurs lignes comme pour vider leur amertume et leur frustration. Ils mettent le curseur sur la diabolisation d’une communauté et ils citent la communauté Peulh dans leur manifeste. C’est un sujet très sensible et les Justes voudraient en profiter, comme pour faire feu de tout bois, pour atteindre leur cause, pour plaider pour le retour à la démocratie et aux élections dans quelques mois. Je ne saurais refuser cette réalité. Il y a la diabolisation d’une communauté et s’ils disent que c’est la communauté Peulh, j’en conviens de fait. Sinon, moi, je préfère parler de bavures commises par les Forces de Défense et de Sécurité, mais aussi par les Volontaires pour la Défense de la Patrie. Et quand un étudiant m’a demandé lors d’une conférence à l’université de Koudougou si je n’avais pas peur des bavures que pourraient commettre les Volontaires avec leurs armes, j’avais dit que j’en étais bien conscient. Nos FDS et nos VDP peuvent commettre des erreurs. Les VDP manquent souvent de maitrise de soi. A cela, s’ajoute la pression dont ils font l’objet sur le terrain de la part des groupes terroristes, mais aussi de certains complices. Dans la peur, ils pourraient tirer souvent sur tout inconnu. Aussi, extorquent-ils souvent de l’argent aux populations, apprend-on. Si tout cela est avéré, ce n’est pas normal. En réalité, ils n’ont pas choisi d’exterminer une communauté comme les Justes le font ressortir dans leur MANIFESTE. Les VDP font souvent du zèle parce qu’ils sont armés et ils poursuivent tous ceux qu’ils accusent d’être les complices des terroristes dans leurs derniers retranchements. Le mardi 31 janvier, les VDP ont tué quatre personnes dans la zone de Gassan, qui étaient dans la brousse pour chercher le réseau mobile pour communiquer avec leurs parents. Dans le Yatenga, ils ont enlevé un monsieur qui avait un bidon de quatre litres de gasoil et qui se rendait à Kalo dans la commune rurale de Thiou. Je prie Dieu qu’ils le laissent la vie sauve. Et il est difficile d’intervenir auprès des VDP pour sauver des vies. Je peux appeler un promotionnaire au commissariat de police de Ouahigouya ou à la gendarmerie nationale de la ville pour tenter une explication. Mais, qui connait le numéro d’un VDP armé qui enlève quelqu’un sur la voie pour le conduire à la base ? Voilà les difficultés sur le terrain qui sont causes de bavures ou de la stigmatisation. Et il appartient à l’armée de mettre l’accent sur l’organisation, sur la formation, sur les ordres de façon stricte. Et sur la question, j’avoue que le face-à-face entre le Président et les deux journalistes de la RTB et SAVANE TV diffusé sur la télévision nationale le vendredi 03 janvier 2023 vient lever les inquiétudes. En effet, au cours de l’entretien, le Président a indiqué que chaque groupe de VDP, des VDP nationaux aux VDP communaux, agira sous la supervision d’un agent des FDS. C’est ce dernier qui donnera les ordres et les instructions. Toute chose qui permettra d’éviter les bavures. Mieux, le Président a laissé entendre que les organisations de défense des droits de l’homme ont été mises à contribution dans la formation des VDP afin de les familiariser avec les questions de respect de la dignité humaine et de la protection de l’intégrité physique et morale de tout citoyen innocent. Sinon, les Forces de Défense et de Sécurité ainsi que les VDP diabolisent toute personne qu’ils soupçonnent d’être en complicité avec les terroristes. Et souvent, les preuves qu’ils ont ne sont pas bien établies. Mais, le travail qu’ils font les expose à tous les risques. Leur volonté de défendre ce pays est manifeste. Et personne ne viendrait défendre ce pays s’ils déposent aujourd’hui les armes et quittent les bases pour sauver leurs vies. Du reste, chaque jour, des Forces de Défense et de Sécurité comme des VDP tombent au front. Il est souvent même difficile d’avoir tous les corps pour inhumer avec les honneurs. Les Justes doivent aussi en parler et leur rendre hommage s’ils sont vraiment Justes. Quant à ceux et celles qui appellent à la violence contre une communauté ou contre les hommes qui défendent cette communauté, il appartient à la justice de les arrêter et d’appliquer la loi. S’il y a un vide juridique à ce niveau, il faudrait que l’Assemblée Législative de la Transition légifère pour que les gens répondent de leur violence sous toutes les formes, car nous sommes dans un Etat de droit.

5- De la laïcité de l’Etat

« De nouvelles organisations informelles favorables au pouvoir se caractérisent par la violence du discours et pour beaucoup, par le glissement vers une option religieuse radicale et intolérante », relèvent Amadoun TRAORE et ses camarades justes.

