[ Portrait ] KIO, le photographe 2.0 qui casse les codes

Au Burkina, il y a eu une Révolution politique en 2014. La Révolution artistique, elle, est en cours. Musique, cinéma, littérature, architecture,… ça bouge dans tous les domaines artistiques. Et la photographie n’est pas en reste dans cette marche accelérée. Hassane KIO est l’une des figures de la photographie de 4ème génération. Nous lui avons rendu visite à domicile, dans le quartier Cissin de Ouagadougou, le 08 mai dernier. Après un riche entretien, voici le portrait que nous dressons du jeune KIO!

Hassane KIO

Il est discret, rangé, et a l’imagination fertile. L’innovation et l’audace pourraient être son crédo. Originaire du Boulkiemdé dans le Centre-Ouest du Burkina, et né à Abidjan en Côte d’Ivoire, Alassane KIONON dit Hassane KIO est un photographe de profession, gérant d’une agence de communication audiovisuelle. Un photographe de la nouvelle génération qui rompt avec une image traditionnelle du métier, pas toujours séduisante. Faire de la phorographie un art, une entreprise et, pourquoi pas, un empire : KIO est dans cette lancée.

Après ses études secondaires en République de Côte d’Ivoire, il décide en 2010 de rentrer au Burkina Faso pour faire l’université. Il passe deux années en faculté de droit à l’Université de Ouagadougou, puis opte de faire une licence en communication, dans une université privée. Et, à la suite d’un stage, Hassane réussit à décrocher un contrat dans une agence de communication, en tant que chargé d’affaires.

En 2016, il décide de se lancer à son propre compte avec la création d’une agence de communication. De là, comment l’idée vient-elle à KIO de se lancer dans la photographie ?

Hassane faisait des photos, mais il n’était pas photographe professionnel. En 2015, après avoir démissionné de l’entreprise de com pour un projet qui n’a finalement pas eu lieu à cause du putsch manqué, il se retrouve sans emploi. Malgré tout, il était souvent sollicité pour des prises d’images. Alors, KIO pousse la réflexion en se disant : «Si on me demande autant de réaliser des photos alors que je ne suis pas photographe, c’est que je peux devenir photographe, je peux faire de cette passion un métier! »  C’est alors qu’il commence à s’autoformer, puis à s’affirmer comme un photographe professionnel qui œuvre dans l’évènementiel et dans la réalisation de portraits. Mais les cibles de KIO, ce ne sont pas seulement les mariages. Il fait également des photos corporates et des reportages photos pour les ONG et d’autres organisations.

La photographie, un métier menacé par l’évolution du numérique? “Négatif!” , répond KIO. Pour lui, avec toutes les évolutions en cours, le métier de photographe demandera plus d’exigences de la part de ceux qui l’exercent. Il explique : « Ça sera à nous de faire la différence par nos œuvres. Ça revient aux photographes de se perfectionner, d’améliorer leur travail. Même avec l’apparition des smartphones qui font des images de bonne qualité, je ne pense pas que ce métier soit menacé. Il y aura toujours des clients qui vont vous demander des photos professionnelles prises avec des appareils professionnels, pour la simple raison qu’il y a une qualité, un rendu qu’un téléphone ne peut pas assurer».

Hassane KIO affirme avoir appris la photographie sur le tas. Mais dans la pratique, c’est beaucoup de tutoriels qu’il a suivis, soit des cours en ligne avec des professionnels en Europe, soit des vidéos sur YouTube. D’où cette réflexion : « Ce serait bien qu’il y ait des programmes d’enseignement de la photographie dans les instituts et écoles de communication. C’est vrai que tout le monde ne deviendra pas photographe professionnel, mais connaître les bases de la photographie pourra apporter un plus à un étudiant ou à un spécialiste de la communication ».

Des difficultés, ils n’en manquent pas dans le domaine de la photographie. KIO relève que la plus courante, c’est l’ignorance de certaines personnes. Pour beaucoup de Burkinabè, dit-il, la photographie n’est pas un métier à proprement dit. Bon nombre de personnes, selon ses observations, pensent qu’on est photographe parce qu’on a échoué à l’école, ou parce qu’on n’a rien à faire Ces gens ne verraient pas la photographie comme un métier qui nourrit son homme. Notre hôte ajoute : « Quand vous allez parfois sur le terrain, il y a un certain mépris pour le photographe et son metier. Des gens n’arrivent toujours pas à comprendre que c’est un métier noble qui nourrit son homme. Mais il y a un adage ivoirien qui dit que si tu te vends moins cher, on te prendra à crédit ».

C’est dire : Tout dépend de l’attitude du photographe, de comment il se présente et présente son travail. Hassane KIO et son équipe mettent en effet le paquet, sur le fond et sur la forme. Investissements dans les appareils, bureaux bien amenagés, habillements respectables, moyens de déplacement, page facebook, cartes de visites, accueils et marketing, …tout est fait en pro!

Notre photographe professionnel nous explique une anecdote qu’il a vécue lors d’un mariage à Ouagadougou. Après avoir pris des images, il a demandé à son équipe d’embarquer pour rejoindre le domicile du couple. C’est en ce moment qu’il a entendu le parqueur de la mosquée s’exprimer en Mooré : « Ça, ce n’est pas n’importe quel mariage. Même le photographe a une voiture!».

Le parqueur, fait remarquer KIO, était étonné de voir un photographe qui roule en voiture, parce qu’il a l’habitude de voir des photographes qui viennent à moto ou à vélo. « Ce sont des préjugés que les gens ont des photographes », souffle-t-il.

Hassane KIO a en projet des expositions photos. En dehors de cela, il manque d’assez de temps pour l’élaboration de projets personnels. « Quand je prends mon calendrier, il est hyper chargé. Par exemple, nous sommes en Mai, alors que Décembre 2021 et Janvier 2022 sont des périodes déjà réservées depuis un an. Donc, il est difficile de programmer quelque chose pour moi-même », confie-t-il.

KIO a terminé par des conseils pour ceux qui veulent se lancer dans la photographie. Règle numéro 1 : « Ne vous lancez pas dans la photographie si vous n’êtes pas passionnés. Parce que c’est un métier d’art. Si vous venez faire la photographie juste pour gagner de l’argent ou certaines notoriétés, vous n’allez pas pouvoir satisfaire le client.”

Règle numéro 2 : “Si vous pratiquez déjà la photographie, prenez le temps de suivre une bonne formation, soit dans une école, soit aux cotés de vos devanciers. Sur internet également, il y a des tutoriels. Il faut apprendre, et continuer d’apprendre ».

Réslisé par Souleymane ZOETGNANDE

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Contact Whatsapp de Hassane KIO : (+226) 74553140