Industrie pharmaceutique : trois multinationales se désinvestissent de la Tunisie

Empêtrée dans une crise économique et financière sans précédent, la Tunisie est en proie à des pénuries tous azimuts, touchant notamment de nombreux médicaments. Une situation qui sera encore plus fragilisée par le désinvestissement de trois multinationales pharmaceutiques.

Dans un communiqué consulté par l’Agence Anadolu, le Syndicat des Entreprises Pharmaceutiques Innovantes et de Recherche (SEPHIRE), rassemblant 20 laboratoires pharmaceutiques de recherche et de développement, a affirmé que trois multinationales s’apprêtent à quitter la Tunisie, signalant que d’autres pourraient suivre la même démarche.

Selon le SEPHIRE, plusieurs raisons ont poussé ces laboratoires innovants à se désinvestir de la Tunisie à savoir le retard des paiements, étant donné que le gouvernement tunisien doit 750 millions de dinars (soit environ 231 millions de dollars américains) à travers la Pharmacie Centrale de Tunisie (PCT), en plus de la lourdeur administrative, la lenteur de l’enregistrement de nouveaux médicaments en phase de mise sur le marché et du non-respect de la propriété intellectuelle et des brevets.

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“Depuis plus de six ans, le SEPHIRE a prévenu les autorités de santé tunisiennes qu’une grave crise du médicament risquerait de se produire si le gouvernement ne prenait pas des mesures courageuses, immédiates et concrètes, pour réviser dans son ensemble, le financement du secteur de la santé… Nous arrivons maintenant à un niveau de pénurie de médicaments sans précédent, sans doute encore aggravé par le désinvestissement de certains laboratoires innovants, qui aujourd’hui fournissent en valeur, deux tiers des médicaments dans le secteur hospitalier et un tiers dans le secteur officinal et que 52% des médicaments fournis par nos laboratoires n’ont pas d’équivalent sur le marché local”, lit-on de même source.

Aucun commentaire n’a été émis de la part des autorités tunisiennes en réponse au communiqué du SEPHIRE jusqu’à l’écriture de ces lignes.

Il convient, néanmoins, de rappeler que le directeur du département de pharmacie et des médicaments au sein du ministère de la Santé, Abderrazak Hedhili avait auparavant déclaré dans une interview au site d’information tunisien, African Manager que les 3 laboratoires qui ont décidé de changer leurs représentants et de réduire leur nombre dans certains pays, soit de fermer leurs bureaux et de changer la formule de travail au niveau mondial, ne ciblant uniquement pas la Tunisie.

Hedhili avait indiqué que certains laboratoires ont, dans un premier temps, réduit le nombre de leurs employés au Kenya, en Tunisie, en Biélorussie et en Jordanie, soulignant qu’une mesure réglementaire sera appliquée dans un deuxième temps dans d’autres pays comme l’Egypte, le Maroc et l’Algérie.

Agence Anadolu