Les Justes abordent un autre point dans LEUR MANIFESTE, et c’est la laïcité de l’Etat burkinabè. Voilà un autre sujet sensible. J’ai cherché la définition du mot laïcité dans le dictionnaire et je n’ai pas pu retenir une définition qui cadre avec mon analyse. De fait, ils sont nombreux au Burkina qui ne peuvent pas définir un Etat laïc. Le législateur n’a pas donné des formes juridiques à l’Etat laïc pour nous permettre de faire la part des choses. Dans le dictionnaire, parlant de l’Etat laïc, on parle de la séparation de l’Etat du clergé. Ici aussi, on pourrait parler de la séparation de l’Etat de l’église, de la mosquée, des temples et des autels. Mais, est-il interdit de prier le Dieu qu’on veut ou de suivre la religion qu’on veut dans un Etat laïc ? Peut-on interdire les membres d’une religion de soutenir publiquement le Chef de l’Etat ? Je crois même que l’Etat laïc veut dire que les gens peuvent suivre n’importe quel dieu, n’importe quelle religion, mais l’Etat ne suivra le Dieu ou la religion de personne. En retour, l’Etat a besoin de tous nos dieux, des plus faux au plus saints et de toutes nos religions, des plus dogmatiques au moins dogmatiques. C’est ma compréhension de l’Etat laïc. Il est alors difficile d’interdire les prières et les écritures arabes au Burkina Faso lors d’une manifestation. Sur quelles bases pouvons-nous les interdire, en appliquant quelle loi, quel texte ? Ainsi, les religieux peuvent prier, faire des sermons dans les mosquées, les églises, les temples et sur les autels pour soutenir le Président du Faso. Mais, si un religieux, qu’il soit musulman, chrétien ou animiste, appelle à la violence contre un homme ou contre une autre communauté religieuse, il appartient au pouvoir judiciaire de l’arrêter car, une chose est sûre : les religieux qui appellent à la violence, dont les audios et les vidéos circulent sur les réseaux sociaux, ne le font pas au nom de leur religion. Ces religieux engagent leur propre personne. La loi est capable de détacher le musulman de l’islam pour le corriger tout comme elle peut détacher le chrétien du christianisme pour lui appliquer la loi. Le Capitaine Ibrahim TRAORE n’a pas encore couvert les abus et les appels à la violence d’un religieux.

6- De la démocratie et des élections

« De l’analyse générale qui précède et bien d’autres, l’on retient non pas une volonté réelle de gouverner par l’exemple du MPSR II, mais une tentative d’accaparement du pouvoir pour le long terme, alors que la Transition devrait plutôt œuvrer pour le retour programmé du pays à l’Etat de droit normal », foi des Justes, des douze signataires du manifeste. L’Etat se trouve, selon les Justes, entre les mains des aventuriers qui n’ont ni la légalité ni la légitimé et veulent accaparer le pouvoir pour le long terme. Ibrahim TRAORE et ses hommes ne parlent pas d’élections. Ils doivent pourtant organiser les élections dans un bref délai pour remettre le pays à l’Etat de droit normal. On comprend ici facilement la composition du groupe des Justes. Le parrain du groupe, le plus connu, qui a retiré son nom sur la liste des signataires au dernier moment pour se mettre à l’abri de ce projet machiavélique est un démocrate pur sang qui a soutenu le pouvoir corrompu de Roch KABORE. Pour les auteurs du Manifeste dont le parrain croit se cacher, tout en oubliant que le Burkina est un pays de savane, lui qui oublie que quand quelqu’un nage c’est son vendre seulement qui est dans l’eau, sinon qu’on voit son dos, lui qui nonobstant la suspension de RFI au Burkina est le grand ami de ce média au point d’être capable de prendre son vol et aller donner une interview aux journaliste dudit média à Paris, la seule urgence aujourd’hui est l’organisation des élections. A ce niveau, il faut quand même saluer la loyauté des soi-disant Justes à leur parrain local. Celui-là même qui a, au nom de la démocratie, piloté les élections couplées présidentielle-législatives de 2020 qui ont couté plus de cent (100) milliards de francs CFA à l’Etat burkinabè avec les résultats que l’on connaît tous : des populations de plusieurs provinces exclues du vote pour cause d’insécurité, des terroristes libérés afin que le vote ne soit pas perturbé, des centaines de millions déboursés pour les achats de conscience alors que les PDI manquent du minimum, et j’en passe. Cet homme est un autre Périclès pour le Burkina Faso. Périclès avait demandé à ce qu’on démocratise les institutions athéniennes même si Athènes serait en feu. Si la démocratie devrait faire périr toute la Grèce, qu’elle périsse. Périclès veut des institutions plus démocratiques. Les démocrates athéniens, du haut de leur ignorance, ont tué Socrate, le philosophe le plus sage de la cité d’Athènes lors d’un jugement dit démocratique en 399 avant Jésus Christ.   Les Justes voudraient qu’on organise des élections et que la démocratie soit le bourreau du peuple burkinabè. Au mal, il faut vite ajouter le pire pour célébrer l’absurde et perdre tout espoir de survie, scandent Amadoun TRAORE, Noël YAMEOGO et leurs camarades Justes.

