[Tribune de Lookmann Sawadogo] Burkina-Bénin : tension frontalière?

Ceci est une tribune du journaliste Lookmann Sawadogo.

Annonces

Les militaires béninois ont envahi la localité de Koualou (Pama) à l’Est du Burkina depuis quelques jours. De manière inamicale et fâcheuse, disons-le. L’attitude est très grave.
La brève escale de Talon à Ouaga pour le tête-à-tête avec le capitaine Ibrahim Traoré était-il pour évoquer cette question qui se révèle aujourd’hui sous la forme de tension?
La zone de Koualou est l’objet d’un litige entre le Burkina et le Bénin. L’affaire est devant la Cour internationale de justice pour être tranchée. En 2009, Yayi Boni et Blaise Compaoré ont trouvé un compromis pour la paix des populations.
La zone est déclarée « neutre » et à statut particulier. Aucun pays n’a sa souveraineté affirmée sur ces terres d’environ 68 km2. Une commission mixte de coopération s’occupe de l’administration de la zone. Ce dossier a été géré par le ministre Clement Sawodogo.

La partie béninoise a visiblement ignoré tout le dispositif de coopération en place.
Mais c’est aussi un signe des temps. Le timing compte beaucoup.
L’Etat burkinabè ne fait plus peur à personne. Il y a la guerre qui l’a fragilisé et ruiné. Mais il y a aussi la somme de ses frasques diplomatiques qui l’ont totalement dévalorisé et isolé sur la scène nationale et internationale. En saccageant son aura et ses relations extérieures, c’est un pays sur lequel on peut cracher et marcher sans rien craindre. Désormais sans défense. Le drame qui couronne tout, c’est le confinement diplomatique du Burkina avec l’interdiction de voyager des officiels. Ça devient un handicap pour la gestion d’un dossier brûlant comme celui de Koualou qui demande forcément à arpenter certains couloirs des instances régionales et internationales.

Avec cette autre tension bénino-burkinabè, la barque est bien chargée. Sur six de nos voisins immédiats et frontaliers, nous sommes en tension avec quatre pays ouvertement. Hormis, le Mali qui nous tire par la bride. Le Togo est seul à n’avoir pas encore ouvertement une situation de tension avec le Burkina si nous passons sur l’épisode du refus d’honorer le FESPACO.

Koualou est occupé. Alors qu’il ne devait pas l’être au nom du compromis pacifique et dans l’attente du jugement de la justice internationale.

Que disent nos autorités ? Que s’est-il passé pour que l’armée béninoise se déploie sur cette zone jusque-là litigieuse de Koualou qui n’appartient à aucun des pays?

Lookmann Sawadogo
Journaliste éditorialiste
Auteur