Perturbations au lancement du Front Patriotique : le témoignage du journaliste Ange Gabriel Kambou

Ceci est un témoignage publié par le journaliste Ange Gabriel Kambou, suites aux perturbations lors de la cérémonie de lancement du Front Patriotique.

Ce matin j’étais au lancement du mouvement Front Patriotique en tant que journaliste reporter d’images. J’arrive sur les lieux autour de 11h. A l’entrée je croise deux véhicules de la CRS remplis de policiers qui rentraient dans la cour du Centre Cardinal Paul Zoungrana. Une fois dans la cour, je constate qu’il y avait d’autres policiers et aussi un petit groupe de jeunes. Je gare et cherche le bâtiment où se tient l’activité.

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Caméra au cou, trépieds et carte d’invitation à la main, j’arrive devant le bâtiment. A la porte d’entrée de la salle, une petite bousculade est en cours. Les esprits se chauffent. Un monsieur nous lance : « la porte est fermée. Plus personne ne peut rentrer. Nous demandons aux journalistes de quitter la porte parce que c’est nous qui les avons invités et nous sommes responsables de leur sécurité. Si eux ils quittent la porte, nous verrons comment gérer les perturbateurs ».

Trois confrères et moi, nous nous retirons de côté pour causer et suivre l’évolution de la situation. Pendant notre causerie, un jeune homme, baraqué et barbu, les bras tatoués et encadré par deux loubards, passe et salue un des nôtres. Le confrère qu’il a salué nous fait savoir que c’est « un député de l’ALT ». Quand il arrive à la porte, il veut forcer pour rentrer. Le niet des portiers est catégorique. Le “député” s’énerve, insulte et invite un des portiers à venir le rejoindre pour en découdre s’il est garçon. Quelques kôrôs présents réussissent à le maîtriser et le traînent un peu loin de la porte. Il a son téléphone à l’oreille, il communique sans cesse.

A la question de savoir pourquoi les policiers n’interviennent pas pour maîtriser les perturbateurs, on nous répond que la police dit qu’elle n’est pas là pour sécuriser la cérémonie. Ah oui ? Mais elle est là pour quoi alors ?
Face au spectacle détestable de ce “député”, une tristesse subite me saisit. Les questions fusent : ce type est vraiment membre de l’ALT ? Pourquoi veut- il forcer pour rentrer ? Des gens qui organisent leur activité dans un endroit clos, ce n’est pas sur la place publique, en quoi ça vous dérange et vous venez pour perturber? Plus je le regarde, plus je le préfère dans le rôle d’un chef de gang qui sème la terreur dans le quartier.


Nous poursuivons notre causerie d’analyse de la situation et du danger dans lequel nous glissons tout doucement avec ce genre de comportements. Entre temps, je décide de faire le tour de la cour pour prendre le pouls de la situation. Ce tour me conduit jusqu’au dehors où je m’installe dans un kiosque en face de l’entrée du centre Cardinal Paul Zoungrana.
Il est midi et demi. Nous voyons des gens sortir. On se dit ouf, la cérémonie est finie. A peine avons- nous fini de soupirer que nous voyons un mouvement de foule paniquée et courant dans tous les sens. Courez ! Dégagez ! Je déclenche ma caméra. Je filme. Le mouvement de foule arrive à la porte. Je vois le fameux “député” en sandwich entre ses loubards et les autres jeunes décidés à en découdre enfin avec lui. Une fois sorti de la cour, un véhicule de la police se met en branle pour bloquer la foule et permettre aux éléments d’extirper le “député” bagarreur.
Comment la bagarre a commencé ? A la fin de la cérémonie, le membre de l’ALT et sa troupe ont tenté d’agresser l’ancien PAN Alassane Bala Sakandé. Sa sécurité s’interpose et réussit à lui permettre de s’engouffrer dans sa voiture qui démarre en vitesse. Les autres jeunes qui assuraient la sécurité de la cérémonie décident aussi de bander les muscles…
Nous avons frôlé le pire. Mais heureusement, la sagesse a pris le dessus !
De retour à mon bureau, je lis des publications et des vidéos présentant la scène comme celle d’une distribution de billets de banque qui a dégénéré parce que certains n’ont pas eu. Seigneur ! Non contents d’avoir échoué à perturber et à salir la cérémonie, ils transforment cette scène honteuse qu’ils ont eux-mêmes créée comme celle d’une distribution d’argent ? Et des pseudo web-activistes avides de notoriété partagent cela pour intoxiquer la population ?
C’est simplement minable, exécrable.