L’écrivain kényan Ngũgĩ wa Thiong’o est décédé à l’âge de 87 ans le mardi 28 mai 2025 à Buford aux États-Unis. Figure majeure de la littérature africaine, il laisse derrière lui une œuvre immense et un message fort : « écrire en langues africaines est un acte de liberté ».
Ngũgĩ wa Thiong’o, de son vrai nom James Ngugi, est né en 1938 au Kenya, alors colonie britannique. Il a grandi dans un contexte de lutte pour l’indépendance, une période qui a profondément marqué ses écrits. Dès les années 60, ses romans « Weep not, child », « The River Between » ou encore « A Grain of Wheat » attirent l’attention. Il y dénonce l’héritage du colonialisme et donne la parole aux opprimés.
Mais c’est dans les années 70 qu’il marque un tournant : il choisit d’écrire en kikuyu, sa langue maternelle, pour lutter contre l’influence culturelle occidentale. Une décision radicale qui le mène en prison en 1977, après une pièce de théâtre jugée subversive.
En détention, il écrit « Devil on the Cross »… sur du papier hygiénique. Une œuvre devenue symbole de résistance intellectuelle.
Ngũgĩ passe ensuite à l’exil, notamment aux États-Unis où il devient professeur à l’Université de Californie. Il continue de publier, en kikuyu comme en anglais, des romans, essais et pièces, dont le célèbre « Decolonising the Mind », un texte fondamental pour la décolonisation des savoirs.
Sa disparition a suscité une vive émotion à travers l’Afrique. Le président kényan William Ruto a salué « un géant des lettres kényanes ». L’opposant Raila Odinga parle d’« une bibliothèque qui s’éteint ». Wole Soyinka, prix Nobel nigérian, a rendu hommage à « sa foi inébranlable en la langue comme arme de libération ».
Source : africaradio.com
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