[Interview exclusive] Imilo dit tout : 10 ans de carrière, amitié avec Bertrand, liens avec Chidinma,…

De son vrai nom Emile Ilboudo, Imilo le Chanceux est un artiste-chanteur, danseur et Disk Joker (DJ). Kundé d’or 2017 (le consacrant meilleur artiste burkinabè de l’année), il est connu par son style musical alerte et vivant. Ce natif de Tiassalé, une ville de la Côte d’Ivoire, est considéré comme le plus célèbre artiste de Coupé-Décalé au Burkina Faso. Pour en savoir davantage sur ses débuts, sa carrière et ses ambitions, ACTUALITE.BF est allé à la rencontre de l’artiste le mercredi 11 Août 2021, dans son bar situé dans le quartier Gounghin de Ouagadougou. Détendu et confiant, Imilo répond à toutes nos questions. Presque sans langue de bois.

ACTUALITE.BF : Pourquoi avez-vous choisi le nom “Imilo le Chanceux” ?

Imilo le Chanceux (Imilo) : Disons que j’ai enlevé le « I » de Ilboudo, et que le « Milo » vient de « Emile », ce qui donne « Imilo ». Maintenant, le Chanceux, c’est pour apporter plus de chance à ma carrière. Il ne faut pas seulement avoir du talent, mais aussi un peu de chance. Dieu merci, la chance m’a souri et continue de me sourire.

ACTUALITE.BF : D’aucuns disent qu’Imilo se considère plus ivoirien que burkinabè. Qu’en est-il au juste ?

Imilo : C’est leur point de vue. Parce que tous ceux qui me suivent, c’est-à-dire mes vrais fans, ma vraie famille, sont ceux qui aiment ce que je fais. Ils savent que je suis en train de me battre pour rehausser les couleurs du Burkina partout dans le monde, et brandir haut le drapeau. Je fais la promotion de la culture burkinabè. C’est ce qui m’a emmené dans la musique. Sinon, à la base, j’étais danseur. C’est une frustration pour moi d’entendre parfois des gens à l’extérieur me demander quel artiste burkinabè est connu à l’international. C’est alors cette frustration qui m’a conduit dans la musique. Je me suis dit qu’il faut que j’apprenne à faire de la musique. Et aujourd’hui, je pense que j’ai réussi mon objectif. Quand on cite trois artistes burkinabè, j’en fais partie. Et il faut noter que je vais souvent passer mes vacances dans le pays qui m’a vu naître, la Côte d’Ivoire. La Côte d’Ivoire est le pays qui m’aime beaucoup après le Burkina Faso, et je reçois beaucoup d’invitations de là-bas. En plus de cela, j’ai de la famille dans ce pays, et j’y vais souvent. C’est peut-être la raison pour laquelle les gens me voient plus ivoirien que burkinabè. La Côte d’Ivoire est un grand pays de la musique africaine. J’y fais plus ma promotion, parce je me dis qu’on a déjà conquis les mélomanes burkinabè. Donc, pourquoi ne pas s’internationaliser maintenant ?

ACTUALITE.BF : Parlez-vous la langue mooré ?

Imilo : Oui ! Mais pas correctement. Je suis né et j’ai grandi en Côte d’Ivoire. Je comprends très bien quand on me parle, mais quand je m’exprime, on sent que j’ai des difficultés.

ACTUALITE.BF : Dites-nous, comment vous et Bertrand Traoré vous vous êtes connus ?

Imilo : Bertrand et moi, nous nous sommes connus au Stade municipal de Ouagadougou. C’était lors d’une activité que j’animais comme DJ, et ce jour-là, il y avait un match opposant une équipe de Bobo et à une autre de Ouaga, qu’il était venu suivre. Et vu que je faisais des « atalakou » pendant le match, il s’est approché de moi et m’a avoué que je chantais bien. Mais moi, je ne le connaissais pas. Alors, après les présentations, on a sympathisé, on a échangé les numéros. C’est alors qu’on s’est fait des promesses. Lui, il m’a demandé de ramener un disque d’or, et moi je lui ai demandé de me ramener un ballon d’or. Après quoi, on s’est perdu de vue, et il a changé de numéro quand il a commencé à jouer dans l’Équipe nationale. Quelques années plus tard, je vois mon ami à la télé, à la Coupe d’Afrique des Cadets, que son équipe a remportée. De retour au pays, lors d’une conférence de presse dans un hôtel, mon manager d’alors, Yanick Sankara (paix à son âme) m’a introduit dans la salle et a facilité les retrouvailles avec mon ami Bertrand. Depuis lors, il est devenu mon jumeau, mon frère, et on se soutient mutuellement.

ACTUALITE.BF :  Quel a été votre plus gros cachet jusque-là ?

Imilo : Je ne me rappelle pas trop. Mais environ 5 millions ou plus, ça dépend du contrat.

ACTUALITE.BF : Aujourd’hui, peut-on dire qu’Imilo est le numéro 1 du Coupé-Décalé au Burkina Faso?

