Journée mondiale de la bicyclette : des vélos-taxis pour les déplacements urbains au Rwanda

Le Rwanda, pays africain enclavé, est peut-être le seul pays où l’on voit des vélos-taxis échapper aux embouteillages et transporter des personnes et des biens dans la capitale Kigali.

S’adressant à l’Agence Anadolu à la veille de la Journée mondiale de la bicyclette, célébrée jeudi, Damascene Majoro, un chauffeur de vélo-taxi, a déclaré que jusqu’à il y a quelques années, l’utilisation d’un vélo sur les routes goudronnées de Kigali était interdite, et bien souvent la police saisissait les vélos et imposait de lourdes amendes.

Mais réalisant le potentiel de la bicyclette, non seulement en tant que mode de transport moins cher, mais aussi en raison de son caractère non polluant et de sa contribution à la santé publique, les autorités ont levé l’interdiction. Le même gouvernement qui interdisait leur utilisation il y a quelques années les promeut désormais comme un mode de transport écologique en milieu urbain.

Majoro transporte des passagers de la route de l’aéroport de Kigali à la jonction de Remera, dans la banlieue de Kabeza, dans le district de Kicukiro. Il se fait 3 000 francs rwandais (3 $) par jour en semaine, mais il lui arrive de faire mieux.

Selon lui, depuis la levée de l’interdiction de circuler à bicyclette, celle-ci est devenue une source de revenus lui permettant de subvenir aux besoins de sa famille.

Fulgence Habimana, 23 ans, qui est également le propriétaire de vélo-taxi, a déjà été arrêté à deux reprises pour avoir conduit une bicyclette sur les routes de Kigali.

“Les autorités prétendaient que les bicyclettes étaient responsables des accidents de la route, ce qui était injuste”, a-t-il déclaré.

Lorsque l’interdiction a été levée, il a loué un vélo et payait 1000 francs rwandais (1 $) par jour au propriétaire. Il a ensuite acheté sa propre bicyclette.

“Avec ce revenu, je peux économiser et payer les frais de scolarité de mes enfants à temps. Je peux conseiller en toute confiance à mes camarades jeunes qui sont oisifs de sortir les mains de leurs poches et de travailler dans ce domaine”, a-t-il déclaré.

– Concurrence au niveau du trafic routier

En l’absence de pistes cyclables réservées, les cyclistes doivent composer avec les piétons, les bus, les voitures particulières roulant à vive allure, les motos et les camions de marchandises.

“Parfois, nous ne nous sentons pas en sécurité sur la route, mais nous devons travailler car nous avons besoin d’argent. Si la route est élargie, ce serait utile”, a déclaré Majoro.

Sylvain Uwimana, qui prend régulièrement un vélo-taxi pour se rendre au travail, a déclaré qu’il s’agissait d’un moyen de transport beaucoup plus économique pour les personnes à faible revenu comme elle.

Les conducteurs de vélos-taxis ont maintenant formé un collectif, auprès duquel ils déposent chaque jour 500 francs rwandais (0,5 $) à 1 000 francs rwandais (1 $) de leurs revenus. Cette somme est utilisée pour couvrir leurs frais de sécurité sociale.

Les autorités admettent également que le fait de permettre aux jeunes de gagner leur vie en circulant à vélo a contribué à réduire la criminalité, car la plupart des conducteurs de ces vélos-taxis ont abandonné l’école et n’ont pas d’autres compétences professionnelles.

Les autorités de la ville de Kigali, en partenariat avec une entité privée, ont donc lancé une campagne visant à promouvoir le transport non motorisé pour préserver l’environnement et améliorer la santé des citoyens.

Dans le cadre de cette campagne, le partenaire Gura Universal Link est en train d’installer des stations d’accueil modernes pour les transports écologiques à travers deux réseaux dans le centre-ville et dans les axes Gisimenti- Kimironko, ont déclaré les autorités de la ville dans un communiqué récent.

Chaque station peut accueillir au moins cinq vélos.

Les autorités municipales offrent ces vélos gratuitement pendant les trois premiers mois afin d’habituer les gens à les utiliser.

Tous les vélos sont suivis par GPS et ne peuvent être empruntés par quiconque n’est pas enregistré dans le système. Les personnes non enregistrées et sans code d’autorisation ne pourront pas non plus ouvrir le cadenas du vélo. Les antivols sont dotés d’un code-barres et peuvent être suivis par GPS.

*Traduit de l’Anglais par Mourad Belhaj

Agence Anadolu