Inclusion des personnes handicapées : des organisations dénoncent des retards dans les réformes

Malgré des avancées législatives et des engagements internationaux, les personnes handicapées au Burkina Faso continuent de faire face à des obstacles majeurs. Lors d’une conférence de presse tenue le 30 décembre 2024 à Ouagadougou, des organisations ont dressé un bilan sans complaisance et proposé des solutions concrètes pour transformer les promesses en réalités. Il s’agit de la Fédération burkinabè des associations pour la promotion des personnes handicapées (FEBAH), en partenariat avec le Réseau national des organisations des personnes handicapées (ReNOH) et le SP/COMUD/Handicap.

Yacouba Savadogo, chargé des affaires juridiques de la FEBAH, a souligné la nécessité d’accélérer la mise en œuvre des textes réglementaires. « Plusieurs décrets d’application restent en attente, limitant la pleine jouissance des droits des personnes handicapées », a-t-il déclaré.

Le Burkina Faso a ratifié en 2009 la Convention relative aux droits des personnes handicapées (CDPH) et son protocole facultatif. Depuis, des actions ont été menées, notamment la dotation en matériels spécifiques, la prise en compte du handicap dans les politiques publiques et la mise en œuvre de programmes inclusifs dans les domaines de la santé, de l’éducation et de l’emploi.

Cependant, les quotas d’emploi (10 % dans la fonction publique et 5 % dans le privé) restent peu appliqués, et l’accessibilité aux transports publics demeure problématique. « Concernant la mobilité et l’autonomie, les transports publics et privés sont encore inadaptés pour certaines catégories de personnes handicapées », a déploré M. Savadogo.

Parmi les recommandations, les acteurs appellent à :

  • L’application effective de la loi 012/AN de 2012 sur la protection et la promotion des droits des personnes handicapées.
  • Le renforcement de l’autonomisation économique via des financements et équipements adaptés.
  • L’amélioration de la participation des organisations de personnes handicapées dans les processus de décision.
  • Une prise en charge spécifique des personnes présentant des handicaps lourds ou des incapacités mentales.

Sur la crise humanitaire, M. Savadogo a insisté sur l’urgence d’agir : « Les personnes handicapées, particulièrement les femmes et les enfants, sont parmi les plus vulnérables dans les contextes de crise. Leurs besoins doivent être intégrés dans les actions humanitaires. »

L’intégration du questionnaire du Washington Group dans le dernier recensement a permis de mieux capturer les données liées au handicap. Toutefois, sa généralisation reste nécessaire. Les acteurs soulignent également l’importance de vulgariser le référentiel national d’évaluation du handicap pour faciliter l’obtention des cartes d’invalidité.

Les intervenants ont par ailleurs exprimé leur gratitude envers les partenaires techniques et financiers, tout en appelant le gouvernement à intensifier ses efforts pour faire du Burkina Faso une société plus inclusive.