Imilo : C’est ce que les gens disent. Mais moi aussi, j’ai remarqué cela. Parlant de coupé-décalé, sans orgueil, je pense que je suis celui qui le fait le plus. Donc c’est moi. (Rires)

ACTUALITE.BF : Selon vous, quel est l’avenir du Coupé-Décalé après le décès de DJ Arafat ?

Imilo : Je pense que le Coupé-Décalé est, avant tout, un style musical. C’est vrai qu’il a beaucoup baissé, mais moi, je pense qu’il va se relever.

ACTUALITE.BF : Cela est-il dû au décès de DJ Arafat ?

Imilo : Oui ! Parce que depuis son décès, les artistes du Coupé-Décalé ont baissé les bras. En plus, les gens suivent la mode. Parce que quand un genre musical marche, les gens veulent s’y lancer Ce qui fait que beaucoup font de la variété.

ACTUALITE.BF : Quel est le plus grand regret d’Imilo dans le showbiz ?

Imilo : Je n’ai pas de regret. Mais je vais juste demander aux gens de soutenir les artistes burkinabè, en partageant nos œuvres et en allant s’abonner à nos pages. Nous avons moins d’abonnés, moins de fans, en un mot, on est moins suivi. Mais je pense qu’il y a de l’amélioration, parce que nos jeunes frères remplissent le Palais des Sports. Le public doit supporter tous les artistes.

ACTUALITE.BF : Bonne transition pour parler de la nouvelle génération d’artistes ! Pouvez-vous donner une note sur 10 aux artistes de cette génération, comme Kayawoto, Amzy, etc. ?

Imilo : Ils sont en train de monter en puissance. Félicitations à eux ! Je leur donne une note de 09/10. Ils sont de taille ; j’aime ça. Pour moi, il ne sert à rien de ne pas vouloir aider ses petits frères à avancer. Tant qu’il y a quelque chose, on va toujours se soutenir. Nous, les artistes, nous sommes soudés. On se soutient beaucoup. Quand un artiste a un concert, nous sommes tous présents. Quand on se soutient, personne ne reste derrière. En voulant tomber, tu trouveras certainement quelqu’un pour t’aider à te relever. Mais si tu ne soutiens pas les autres, tu resteras seul sans soutien.

ACTUALITE.BF : Quels sont les projets d’Imilo?

Imilo : Je suis en train de me préparer pour fêter mes 10 ans de carrière. Pour cela, je ferai un show à Ouagadougou et à Bobo-Dioulasso, au Palais de la Culture à Abidjan, et je reviendrai terminer au Burkina avec sept (7)  villes. 10 ans, 10 concerts :  c’est mon premier projet. Après ça, je vais viser une salle mythique en  2022 en France. C’est pourquoi on a fait sortir 20 titres dans le nouvel album qui est sorti le 28 février passé. Nous allons faire la promotion de ces titres pour pouvoir affronter la sous-région et d’autres continents.

ACTUALITE.BF : Après 10 ans de carrière, peut-on considérer Imilo comme étant de l’ancienne ou de la nouvelle génération ?

Imilo : Comptez-moi dans la génération stable. Là où on me met, je frappe. Je suis jeune et nouveau, pas vieux. Alors, considérez-moi comme un nouveau. C’est pour dire que je suis toujours « frais ».

ACTUALITE.BF : Il se raconte qu’Imilo a inventé une histoire d’amour, juste pour avoir un featuring avec l’artiste nigériane Chidinma. Que répondez-vous ?

Imilo : Pour moi, toute stratégie est bonne pour avoir ce qu’on veut. C’est une artiste que j’aime bien, par sa coiffure, sa taille, et surtout sa manière de chanter. J’adore bien son timbre vocal. Je voulais mon featuring ; je l’ai eu ; et on est en contact. Ça fait plaisir d’être en contact avec sa star. C’est vrai que je suis une star de mon pays, mais une star peut être fière de sa collègue.

ACTUALITE.BF : Imilo était-il amoureux ou non de Chidinma?

Imilo : Entre deux personnes qui s’aiment, il y a l’amour. Dieu a dit d’aimer son prochain. Je parle de l’amour en général. Il y a de l’amour entre elle et moi. Elle aime ce que je fais et j’aime aussi ce qu’elle fait.

ACTUALITE.BF : Un dernier mot pour les jeunes qui veulent vous ressembler !

Imilo : Je vous remercie d’abord, vous de la presse. Je remercie également mes parents qui m’ont soutenu. Les jeunes qui veulent être comme moi, je les conseille d’aller à l’école, parce que pour être un vrai chanteur, il faut savoir composer. Moi je n’ai pas eu la chance d’aller loin à l’école, mais je bosse toujours. J’ai un niveau 3e sans BEPC, parce que mes parents n’avaient pas d’argent pour payer mes cours. Alors, je me suis basé sur la culture pour me faire une place. Alors, il faut aller à l’école de la musique. Et surtout, s’ils ne se laissent pas entrainer dans la facilité, demain sera meilleur et ça va payer.

Interview réalisée par Nabi Bayala (Rédacteur en chef)

Et Souleymane Zoetgnandé (Chef du Desk Culture)