Amadoun TRAORE et ses camarades veulent des élections et ils ne croient qu’aux élections qui sont, sans doute, la panacée au développement. Pour les Justes, le développement passe par la démocratie et l’organisation des élections. En clair, tant que nous ne votons pas, nous ne connaitrons pas le développement sous nos cieux. Nous sommes condamnés par la nature même à organiser des élections démocratiques pour espérer le développement. Les Justes ne sauraient soutenir Ibrahim TRAORE qui n’est pas arrivé au pouvoir par la voie des élections. On comprend alors l’attachement d’antan de certains membres signataires du manifeste au régime corrompu de Roch KABORE. Quoi de plus normal ! Les démocrates s’intéressent aux formes. Ils se moquent du fond. Pourvu qu’on débloque cent milliards pour organiser les élections et qu’il y ait un gagnant qui serait le Président légal et légitime selon les Justes. Une fois que les élections sont organisées, le développement se décrète. C’est le pragmatisme du Capitaine TRAORE, sa volonté de rupture, son style décomplexé, que les Justes, qu’on pourrait aussi appeler les amis de la démocratie, appellent populisme et mauvaise gouvernance. C’est aussi la sympathie naturelle des jeunes gens pour le Capitaine TRAORE qui fait peur aux justes, qui les empêche de dormir et qui leur a inspiré ce manifeste. On a dit aux Justes qu’un président ne devait pas connaître les réalités de son peuple. Il s’assoit au palais. Il commande des vins et il reçoit des rapports que des conseillers lisent quand ils auront le temps. Les Justes voudraient que la guerre se fasse sur papier, dans de longs rapports mensongers, comme elle se faisait au temps de Roch KABORE, le démocrate.

Et les Justes livrent leur verdict péremptoire. Après ce procès fleuve, au terme des réquisitoires, les Justes condamnent le Président Ibrahim TRAORE avec un blâme en attendant de fédérer plus de Justes dans leur comité de pilotage pour exiger certainement le renvoi du Président Ibrahim TRAORE de la présidence. Qu’est ce qui pourrait suivre après le blâme ? C’est le renvoi et ici, c’est la démission. Que le Capitaine TRAORE soit prêt. Dans les jours qui suivent, si le MANIFESTE DES JUSTES POUR « DEFENDRE ENSEMBLE LE FASO » passe et si de nombreux Justes adhèrent à leur cause en signant le manifeste, les membres initiateurs se réservent la possibilité d’une structuration formelle de la Plateforme des Justes pour l’atteinte de leurs objectifs. En tout cas, à l’image de Platon qui voulait une cité dirigée par des philosophes rois ou à défaut par des rois philosophes, les Justes veulent un Burkina dirigé par des justes présidents ou à défaut par des présidents justes. Et le Capitaine TRAORE ne saurait être le candidat des Justes.

7- Du départ de l’armée française au Burkina Faso, un choix populiste du Capitaine Ibrahim TRAORE, selon les Justes

« Dans la situation actuelle du pays, la rupture intempestive avec la France et la négligence de la solidarité sous régionale, africaine et internationale, manifestées récemment par les autorités de la Transition sont des choix populistes », affirment les Justes. 

