Insécurité alimentaire au Burkina : la confédération paysanne tire la sonnette d’alarme

A travers une conférence de presse tenue ce vendredi 18 février 2022, la Confédération Paysanne du Faso (CPF) a analysé la campagne agricole 2021-2022 et la situation alimentaire au Burkina Faso. Un bilan pas reluisant.

La campagne agricole de la saison humide a été lancée officiellement le 27 mai 2021 à Bangrin dans la commune de Loumbila sous le thème « Distribution électronique des intrants et équipements agricoles : rôle et implication des acteurs pour une opération réussie ». À cet effet, le gouvernement et ses partenaires ont défini des objectifs de production agricole de 5 991 394 tonnes de céréales dont 1 000 000 tonnes de riz, 1 736 749 tonnes de cultures de rente et 989 023 tonnes des autres cultures vivrières.

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Depuis 2016, la CPF s’est dotée d’un observatoire des exploitations familiales agricoles qui lui permet de faire le suivi de l’évolution de la campagne agricole, la situation alimentaire et la veille sur les politiques sectorielles agricoles. Ce suivi génère des informations et des connaissances paysannes sur les exploitations familiales, leurs organisations et les économies locales, dans le but de contribuer à la formulation, à la mise en œuvre et au suivi des politiques, stratégies et programme de développement agricoles.

Selon le Président de la CPF, Bassiaka Dao, la campagne agro-silvo-pastorale 2021-2022 a été mauvaise sur l’ensemble du territoire et alarmante dans certaines localités. « Ce qui présage une situation alimentaire et nutritionnelle très difficile pour la population burkinabè », a-t-il indiqué.

Dans son analyse de la situation, la CPF a expliqué cette mauvaise campagne par plusieurs facteurs :

  • la confrontation des producteurs à de longues poches de sécheresses, et la baisse de la pluviométrie dans la plupart des régions du pays ;
  • la situation sécuritaire difficile dans la plupart des bassins de production ;
  • la situation sanitaire avec la pandémie de la covid 19, qui a impacté négativement les activités et de production et les échanges commerciaux.

« Notre rôle ici, c’est de tirer sur la sonnette d’alarme, pour dire aux dirigeants que la situation qui prévaut est critique »

Bassiaka Dao

Le Président de la confédération a alerté sur les conséquences de cette mauvaise campagne. « Notre rôle ici, c’est de tirer sur la sonnette d’alarme, pour dire aux dirigeants que la situation qui prévaut est critique », a-t-il déclaré.

Il a par ailleurs laissé entendre que les répercussions de cette mauvaise campagne se faisaient déjà sentir, avec l’indisponibilité des produits agricoles qui a conduit à la flambée des prix.
Pour parer à cette insécurité alimentaire qui sévit, la CPF recommande :

  • la prise de mesures immédiates pour le renforcement du stock de sécurité et d’intervention ;
  • la fourniture de vivres aux ménages vulnérables et aux agriculteurs déficitaires ;
  • la sécurisation de l’ensemble du territoire ;
  • le retour des personnes déplacées internes dans leurs localités d’origine ;
  • la mise en œuvre d’un programme national de réinstallation des producteurs et productrices déplacés dans leurs localités d’origine ;
  • l’accompagnement de la Centrale d’approvisionnement en intrants et matériels agricoles à disposer en quantité et en qualité des intrants (100 000 tonnes d’engrais et 15 000 tonnes de semences) pour la campagne 2022-2023 au plus tard en avril.