Tribune de Lassina Sawadogo sur les Etalons : «Malo laisse des plumes»

Ceci est une analyse du journaliste sportif Lassina Sawadogo, sur les dernières sorties des étalons

Gagner avec la manière

Voici le plat qui nous a été servi dans la préparation de ce match. Les partisans de cette théorie devraient travailler à mettre en minorité ceux, comme nous, qui militons pour une revue d’effectif en donnant la chance au banc. C’est pourquoi, pour enrichir le débat, nous avons mené la réflexion sur : «Si j’étais Malo ?» Ce journalisme-fiction, nous le pensions vraiment, et nous pensions susciter le débat. En fin de compte, Kamou Malo a fait du Kamou Malo.

Faire du Kamou Malo, c’est refuser de se réinventer, c’est refuser de prendre son indépendance vis à vis des cadres. Prendre son indépendance, ce n’est pas couper le lien, mais c’est être le pilote de l’avion, et donner le tempo. Charles Kaboré, par exemple, ne méritait pas ce scénario pour sa 101e sélection. Les entraîneurs ont cédé aux caprices du joueur, helas !

Face à la modeste équipe du Soudan du Sud, l’encadrement technique des Étalons a eu le culot de ne pas pouvoir épuiser les cinq remplacements. Reléguant sur le banc des garçons comme Hassane Bandé, Mohamed Lamine Ouattara, Dramane Nikiéma, Soumaila Ouattara et autres Hermann Nikiema.

Le manque d’audace de Malo

Il était attendu au tournant, et il a raté le rendez-vous. Malo avait des circonstances atténuantes à Kampala. La qualification en poche, on pouvait s’en contenter. Lundi, il fallait juste terminer en beauté. Terminer en beauté ne signifiait pas jouer avec les joueurs les plus beaux, mais ceux qui en avaient le plus envie. Là-dessus, les soi-disant cadres devraient être exclus pour une double raison. Première raison : ils ont fait la preuve de leur régularité. Sauf méforme, ils devraient être des différents rendez-vous des Étalons . Deuxième raison : le caractère spécial de ce stage commandait de faire tourner pour un besoin de fraîcheur et de motivation. Lorsqu’on convoque une trentaine de joueurs et qu’on a la chance d’être qualifié avant la fin, on se donne la latitude d’ouvrir des brèches pour ceux qui tapent à la porte et qui méritent du temps de jeu. Mieux, ceux qu’on estime être les remplaçants ont bien le niveau pour bien jouer et gagner avec la manière face à cette modeste équipe du Soudan du Sud. Malheureusement, mille fois dommage, Malo a manqué d’audace.

La prise d’otage

Avec ce bilan, une qualification sans défaite, on aurait pu applaudir les performances au plan comptable du sélectionneur burkinabè. Mais, au delà des chiffres, il ya de quoi se poser des questions. Quelle a été la plus-value de Kamou Malo dans cette équipe ? Pour le moment, rien à signaler. Le superviseur des équipes nationales semble être pris dans un étau. Un certain nombre de cadres auraient fait main basse sur l’équipe nationale. Même les plus petits techniciens auraient fait tourner sur ce match. Si Malo ne l’a pas fait, ce n’est pas parce qu’il ne voulait pas. Il a plutôt accédé aux désirs des barrons qui ont souhaité jouer. Sinon, malgré le discours du président de la FBF qui prêchait une victoire avec la manière, l’encadrement technique aurait pu apporter un son de cloche différent pour le même objectif final. Les exemples nous ont été donnés par le Mali, déjà qualifié, et qui a aligné pratiquement une equipe du CHAN. Dans la même période, la France a disputé deux matchs. Malgré l’enjeu, Didier Deschamps a fait tourner en alignant deux équipes différentes.

Je parle de prise d’otage parce que Kamou Malo a laissé des joueurs habiter l’hôtel avec leurs enfants ou petits frères. Il s’agit par exemple des frères Traoré. Cette attitude, qui aurait pu susciter une mise au point du patron des Étalons, a été jugée comme un fait banal. Que nenni ! Kamou Malo a laissé les choses se faire. En plus de dormir à l’hôtel, de manger avec les joueurs, il avait aussi droit à traitement spécial pendant les entraînements. Faut-il le répéter, l’équipe nationale A est une institution. Je n’en veux pas au petit innocent qui, lui, prenait du plaisir, mais au staff qui n’a pas été capable de rappeler les joueurs à l’ordre. Les sorties intempestives font désormais partie des stages des Étalons. Nous passons sous silence d’autres écarts de comportement et des problèmes de discipline dans l’équipe. Malo s’est appuyé sur les cadres jusqu’à s’offrir aux cadres.

Bryan sauve Ngolo Kanté

Aussi extraordinaire que celui puisse paraître, la titularisation de Ismahila Ouédraogo ne serait pas du fait de ses performances. Bryan Dabo a connu un malaise le dimanche nuit. Le joueur de Benevento (Italie) a vomi toute la nuit. Forfait, il fallait lui trouver un remplaçant. C’est peut être la raison de la titularisation de Ngolo Kanté. Le sociétaire de l’AS Douanes est un veinard et a su tirer son épingle du jeu.

-A propos de Franck, Malo et Firmin n’ont pas dit la vérité

Interrogés sur la temps de jeu famélique de Franck Lassina Traoré à l’Ajax en conférence presse, le sélectionneur des Étalons faisait savoir que ce n’était pas de son devoir d’enfoncer un joueur en difficulté. Firmin Sanou, lui, justifiait sa situation en club par une question de contrat. Et pourtant, tous ceux qui ont vu Franck Lassina Traoré se sont rendu à l’évidence qu’avec cette prise de poids, aucun entraîneur sérieux ne peut l’aligner. Franck Lassina Traoré devrait plutôt travailler à recouvrer sa forme et son niveau avant de prétendre à tout autre chose. Nos entraîneurs gagneraient à éviter le diplomatiquement correct dans certaines situations. Franck sera un joueur d’avenir si et seulement si il contrôle son hygiène de vie et se montre plus rigoureux avec lui même.

-La CAN 2021 en question...

Il ne faut pas se faire d’illusions. Si le jeu ne s’améliore pas, la suite risque de n’être que mirage. Les éliminatoires de la Coupe du monde qui doivent intervenir avant le rendez-vous camerounais sera révélateur. Si le jeu ne s’améliore pas, la conduite des Étalons par Kamou Malo à la CAN risque d’être remise en cause… La jurisprudence Krol pourrait s’appliquer au sélectionneur national. Lazare Banssé n’acceptera pas de fermer les yeux sur un jeu qui nous emmènera droit dans le mur. Malo pourrait être débarqué si les lignes ne bougent pas.

Pitroipa avec les Étalons

C’est une image qui a fait plaisir à plus d’un. Jonathan Pitroipa était aux côtés des Étalons lors du match face au Soudan du Sud. Une attitude qu’il faut saluer et encourager.

Alain et les arbitres

A la mi-temps du match et en route pour les vestiaires, Alain Traoré a eu un échange pas du tout tendre avec l’arbitre éthiopien du match. Kamou Malo, malheureusement, s’y est mêlé avant que le maître du jeu n’indique le chemin des vestiaires aux plaignants

…je pense donc je suis…

Lassina Sawadogo