Le PF à l’ONU : “une ballade” à près du demi-milliard de francs pendant que le peuple meurt de faim, selon Abdoulaye Barry

Ceci est une tribune du journaliste Abdoulaye Barry sur la participation du Burkina Faso à la 77e Assemblée Générale des Nations Unies. Le titre d’origine est : “Assemblée générale de l’ONU : Balade touristique à Manhattan!”

Inutile, coûteuse, inopportune, injustifiable…cette balade touristique, à grands renforts de publicité médiatique!
C’est tout le Burkina des nouveaux « envoyés de Dieu » par « un coup d’état béni, démocratique et salvateur » qui
était à la 77e Assemblée générale de l’ONU.
Seuls sont restés au pays le peuple des résignés et les déplacés internes en errance du nord au sud et d’est en ouest.
C’est la première fois dans l’histoire politique du pays que les deux têtes de l’exécutif se retrouvent à ce grand rendez-vous de la parlote.

Le Premier ministre n’est rentré que jeudi à 19h 55 par un vol commercial d’Air France après avoir conduit une délégation forte de 14 personnes aux Nations unies.
C’est également une grande première que le pays débarque avec autant de personnes à l’Assemblée générale de l’ONU.
Selon les servives de l’aviation civile américaine, la délégation du Président de la transition était forte de 18 personnes à son atterrissage à l’aéroport John F. Kennedy à bord d’un appareil saoudien. On comprend maintenant pourquoi la ministre des Affaires étrangères était récemment à Ryad en Arabie Saoudite.
Au passage, des sources diplomatiques saoudiennes nous confirment une visite, dans les prochains jours, du Président de la transition en Arabie Saoudite.
Passons sous silence ces détails du contenu du message dont était porteuse Dame Olivia à Ryad.

Quatre précurseurs, composés de trois officiers et d’un sous-officier avaient précédé la délégation présidentielle à New-York.
Quant à la ministre des Affaires étrangères, l’héroïne des putschistes est arrivée flanquée même de son majordome au nom du rayonnement de la diplomatie burkinabè.
Outre le majordome, elle était accompagnée de deux assistants, du Secrétaire général, de la directrice générale en charge de la coopération multilatérale etc.
Selon des sources proches de la représentation diplomatique à New-York, la liste totale de la délégation du ministère des Affaires étrangères est de 33 personnes.
Certains « missionnaires » resteront aux USA jusqu’au 18 novembre.

Le Président de la Transition, le Premier ministre et la ministre des Affaires étrangères ont voyagé, chacun avec son groupe de journalistes.
Ce qui fait que la rtb se retrouve avec trois envoyés spéciaux au cœur du grand événement.

Au bas mot, la 77e Assemblée générale des Nations unies pourrait coûter au contribuable burkinabè un demi milliard dans un pays où il y’a quelques jours la population abandonnée de Titao se nourrissaient de « chasse, de pêche et de cueillette ».
Tout simplement parce qu’elles n’avaient rien à mettre sous la dent.
C’est vraiment une percée diplomatique en pleine trouée terroriste.

Quels sont les dividendes de cette rencontre pour le pays ?

Les nouveaux griots payés à prix d’or pour dire au prince du jour ce qui est « doux dans ses oreilles » ont qualifié cette sortie de grand coup diplomatique. Il n’en est rien.
Pour avoir couvert cette assemblée annuelle en tant que journaliste et accompagné des Chefs d’Etat africains pendant des années en qualité de conseiller, je puis vous dire qu’il ne s’agit ni plus ni moins que d’un rendez-vous de bavardage diplomatique: rhétorique politique et passes d’armes verbales où les puissances réitèrent leur vision du monde aux petits États de leur pré-carré.

Après l’intervention des Présidents américain et français, la grande salle se vide.
C’est la raison pour laquelle les dirigeants africains prennent la parole dans une salle quasi-vide.
Un pays important n’a pas besoin de cette rencontre pour rayonner au plan diplomatique.
Et, un pays moribond ne changera pas de statut à la Tribune de l’ONU.

Après ces vacances chèrement payées par le contribuable, les princes du jour reviendront au pays trouver la triste réalité qu’ils ont oubliée le temps d’un voyage bien arrosé:
-plus de 50% du territoire échappe au contrôle de l’Etat

  • près de 400. 000 déplacés internes depuis janvier pour un nombre total de près de 2 millions
  • près de 5000 écoles resteront fermées à la rentrée en octobre
  • un taux d’inflation de 18%, le plus élevé de l’espace Uemoa
    -une augmentation de 130f du prix du carburant en trois mois.
    Grand bien vous fasse!

Aucun mensonge ne résiste à l’épreuve du temps.