Des jeunes Marocains issus de la « génération Z » ont réclamé vendredi la démission du gouvernement, après six jours de manifestations dans plusieurs villes du pays pour exiger « une réforme de l’éducation et de la santé ainsi que la lutte contre la corruption ». Le gouvernement a, de son côté, réaffirmé sa disposition au dialogue et sa compréhension des revendications.
Ces demandes ont été formulées dans une lettre adressée au roi Mohammed VI, dont le texte a été diffusé sur les réseaux sociaux.
Jeudi, le porte-parole du gouvernement, Mustapha Baitas, a déclaré lors d’une conférence de presse que l’exécutif était « prêt à entamer un dialogue avec les jeunes » et qu’il « attendait que l’autre partie présente sa vision afin de compléter le tableau ».
Dans leur message au souverain, les jeunes ont demandé « la destitution du gouvernement actuel » en raison de « son incapacité à protéger le pouvoir d’achat des Marocains et à garantir la justice sociale ». Ils ont également appelé à « l’ouverture de procédures judiciaires impartiales pour sanctionner les corrompus, et à l’activation de mécanismes de contrôle et de reddition des comptes, quel que soit le rang des personnes impliquées ».
Ils ont en outre réclamé « la dissolution des partis politiques liés à des affaires de corruption, l’égalité des chances pour les jeunes en matière d’éducation, de santé et d’emploi, loin du clientélisme et du favoritisme, ainsi que le renforcement de la liberté d’expression, du droit à la protestation pacifique et la libération de tous les détenus en lien avec les mouvements sociaux ».
Les protestations sont menées par des jeunes nés entre le milieu des années 1990 et le début des années 2000, en pleine révolution numérique et essor d’Internet.
Jeudi, le ministre de l’Emploi, Younes Sekkouri, a estimé lors d’une conférence de presse tenue avec trois autres ministres que « le message des jeunes est passé », tout en reconnaissant la difficulté d’engager un dialogue avec les manifestants.
Ces derniers jours, les autorités ont interdit plusieurs rassemblements prévus notamment à Tanger, Tétouan (nord) et Oujda (nord-est), provoquant des accrochages entre forces de l’ordre et protestataires, selon des témoins.
Les manifestations ont dégénéré en affrontements avec les forces de sécurité, faisant trois morts parmi les protestataires et 640 blessés dont 589 membres des forces de l’ordre, selon le ministère de l’Intérieur jeudi.
Le ministère a ajouté que plus de 70 % des participants étaient mineurs et avaient eu recours à « des armes blanches, des jets de pierres, l’explosion de bonbonnes de gaz et l’incendie de pneus ».
Il a également fait état de « dégradations et pillages ayant touché environ 80 établissements administratifs, sanitaires, sécuritaires, collectivités locales, agences bancaires et commerces dans 23 provinces ».
Jeudi encore, le secrétaire d’État Abdeljabbar Rachidi a réaffirmé lors d’une conférence de presse que « la main du gouvernement reste tendue et prête au dialogue » et que l’exécutif souhaitait « transférer le débat du virtuel vers les institutions ».
« Nous n’allons pas nous limiter à écouter les revendications, a-t-il ajouté, mais nous sommes disposés à définir un agenda et à mettre en œuvre des engagements après avoir entendu les différentes expressions de la jeunesse ».
Dans ce climat que des observateurs jugent comme « le plus violent depuis des années », le gouvernement avait déjà annoncé mardi sa « disponibilité à répondre de manière positive et responsable aux revendications sociales ».
Source : Agence Anadolu
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