Les Justes terminent leur tribune en condamnant le Capitaine TRAORE devant leur tribunal. Il fait preuve de populisme dans sa gestion de la diplomatie. Cela veut dire qu’il ne connait rien des exigences des relations internationales, mais il veut se faire voir. Il veut se donner une popularité. Pour ceux qui n’ont pas étudié dans les grandes universités des Justes comme moi, les Justes disent que le Capitaine TRAORE prend la diplomatie à la légère. Il s’amuse avec les relations internationales. Ce qui fait remonter les Justes, c’est le départ de l’armée française. Ibrahim TRAORE a trop osé. Comment demander à l’armée française de quitter le sol burkinabè ? Nous devons obligatoirement maintenir nos relations avec la France. Les Justes sont si justes qu’ils ne se doutent pas de la nécessité du maintien de ses relations. Les Justes disent que nous sommes condamnés à rester avec la France et le sol burkinabè n’est pas si différent du sol français. Les soldats français sont chez eux au Burkina Faso et les Justes ne pardonneront pas au Président Ibrahim TRAORE le renvoi des soldats français du sol burkinabè. Les Justes ne connaissent pratiquement rien de l’histoire. Ils défendent la France qui a, elle-même, chassé les soldats américains de son territoire en 1966 après son retrait du commandement militaire intégré de l’OTAN le 21 février 1966. Et c’était pour affirmer sa souveraineté. C’est comme si les Justes donnaient tous les droits à la France tout en privant le Burkina Faso, leur pays, de la moindre liberté. Que les Justes sont si injustes envers eux- mêmes, envers leur peuple et envers leurs dirigeants. On peut aussi dire que les Justes ont des mots et des phrases, mais il leur manque la science. Entre deux maux, Ibrahim TRAORE a choisi le moindre mal comme son grand frère GOITA – c’est le départ de l’armée française – et les Justes lui demandent de rester avec les soldats français qui, pour les Justes, sont dans une coopération militaire normale avec le Burkina Faso.

J’ai beaucoup de respect pour Amadoun TRAORE,  Noël YAMEOGO et tous les signataires du manifeste, même les deux journalistes bien connus qui ont retiré leurs noms au dernier moment, tout en étant les initiateurs du projet. Mais, je voudrais leur dire que ce MANIFESTE DES JUSTES n’est pas juste. Il n’est pas juste dans la forme, et partant de cela, il ne saurait être juste dans le fond. Le mot juste est un qualificatif plus mathématique et numérique. Un professeur de mathématiques pourrait utiliser fréquemment le mot juste pour apprécier les réponses de ses élèves, mais pour moi qui enseigne une science humaine tout comme ceux qui enseignent le français, il serait préférable d’utiliser le qualificatif bien, très bien, assez bien et autres. De même, les rédacteurs du MANIFESTE, en s’arrogeant le qualificatif Justes, se montrent très prétentieux comme s’ils faisaient désormais la concurrence avec Dieu. On peut dire d’un homme qu’il est mauvais ou bon. C’est un jugement relatif. Mais dire d’un homme qu’il est juste, cela signifie qu’on n’a pas une grande maitrise de la langue française. Le juge ne rend pas des jugements justes. Il donne un verdict de justice. Le verdict de justice reste le verdict du juge. Ce n’est pas un verdict juste. La forme du MANIFESTE condamne, de facto, le fond. Il y a des arguments étalés et assez détaillés. Mais, l’argumentaire pèche par son manque de réalisme et de sincérité. Le manifeste des Justes viole même la pensée dans son droit légitime à la souveraineté. Le MANIFESTE des Justes n’est pas un écrit scientifique, une analyse rationnelle. C’est plutôt un écrit, pour ne pas dire un brûlot de journaliste, rédigé sous l’effet des émotions, de la frustration, sinon de la colère sans le moindre respect des méthodes scientifiques rédactionnelles. Et je me demande en quoi et comment ce MANIFESTE DES JUSTES pourrait DEFENDRE LE FASO et lui permettre de survivre. Les Justes ne préparent-ils pas le projet du chaos et de toutes les incertitudes pour notre Nation ? Les Justes n’ont-ils pas décidé de jeter de l’huile sur le feu ? On pourrait même se poser cette question : les Justes ont-ils une autre Nation autre que le Burkina Faso ? Je reste aussi convaincu qu’en cette période où tous les Burkinabè sont préoccupés par le retour de la paix dans notre pays, en ces moments, où les efforts du Président sont reconnus par la grande majorité des Burkinabè qui aiment leur pays, les Justes font une sortie inopportune en jetant un pavé dans la mare qui ne ferait aucun bruit, car l’urgence est ailleurs, elle n’est pas politique ou politicienne. Je refuse de donner la note de blâme aux rédacteurs du MANIFESTE, comme ils l’ont donnée au Président Capitaine Ibrahim TRAORE, mais je les invite à retravailler leurs arguments, à bien étudier les mots de la langue française, à prendre en compte la connotation et la dénotation des mots.

In fine, je les félicite pour cette réflexion et je les invite à poursuivre de telles analyses qui me donnent, moi aussi, du grain à moudre. J’en ai besoin. Dieu bénisse le BURKINA FASO.

Adama Amadé SIGUIRE

Ecrivain Professionnel,

Consultant en relations humaines et en management des cellules sociales,

Enseignant de Philosophie,

Sociologue du développement durable.