RDC : Une manifestation contre la force est-africaine violemment dispersée à Goma

La police congolaise a violemment dispersé, mercredi, une manifestation populaire contre l’inaction de la force régionale de la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC) déployée dans l’Est de la République démocratique du Congo pour combattre les groupes armés, dont le M23.

A l’appel des mouvements citoyens et autres groupes de pression, des dizaines de jeunes munis de banderoles ont manifesté sur la principale artère de la ville de Goma où la force régionale a installé son état-major.

La manifestation avait été interdite par le maire de Goma « pour ne pas jouer le jeu de l’ennemi », a-t-il indiqué dans un communiqué dont Anadolu a eu copie.

Ces troupes « jouent aux touristes et il ne sera pas question de l’admettre », a déclaré Floribert, un des manifestants joint au téléphone. « Ces troupes ne font rien depuis leur déploiement. Elles ont créé une zone tampon en lieu et place de traquer le M23 », s’est offusqué Géraldine, une militante ayant pris part à la manifestation.

Les protestataires ont été dispersés à coup de gaz lacrymogène par la police. Le mouvement citoyen lutte pour le changement (LUCHA) a dénoncé l’arrestation de cinq de ses militants.

« Ils doivent être relâchés immédiatement. Je dénonce la répression contre les journalistes qui ont couvert l’action », a déclaré Bienvenu Matumo, l’un des communicateurs du mouvement. L’ONG congolaise Journalistes en danger, partenaire des Reporters Sans frontières (RSF), a fait état de trois journalistes blessés lors de la manifestation.

Deux autres ont été « gardés au commissariat provincial de la police. Ils ont passé près de 4 heures dans une salle et entendus sur procès-verbal. Il leur était reproché d´avoir couvert une manifestation non autorisée », a déclaré Tuver Wundi, représentant de l’ONG dans la province du Nord-Kivu, dont Goma est le chef-lieu.

Le chef de la police dans cette province placée sous état de siège depuis 20 mois était en première ligne pour étouffer la manifestation, selon des images partagées sur les réseaux sociaux.

Les armées est-africaines ont été déployées depuis décembre dernier. Elles ont été placées sous commandement kenyan. Composé de plieurs milliers de soldats, le contingent devrait être complété par 750 militaires de l’armée sud-soudanaise attendus à Goma.

Ces troupes ont été déployées dans un contexte d’accusation mutuelle de soutien aux groupes armés entre la RDC et le Rwanda.

Sans combats, les rebelles du M23 ont cédé plusieurs localités sous leur contrôle aux troupes régionales, mais l’armée congolaise est interdite d’accès dans ces localités.

« Le retrait du M23 ne doit aucunement servir aux redéploiements des FARDC (armée congolaise) et de leurs supplétifs miliciens armés dans les zones confiées aux armées est-africaines », a déclaré Bertrand Bisimwa, président du M23. Les troupes disent travailler à l’application d’une feuille de route convenue en novembre dernier sous la médiation de l’Angola, laquelle ordonne un cessez-le-feu et le retrait du M23 des zones occupées.

La rébellion avait été défaite en 2013 par l’armée congolaise et les Casques bleus mais a repris les armes en fin 2021 reprochant à Kinshasa de ne pas avoir respecté les accords de paix, incluant l’intégration des combattants au sein des forces de sécurité.

Agence Anadolu