Togo : la nouvelle Constitution au menu d’une rencontre entre une délégation de l’opposition et la mission de la CEDEAO

La mission d’information de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), présente à Lomé, a rencontré ce mercredi soir, une délégation des partis de l’opposition qui contestent la nouvelle Constitution du 25 mars. Une Constitution qui fait basculer le Togo du régime semi présidentiel au régime parlementaire.

Même si la mission d’information était circonscrite autour des élections législatives et régionales du 29 avril courant, dont la campagne électorale est actuellement en cours, les contestataires de la nouvelle Constitution ont pu évoquer cette question avec la délégation de la CEDEAO tout en lui exprimant leurs attentes.

« Nous avons clairement dit à la délégation qui nous a reçus, que la CEDEAO doit pouvoir se réhabiliter par son attitude envers le Togo. Et si la CEDEAO veut véritablement regagner le cœur des Togolais, elle doit faire quelque chose contre l’initiative de cette Constitution pour que le Togo puisse sortir du gouffre », a soutenu devant les médias Prof Komi Wolou, président du Pacte Socialiste pour le Renouveau (PSR) l’un des leaders de l’opposition togolaise reçus ce mercredi soir.

Plus tard, dans la matinée de ce jeudi 18 avril, le porte-parole du front « Touche pas à ma Constitution », également reçu mercredi soir par la délégation de la CEDEAO, a publié un communiqué signé par son porte-parole Nathaniel Olympio, président du Parti des togolais.

« Nous exhortons la CEDEAO à saisir cette opportunité pour poser les premiers jalons qui marqueront le début de sa marche vers la CEDEAO des peuples. Les Togolais en ont besoin, tout comme tous les autres citoyens de l’espace communautaire », a écrit Nathaniel Olympio soutenant que la CEDEAO a une dette envers le Togo pour avoir mal géré les précédentes crises qui ont jalonné la marche démocratique du Togo.

Nathaniel Olympio a relevé dans son communiqué avoir porté à la mission de la CEDEAO des anomalies du processus électoral actuel au Togo. Il a évoqué notamment « l’inscription sur les listes électorales » qui dit-il a été « escamotée », « le fichier électoral » qu’il qualifie de « non fiable », et l’élimination qualifiée de « fantaisiste » des listes de l’opposition.

– La mission de la CEDEAO n’a pas qualité à traiter de ces sujets

Pour le gouvernement togolais, la mission de la CEDEAO n’a vraiment pas qualité à traiter de ces sujets. « Mais après tout, chacun est libre de donner son opinion », a confié à Anadolu, Christian Trimoua, le ministre secrétaire général du gouvernement togolais, joint par téléphone.

« Nous savons tous que lorsqu’ils iront rencontrer la mission, ils diront toutes ces choses. Et nous savons aussi ce que la majorité au pouvoir va certainement leur dire. Après c’est à la mission de faire sa propre opinion sur les sujets et de mesurer concrètement ce qui se passe », soutient l’officiel togolais.

Mais précise-t-il, le rôle de la mission n’est « aucunement d’évaluer la qualité du processus. Leur rôle est de voir comment est-ce qu’ils doivent se déployer en mission d’observation. Puisque c’est que le gouvernement togolais qui le leur a demandé. Ils ne sont pas ici pour évaluer si l’organisation des élections est bonne ou pas. Ou si elle est réussie ou non (…) La mission d’observation, si la CEDEAO en déploie une, donnera son avis sur les élections, sa transparence, son équité le moment venu ».

« Une mission pré-électorale ne se prononce jamais sur ces sujets. Donc à la limite, l’opposition a beau leur dire tout ce qu’elle veut, ces éléments ne pourront même pas se refléter dans le rapport de la mission », a martelé Trimoua.

La mission d’information de la CEDEAO n’a encore dit mot à la presse pour l’instant. Elle assure le faire vendredi en fin de journée avant de quitter le Togo samedi.

Cette mission pour rappel est composée de sept membres et est dirigée par Maman Sambo Sidikou, ancien chef de la mission de l’Union africaine au Mali et au Sahel.

Dans un communiqué publié le 16 avril, la CEDEAO a précisé que « la mission entreprendra une évaluation pré-électorale conformément aux textes communautaires et ne s’engagera dans aucun processus comme indiqué dans un communiqué antérieur qui a été retiré ».

Agence Anadolu