L’ancien président congolais Joseph Kabila (2001-2019) a été condamné mardi par défaut à la peine de mort par la haute cour militaire de la République démocratique du Congo, qui l’a jugé coupable de crimes de guerre et de trahison pour sa complicité présumée avec la rébellion de l’AFC/M23.
Le verdict, prononcé à Kinshasa après près de trois mois de procès, retient contre l’ex-chef de l’État une série d’infractions : viol, meurtre, complot, apologie ou propagande de crimes de guerre, organisation d’un mouvement insurrectionnel et participation criminelle avec l’AFC/M23. « La haute cour militaire déclare Joseph Kabila coupable et le condamne à la peine de mort », a annoncé le Lieutenant-général Joseph Katalayi, premier président de la juridiction.
Cette condamnation intervient alors que le M23, appuyé selon Kinshasa par le Rwanda, s’est emparé depuis janvier de deux grandes villes de l’Est congolais et contrôle plusieurs territoires stratégiques dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu. Les juges estiment que l’ancien président aurait entretenu des liens directs avec ce mouvement rebelle.En plus de la peine capitale, M. Kabila a été condamné à verser 29 milliards de dollars de dommages et intérêts à l’État congolais, ainsi que 2 milliards à chacune des deux provinces de l’Est qui s’étaient constituées parties civiles à savoir le Nord-Kivu et le Sud-Kivu.Toutefois, la cour a précisé que les biens du condamné ne seraient pas saisis, rappelant que les infractions retenues ne prévoyaient pas la peine complémentaire de confiscation.
Le procès, ouvert en juillet, avait été boycotté par M. Kabila, installé à l’étranger, qui n’a ni comparu ni mandaté d’avocat. Le parti de l’ancien président a dénoncé un « procès bidon » visant à éliminer un adversaire politique.Les accusations de l’auditeur général et des parties civiles se sont appuyées sur des articles de presse internationale, des rapports d’ONG, ainsi que sur des discours et interviews attribués à M. Kabila et à ses collaborateurs. Le verdict devait initialement être rendu le 12 septembre, mais avait été repoussé, les parties civiles affirmant disposer de nouveaux témoignages. Ces derniers témoins ne se sont finalement pas présentés.
La condamnation de Joseph Kabila, figure majeure de la vie politique congolaise et ancien successeur de Laurent-Désiré Kabila, constitue un tournant inédit dans l’histoire judiciaire du pays, où jamais un ex-président n’avait été jugé ni condamné à une telle peine.
Agence Anadolu
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