Dame Fanta (nom d’emprunt) entrepreneure, et Madi (nom d’emprunt) commerçant, tous deux Burkinabè, sont comme père et fille. Car Fanta l’appelait papa et Madi se plaisait bien à répondre. Pourtant, Madi n’hésitera pas à poser une plainte contre celle qu’il désirerait comme sa fille pour abus de confiance et blanchiment de capitaux.
En effet, le 21 février 2025, Fanta était à la barre pour répondre des faits d’abus de confiance et de blanchiment de capitaux. En effet, il ressort des faits que Madi, commerçant, avait 110 conteneurs de marchandises à dédouaner au port d’Accra (Ghana).
Il aurait confié 53 millions de francs CFA à un transitaire pour faire le travail. Seulement, ce dernier n’a pas exécuté sa part de contrat. Madi s’est vu obligé de se rendre sur place. Au Ghana, il va bénéficier de l’aide de Fanta, installée à Accra et qu’il a connue par l’intermédiaire d’une amie.
Il aurait été même hébergé par cette dernière pendant une semaine à Accra. Celle-ci a usé de ses relations pour non seulement l’aider à dédouaner ses marchandises, mais elle a aussi réussi à faire en sorte que le transitaire fautif soit arrêté et l’obliger à rembourser les 53 millions qu’il aurait perçus pour le dédouanement.
Ne pouvant pas tout rembourser cash, ce dernier payait par tranche. Et ne résidant pas au Ghana, Madi aurait donné une procuration à Fanta pour récupérer les sous pour lui. Pour s’acquitter de sa dette, le transitaire se rendait à la la police pour remettre l’argent. Et la police appelait alors Fanta pour lui remettre. Par souci de transparence, la police appelait Madi en appel vidéo pendant qu’elle remettait l’argent à Fanta.
À la barre, cette dernière a confié avoir reçu 19 millions de francs à CFA. Mais Madi ne recevra que 2 millions francs CFA, en tout ; c’est ce qu’il a confié au tribunal. Pour sa défense, Fanta a confié à la barre que chaque fois qu’elle recevait son argent elle l’appelait l’informer. Donc il était informé de tout.
« Il voulait une belle dame ».
Et ce dernier lui donnait des consignes. Il lui aurait demandé de donner 2 millions à son employé au Ghana. Elle aurait payé les avocats et autres personnes suivant les consignes de Madi. Interrogée à propos du reste de l’argent, Fanta a affirmé l’avoir injecté dans son restaurant au Ghana et ouvert un autre au Burkina, d’où la présomption d’infraction de blanchissement de capitaux.
Elle a en outre déclaré, avoir promis à ce dernier de lui rembourser par tranches. Elle a par ailleurs confié que si Madi a posé plainte contre elle, c’est parce qu’elle aurait refusé ses avances.
Les avocats de la défense iront plus loin, en affirmant que Madi serait allé jusqu’à proposer le mariage avec un véhicule V8 à l’appui, à leur cliente. Cette dernière aurait refusé. « Voici quelqu’un (Madi) qui peut dédouaner ses marchandises à hauteur de 300 millions, pourtant il a laissé les hôtels d’Accra aller dormir au salon chez Fanta. Pendant une semaine, il n’a rien eu.
Reconnaissez-le, c’est énervant », a expliqué, l’un des conseils de la prévenue. Ce dernier a par ailleurs rappelé que les faits se sont déroulés depuis 2023, si Madi ne s’est pas plaint, c’est parce qu’il a estimé que l’argent était à sa dulcinée. « Il voulait une belle dame » a-t-elle insisté.
Selon un autre conseil, Madi aurait envoyé plusieurs messages à la prévenue y compris des vidéos pornographiques par wattshapp. Ces messages et vidéos ont été montrés au président du Tribunal ainsi qu’au procureur. De ce fait, il demande la relaxe de leur cliente.
Comme il fallait si attendre, Madi s’inscrit en faux. Pour lui s’il a confié l’affaire à Fanta c’est parce qu’il ne parle pas l’anglais. De plus, il nie avoir donné des consignes à la prévenue à propos de la gestion des fonds qu’elle a reçus. Il nie carrément avoir reçu l’appel de la police ghanéenne, car estime-t-il « Je ne comprends pas anglais ».
Au vu des messages échangés, et des vidéos pornographiques, le procureur a estimé que Madi était au courant de tout ce que la victime faisait avec son argent, s’il n’a pas réagi c’est parce qu’il espérait avoir quelque chose en contrepartie. Par conséquent, il estime qu’il n’y a pas d’infraction d’abus de confiance.
Le délibéré a été renvoyé au 7 mars prochain. S’il n’y a pas d’abus de confiance, il n’y a pas blanchissement de capitaux. C’est pourquoi, il a requis la relaxe. Comme l’a dit François-René de Chateaubriand, « Aimer c’est bien, savoir aimer, c’est tout », pour dire que le fait d’aimer ne doit pas nous empêcher de réfléchir.
𝗗𝗖𝗥𝗣-𝗠𝗝𝗗𝗛𝗥𝗜