RDC : Joseph Kabila sort de son silence et accuse le pouvoir en place d’avoir « dilapidé » l’héritage de l’alternance

L’ancien président de la République démocratique du Congo (RDC), Joseph Kabila, est sorti vendredi de son silence, six ans après avoir quitté le pouvoir, pour dénoncer la “dérive dictatoriale” du pouvoir en place et appeler à un “sursaut patriotique” afin de sortir le pays de la “crise multidimensionnelle” qu’il traverse.

Dans un discours solennel à la nation enregistré depuis l’étranger et diffusé sur internet, Kabila a affirmé que la RDC est aujourd’hui un “État failli”, victime d’une gouvernance caractérisée par “le populisme, la démagogie, le tribalisme et le népotisme”, et dans laquelle la Constitution est “ouvertement bafouée”.“Le pays est de nouveau à la case départ”, a-t-il déploré, pointant une “tyrannie” où “la volonté d’un seul homme” prime sur les institutions.Il accuse le président actuel – sans le nommer – d’avoir orchestré un “coup d’État institutionnel” en décembre 2020 et d’avoir “vidé les institutions de leur substance” démocratique.

Revenant sur la coalition formée après l’alternance de 2019, Joseph Kabila a défendu sa bonne foi, rappelant que l’accord conclu visait à assurer la stabilité et un fonctionnement harmonieux de l’État. Il dénonce aujourd’hui un “reniement” de cet esprit, accompagné “d’atteintes à la justice, à l’économie, à la cohésion nationale et à la sécurité”.Kabila s’est également insurgé contre les violences à l’est du pays, qu’il qualifie de “terrorisme d’État” et de “crime contre l’humanité”, citant notamment les massacres de Makala, de Goma et de Kilwa.Face à ce qu’il décrit comme un effondrement des institutions, l’ancien chef de l’État appelle à la mobilisation autour d’un “pacte citoyen” articulé autour de douze engagements, dont la “fin de la dictature”, le “retrait des troupes étrangères”, la relance du dialogue régional et la restauration de la démocratie.

“Le Congo vaut mieux que la caricature qu’en donnent ses dirigeants actuels”, a-t-il déclaré.“Le Congo mérite mieux que cette politique extérieure, faite de jérémiades et de mendicité”, a-t-il ajouté, concluant sur un engagement personnel à “jouer sa partition” dans la reconstruction du pays.Les autorités n’ont pas souhaité réagir dans l’immédiat.M. Kabila s’est exprimé au lendemain de la levée de ses immunités à la demande du procureur général militaire qui l’accuse de collision avec la rébellion du M23/AFC soutenue par le Rwanda.

L’action des autorités avait été enclenchée en mars dernier après une rumeur annonçant le séjour de Kabila à Goma, actuel fief des rebelles. Dans son discours, Kabila a assuré n’avoir pas été à Goma, mais a promis de s’y rendre prochainement.Les autorités congolaises n’ont pas encore réagi à ce discours.

Agence Anadolu