Présentatrice vedette de télévision, influenceuse sur les réseaux sociaux et femme d’affaires, Emilie Dioma vient de franchir une nouvelle étape en intégrant le monde du cinéma avec brio. Elle a incarné Manuella, une femme victime de violences conjugales, dans Ça suffit, un film réalisé par Alimata Ouedraogo alias Sofia. L’œuvre, en compétition officielle au FESPACO 2025, a été projetée ce 25 février, et l’actrice n’a pas caché son émotion et sa reconnaissance.
À la sortie de la projection, elle a tenu à souligner l’importance de l’équipe qui l’a accompagnée tout au long du tournage. « Non, ce n’est pas un vécu. Mais je pense que j’étais entourée d’une très belle équipe après plusieurs formations. Ah oui, et je n’étais entourée que d’icônes du 7e art, tel que mon mari (dans le film) Gérard Ouedraogo, qui est vraiment, je dirais, un monument dans le cinéma. Donc, je pense que c’est grâce à toutes ces personnes qui m’entouraient que j’ai pu vraiment bien incarner mon rôle en tant que l’épouse Manuella », a-t-elle laissé entendre.
Si cette première expérience en tant qu’actrice principale a été une réussite, Emilie Dioma ne cache pas qu’elle a dû faire face à de nombreuses difficultés. Elle confie avoir vécu un tournage souvent éprouvant. « Je vais vous faire une confidence, c’était pénible. Quand je dis pénible, j’ai eu à apparaître dans plusieurs autres projets en tant qu’actrice principale ou figurante, mais pour moi, ce n’était pas aussi pénible que ça… Je pense que c’est la première fois que je joue vraiment dans un film», a-t-elle avoué.
Pour parvenir à incarner son personnage avec justesse, elle a dû suivre une formation intensive. « J’ai fait au moins deux ou trois mois de formation dans le centre de Gérard Ouedraogo. Il a un centre où il me faisait former, même comment m’exprimer, je vous promets que j’ai dû apprendre à le faire avec eux. C’est comme un bébé qu’on a pris dans le berceau et on m’a appris tout ».
En plus de cette formation rigoureuse, les longues journées de tournage ont mis sa résistance à l’épreuve. « On pouvait arriver là-bas vers 5h du matin et rentrer chez nous peut-être après minuit. Et à un moment donné, je pense au 12e ou 15e jour, j’ai dit à ma grande sœur : « Si ce n’était pas que le cachet était bon, j’allais abandonner. Ah non non non, j’allais abandonner parce que c’était un gros travail. » », confie-t-elle.
Malgré ces difficultés, elle se félicite d’avoir le bon retour des cinéphiles et aussi d’avoir été justement rémunérée. « C’est plus tard que j’ai compris pourquoi ma réalisatrice m’a si bien payée. Elle savait ce qui m’attendait, moi je ne savais pas ».
Interrogée sur la possibilité d’une carrière dans le cinéma, elle répond avec franchise : « Tout dépendra. Si jamais j’ai des propositions – ce que j’attends fermement – et que c’est bien payé, bien évidemment que je le ferai avec beaucoup de plaisir, parce qu’il faut vivre».
Au-delà de son rôle d’actrice, Emilie Dioma a profité de cette tribune pour faire passer un message fort sur le respect du consentement dans la société africaine. « Le premier message que j’ai envie d’adresser, c’est aux hommes. Il est temps que la société africaine comprenne que lorsqu’une femme dit non, c’est non. »
Elle insiste sur le fait que même dans un couple, une femme a le droit de refuser une relation intime. « C’est vrai qu’il existe le devoir conjugal, mais admettez qu’il y a des moments où on est fatigué, où on n’a pas envie. Oui, ne pas avoir envie, c’est normal. On n’a pas envie, on n’a pas envie. Et quand une femme dit non, c’est non. On n’a pas le droit de l’obliger. Il faut que ça cesse », a-t-elle déclaré.
S’adressant ensuite aux femmes, elle les encourage à ne pas rester dans le silence face aux violences. « N’hésitez surtout pas à dénoncer toutes ces personnes-là. Je n’ai pas envie de dire le mot de violeur, excusez-moi pour le terme, mais il faut dénoncer ces personnes-là. Et il est inadmissible que lorsqu’on part pour déposer une plainte en cas de viol, notre plainte ne soit pas acceptée. Peu importe qui nous a violées, on a le droit de porter plainte et notre plainte doit être obligatoirement reçue », a-t-elle conseillé
Avec cette prestation remarquée et ses prises de position engagées, Emilie Dioma a marqué les esprits. Si elle reçoit les propositions qu’elle attend, et surtout si elles sont « bien payées », le cinéma pourrait bien compter sur elle encore longtemps.