Soum : «la population a décidé de revenir à la case départ pour permettre aux survivants de souffler» Dr Sidibé Sebgo

C’est sans doute la province la plus touchée par le fléau des attaques terroristes qui secoue le Burkina Faso depuis plusieurs années. La province martyr du Soum a subi de plein fouet les néfastes représailles des groupes armés.
Dans le souci de conjuguer les efforts pour venir en aide à leur localité, les ressortissants de la province du Soum se sont donné la main au sein du Groupe d’Action pour le Soum (GAS). Pour parler de l’association et de la situation sécuritaire et humanitaire dans la province, nous avons tendu notre micro au Dr Sebgo Rakiswendé Sidibé. Médecin généraliste, ressortissants du Soum et membre du GAS, le Dr Sidibé apporte des éclaircissements sur la situation de la province.

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ACTUALITE.BF: Parlez-nous du Groupe d’Action pour le Soum!

Dr Sebgo : Il s’agit d’une association qui est née le 20 avril 2020 à la suite des difficultés que le Soum traverse, afin de pouvoir venir en aide aux populations de la localité. L’association regroupe plusieurs personnes dont 15 membres actifs (hommes et femmes), et elle a pour président, Monsieur Amadoum DICKO. Il n’y a pas de conditions particulières pour adhérer à l’association. Il faut juste partager la vision du développement et du bien-être du Soum.

ACTUALITE.BF : Qu’en est-il des cas de réconciliations entre communautés du Soum, dont font cas certains médias?

Dr Sebgo : Il y a effectivement des des cas de réconciliations entre communautés dans la province du Soum. Depuis plus de cinq ans, la province subit les assauts du terrorisme. Ce qui a causé plusieurs victimes et a vidé la zone d’une grande partie de sa population. Le peuplement du Soum est surtout concentré à Djibo et à Arbinda. Sur les neuf secteurs de Djibo, on ne pouvait circuler librement que dans cinq secteurs, les quatre autres secteurs et les villages environnants étant des zones à risques. Quand on prend la commune d’Arbinda également, qui est la plus grande de la province, la quiétude était menacée à un rayon de 5 Km du centre-ville. Après cette souffrance, la population a réfléchi et a décidé de revenir à la case départ, pour permettre aux survivants de souffler un peu, d’où l’idée de se pardonner d’abord entre communautés sur place, avant toute chose. Il y a, entre autres, les communes de Tongomayel et de Pobé-Mengao où les gens se sont mis ensemble pour parler de réconciliation, et ça a fait l’objet de médiatisation.

ACTUALITE.BF: On a l’impression qu’il y a une accalmie dans le Soum. Est-ce la réalité ?

Dr Sebgo : Ce n’est pas une simple perception, mais il faut relativiser. Parce que, tant que tous les déplacés internes n’ont pas regagné leurs domiciles, on ne peut pas dire que le calme est revenu. Néanmoins, les attaques ne sont plus récurrentes comme dans le temps. Cela s’explique non seulement par le processus de réconciliation en cours, mais aussi par l’action des FDS et des groupes d’autodéfense. Mais au-delà de tout cela, il y a que la population n’est plus nombreuse dans les zones à risque, et les quelques hommes restants ont pu adopter des stratégies pour se prémunir du danger.

ACTUALITE.BF: Quelle est la situation humanitaire sur place, et comment s’organise la solidarité entre populations ?

Dr Sebgo : il faut beaucoup saluer la solidarité entre les populations. Les gens ont compris que ce qui arrive peut toucher n’importe qui, et que les victimes ne sont pas responsables du malheur qui leur arrive. Cette grandeur d’esprit a permis aux plus vulnérables de bénéficier de l’aide, partout où ils sont accueillis. En plus, il y a des bonnes volontés qui sont dans des grandes villes comme Ouagadougou, et qui s’organisent pour apporter aux victimes du soutien en vivres et autres, outre le secours des ONG et de l’Etat.

ACTUALITE.BF: Quelle sera la stratégie pour votre association dans les jours à venir, pour impacter positivement la vie des populations du Soum ?

Dr Sebgo : Nous allons continuer avec nos initiatives du début, tout en essayant de redynamiser certains aspects. Le Groupe d’Action pour le Soum, depuis 2020, a fait des dons de vivres à deux reprises. Maintenant, il faut essayer d’améliorer tout cela, avec plus d’efforts pour impacter d’avantage.

ACTUALITE.BF: Nous sommes au terme de notre entretien. Auriez-vous un dernier mot?

Dr Sebgo : le dernier mot, c’est de remercier tout ceux qui œuvrent pour le retour de la paix dans le Sahel. J’exhorte surtout les uns et les autres à la prière pour le retour définitif du calme au Burkina en général, et dans le Soum en particulier.

Interview réalisée par Nabi BAYALA