RDC : reçu par Tshisekedi, l’opposant Martin Fayulu propose de « créer un camp de la patrie »

L’opposant congolais Martin Fayulu a été reçu en audience par le président de la République démocratique du Congo, Félix Tshisekedi, jeudi au Palais de la Nation, a annoncé la présidence congolaise dans un communiqué consulté par Anadolu.

Martin Fayulu, qui était un farouche opposant de Tshisikedi réclamant la victoire à la présidentielle de 2018 et celle de 2023, a proposé au Président de mettre en place un « camp de la Patrie », compte tenu des défis majeurs auxquels le pays est confronté.

« Le pays est dans une passe très difficile. Nous sommes attaqués de partout. Nous avons besoin de la cohésion nationale. Je suis venu pour lui dire que nous n’avons pas 36 solutions. Nous devons créer un camp de la patrie », a déclaré Fayulu à l’issue de l’entretien qui a duré deux heures, selon la présidence congolaise.

« Avec toutes nos crises : crise sociale, crise politique et crise sécuritaire, la solution est un dialogue social », a-t-il ajouté.

Fayulu a également demandé au Président de « rencontrer les Évêques de la Cenco (Conférence épiscopale nationale du Congo, NDLR) et les pasteurs de l’ECC (Église du Christ au Congo) afin de voir ensemble ce pacte social qu’ils proposent ».

Cet entretien Tshisekedi – Fayulu intervient à peine quelque 72 heures après la demande formulée par l’opposant de rencontrer le Président, afin d’éviter « la balcanisation » du pays.

“Le Congo vit les heures les plus sombres de son histoire », avait déclaré Fayulu, appelant à une mobilisation patriotique pour “stopper cette désintégration” en allusion aux événements survenus dans l’est du pays au cours des derniers mois.

Fayulu a appelé l’ancien président Joseph Kabila, qui est rentré dans le pays par la ville de Goma, à quitter cette ville qu’il qualifie d’“occupée avec la complicité de forces ennemies”.

« Le sang congolais ne peut plus couler avec votre complicité. Aucune ambition ne vaut le prix de la souffrance de tout un peuple », t-il déclaré, dénonçant les compromissions et appelant au patriotisme et au dialogue direct.

Tshisekedi a favorablement réagi à cette main tendue de Fayulu saluant son patriotisme et son sens de l’engagement pour la cohésion nationale et affirmé « sa disponibilité à le rencontrer pour sauver la République de la prédation qui menace nos institutions et notre intégrité territoriale », selon une déclaration de Tina Salama, porte-parole du chef de l’Etat.

Ces développements interviennent alors que les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu sont contrôlées par la rébellion du M23/AFC, un mouvement créé en 2012 par des militaires dissidents de l’armée congolaise.

Après une brève montée en puissance, ce mouvement a été défait en 2013 par les Fardc, appuyées par les Casques bleus de la Monusco. Cependant, le M23 a repris les armes en 2022, s’emparant de plusieurs villes, dont Goma et Bukavu.

Les hostilités ont provoqué une importante vague de déplacement des populations et une crise humanitaire sans précédent dans l’est du pays.

Agence Anadolu