Mali : les enseignants entament une “désobéissance civile” dès lundi

La Synergie des syndicats des enseignants maliens, a décidé d’entrer en “désobéissance civile” en fermant les structures de l’éducation sur toute l’étendue du territoire à partir de ce lundi 9 août, jusqu’à nouvel ordre.

Les enseignants entendent protester ainsi contre ce qu’ils appelaient, dans une circulaire, « la violation flagrante des droits fondamentaux des citoyens, la volonté manifeste du pouvoir en place de ne pas appliquer la loi de la République, le non-respect du statut des enseignants, les intimidations et menaces du gouvernement à l’égard des enseignants mais aussi la violation de l’espace scolaire par les forces de l’ordre dans certaines localités du Mali ».

Ce mouvement de désobéissance, déclenché à moins d’une semaine des épreuves écrites du Diplôme d’Etudes Fondamentales (DEF), se traduira, selon la lettre circulaire, par le déploiement en masse des enseignants dans les structures éducatives en demandant à leurs chefs de fermer et en invitant les enseignants à la non-provocation des forces de l’ordre.

La Synergie a, en outre, demandé aux enseignants de ne pas répondre en cas de provocation de la part des forces de l’ordre.

Cette décision de “désobéissance civile” intervient après deux jours de l’échec des négociations avec le gouvernement.

Jeudi, Mme Sidibé Dédéo Ousmane, ministre de l’Education nationale, a annoncé dans un communiqué, que les enseignants ont abandonné les négociations avec le gouvernement pour la deuxième journée consécutive.

Raison évoquée, selon le document, les syndicalistes se sont retirés à la suite du passage de la ministre de l’Education nationale qui était venue saluer la commission de conciliation et les syndicats et leur témoigner de sa disponibilité dès que besoin se fera.

Mercredi, les syndicats n’ont pas souhaité participer aux échanges pour non signature de l’arrêté qui légalise la tenue des travaux de conciliation, a indiqué la ministre, en ajoutant que cela fait suite à l’arrestation de leurs militants à Yanfolila, au sud du pays, qui avaient tenté d’empêcher la tenue de l’épreuve d’EPS (Education Physique et Sportive).

Ces enseignants ont, donc, été interpellés par la gendarmerie nationale qui assurait la sécurisation de cet examen a précisé Sidibé Dédéo Ousmane.

Elle a, en outre, rappelé qu’après des concertations, les enseignants en question ont été remis en liberté.

Le gouvernement lance, suite à cela, un appel à candidature pour la surveillance des épreuves écrites du Diplôme d’Etudes Fondamentales (DEF), prévues du lundi 16 au mercredi 18 août ainsi que pour le baccalauréat du 23 au 28 du même mois.

Pour la rémunération de la surveillance des examens, le ministère de l’Education a alloué aux volontaires 4000 francs CFA, (7,17 dollars américains).

La Coordination des Associations et ONG féminines “CAFO” a appelé, samedi, à la télévision nationale les deux parties à un dialogue franc afin de sauver l’année scolaire.

“La crise que traverse l’école malienne en ce moment, si on ne prend pas garde, risquerait de mettre en péril les évaluations finales de l’année 2021 prévues à partir du 12 août prochain”, avait indiqué Dembélé Ouleymatou Sow présidente de la CAFO.

“A cet effet, on appelle au bon sens des enseignants en grève pour éviter le chaos scolaire pouvant impacter drastiquement la vie de nos enfants”, a déclaré la responsable de CAFO en invitant le gouvernement à un dialogue franc pour une sortie de crise honorable.

La Synergie proteste contre l’harmonisation de la grille salariale des fonctionnaires et exige l’application de l’article 39 accordant 15,17% d’augmentation sur les salaires des enseignants.

Agence Amadolu