Situation nationale : “C’est vers l’hypothèque du pays que nous allons.” (Lookmann Sawadogo)

Ceci est une tribune du journaliste Lookmann Sawadogo.

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L’HYPOTHÈQUE NATIONALE !

On fait mieux la guerre dans la paix des cœurs. Au Burkina, nous sommes et menons la guerre divisés, ennemis l’un de l’autre, et dans les gueguerres.

Nous devons régler ce problème de la réconciliation et de la cohésion. Tant civile que militaire. Si nous voulons être efficaces sur le terrain.

Ensuite, il faut envisager sérieusement la guerre sous toutes ses formes possibles. L’option ultra militaire et exclusive est incertaine, et rien ne prouve qu’elle donnera des résultats d’ici là. En tout cas, 7 ans après, nous nous enlisons davantage malgré tous les efforts et le sacrifice extrême des FDS et des VDP.

Il faut courageusement aller à la négociation. Au Mali comme au Niger, il existe ces cadres de discussions. Cela n’exclut pas non plus l’engagement militaire là il le faut. Au moins, il y a des possibilités et des chances de sauver certaines situations et permettre à l’Etat de s’oxygéner et d’assurer certaines missions régaliennes vitales au profit des populations.

Un État pauvre et fragile comme le nôtre ne peut pas s’inscrire dans une guerre de longue durée. L’Etat finira par ne plus exister.

Dans mon dernier ouvrage intitulé « Pouvoir , Armée, Ethnie et religion : Comment éviter l’implosion ?», j’ai proposé l’ouverture d’un processus national de recherche de la paix. Ce cadre ouvert par l’Etat pourra convier officiellement les groupes armés internes à la table de discussions. Il faut amener tout le monde à la lumière.

Nous pourrions associer des partenaires influents sur la question tels que l’Algerie, le Qatar et l’ONU.

Notre pays ne pourra pas survivre à la guerre totale. Le commerce et l’agriculture vont devenir des ruines. Ce sont ces deux secteurs, agricole et commercial, qui font vivre plus de 90% des Burkinabè.

[Les terroristes] chassant les ruraux des terres et les investisseurs du pays, comment l’Etat peut-il avoir des ressources pour financer la guerre qui coûte très cher, par ailleurs.

Par exemple, pour neutraliser 10 terroristes sur 5 motos Aloba d’une valeur de 450.000/unité, nos drones armés vont employer des missiles coûtant entre 20 et 50 millions de francs. Nous pouvons faire le budget pour une seule semaine de tirs de missiles pour une moyenne de 3 tirs /jours.

Si aujourd’hui, le gouvernement fait des concessions de mines, réquisitionne des quantités d’or aux sociétés minières et offre des garanties souveraines, peut-être la deuxième fois après les indépendances, c’est parce qu’il y a un gouffre qui se creuse chaque jour de guerre qu’il faut pouvoir combler. Alors qu’il n’a pas le choix. Les bailleurs de fonds ont suspendu les aides au pays pour les raisons diplomatiques que nous savons tous. Mais également, parce que le Trésor est à sec. Pas d’argent dans les
caisses. L’activité économique étant presque aux arrêts, il n’y a pratiquement plus de recettes de douanes et d’impôts.

Les autorités du MPSR2 s’arrachent les cheveux pour trouver difficilement des finances pour faire face au besoin colossal de la guerre.
Mais pour combien de temps ? Même les cheveux finissent comme les mines aussi.
Posons-nous les questions suivantes, avant la fin de la guerre : Combien de garanties souveraines allons-nous distribuer ? Combien de quantités d’or allons-nous réquisitionner ? Combien de mines allons-nous céder par entente directe? Contre argent et contre du matériel militaire ? C’est vers l’hypothèque du pays que nous allons.

C’est pour cette raison qu’il faut convoquer tous les Burkinabè autour d’une table afin de trouver des solutions communes. Le « je », le « moi » sont morts au Burkina. Faisons leur deuil et changeons de logiciel. C’est le « nous » qui doit gouverner désormais pour notre grand bonheur.

Lookmann Sawadogo
Journaliste éditorialiste
Auteur