Ceci est une tribune du Professeur titulaire de philosophie, Jacques Nanema.
Il est des rêves qui ne sont rien de plus que l’écume d’une misère sans nom, d’une misère morale indicible. Ces rêves sur fond de tonitruances diurnes et nocturnes font croire que le réel n’est qu’une simple fiction, un vide sidéral taillé aux seules dimensions des humeurs versatiles de l’homme-Dieu qui ne vit que de satisfaire ses caprices tel Janus, l’enfant-roi.
Vendre du rêve ce n’est pas ni forcément ni toujours ensemencer de l’optimisme ou de l’ambition chez ses semblables pour les pousser à se transcender, à surpasser leur condition première, mais plutôt les aider à se perdre un peu plus, pour de bon car entraînés dans une voie sans issue, dans une impasse tragique.
Il est des rêves qui ne sont ni plus ni moins que de sombres écrans de fumée pour embrouiller, endormir, aveugler, divertir et polluer les esprits avec la magie des raccourcis, l’ivresse délirante du gain facile, l’illusion du salut. Ainsi en est-il des rêves vendus à la pelle en attisant les désirs les plus bas, les passions les plus dévastatrices des personnes et des sociétés…
Mais sinon, il est aussi des rêves sains qui dégagent l’horizon encombré et obstrué du présent, libèrent l’esprit du cercle vicieux de la médiocrité et des chaînes invisibles du passé…ces rêves sains qui se font loin des arènes populistes du mercantilisme universel ont la vertu secrète de désincarcérer l’humanisme profond qui habite les belles âmes comme un supplément d’humanité et de dignité à conquérir et à partager.
Pour nous autres autrefois sous domination servile, au lieu de nous engourdir dans l’euphorie enivrante qui réserve des lendemains désenchantés, nous inclinons fermement nos coeurs, âmes, esprits et intelligences en direction du soleil de la raison universelle qui ouvre et éclaire le chemin de la liberté contre de nouvelles servitudes, d’où qu’elles viennent.
Pr Jacques Nanema