[Tribune] Adama Siguiré : “du petit bongal, je finis par en parler”

Ceci est une tribune de l’écrivain Adama Amadé Siguiré.

Hier, j’ai fait une publication pour faire une suggestion. Mais, je n’ai aucunement parlé du petit bongal. Je n,ai pas parlé de lui, même si ma publication peut avoir un lien avec son sujet qui défraie la chronique. J’ai fait ma publication après un constat. Je suis écrivain certes, mais je suis acteur de l’éducation et cela fait déjà près de 20 ans. L’éducation est une chose sérieuse et nous devrons mettre tout notre sérieux dans l’éducation des enfants. En tout cas, je ne pense pas qu’un seul de mes élèves aura le courage de venir dire ici que je suis un mauvais enseignant qui ne met pas du sérieux dans son travail. Les efforts dans le domaine de l’éducation doivent être permanents. Construire des hommes est la chose la plus difficile qui soit et construire des hommes est aussi la chose la plus exaltante.

Éduquer, c’est aussi imposer une discipline, un ordre,un chemin que l’éducation se passe à la maison comme à l’école. Et dans cette discipline, je suis de ceux qui pensent que l’habillement fait partie. Quand j’étais élève, nos camarades filles ont trop fatigué les professeurs en classe avec des habillemehts qui laissaient tout voir faisant que certains professeurs se perdaient dans la lecture de leur cours. Et c’est humain. Avec les tenues scolaires,le phénomène a reculé et les enseignants, tous les acteurs du système éducatif, ont applaudi. Nos écoles ne doivent pas être des centres d’exhibition. Attention! Je ne combats pas l’exhibition. Je dis que cela ne doit pas se passer dans nos écoles. Sinon, dans les bars et autres boîtes de nuit, des élèves peuvent marcher nues. Je m’en moque. Cela ne me dit rien. Je ne connais pas ces lieux. Mais, je connais le lycée qui, quoi qu’on en dise, devrait être un centre d’instruction et d’éducation, même si les enseignants trouvent la tâche d’éducation pratiquement impossible de nos jours. Ne baissons pas les bras.

Après la sortie du jeune bongal, ce qui m’a marqué, ce n’est pas l’expression. Je n’ai rien dit sur cela. Je ne dirai rien. J’ai seulement vu un groupe d’élèves dans un habillement pas scolaire courant un examen scolaire. Et je me dis que si nous leur demandons de bien s’habiller en classe, ils peuvent bien s’habiller les jours d’examen en venant avec leurs tenues scolaires puisque ce sont les mêmes enseignants qui quittent les classes pour les centres d’examen. Je n’ai pas non plus dit que les jeunes n’ont pas le droit à la liberté. Que j’aime la liberté. Mais, elle doit construire. Il y’a des libertés qui détruisent.

Au-delà de tout, le problème est très sérieux. Et paix à l’âme de ma grand-mère. Elle disait:” Les gens aiment l’idiot à condition qu’il ne soit pas membre de leur famille.”. Et c’est vrai. Qui éduque son fils pour être comme bongal le jour de l’examen? Qui est fier d’avoir un petit frère de ce genre à son âge? Ce n’est pas un jugement. Soyons honnêtes. Très peu de gens seront fiers de voir leurs fils s’exprimer comme ce petit en verlan ou je ne sais quoi, qu’il veuille devenir artiste ou comédien après ses études.

En réalité, on tente d’ériger un modèle qui n’est pas son modèle. On tente de fabriquer une star qu’on ne veut pas voir dans sa famille. Et c’est cela la société. Ils sont rares les parents qui diront à leurs fils: “Soit comme bongal et je serais fier de toi.”. Nos préjugés sont tenaces,mais nous tentons de les sublimer. C’est la véritable image de notre société. Le mal fait du bruit. Le bien passe sous silence.

Une éducation sans discipline, sans ordre, n’en n’est pas une.