HRW appelle le gouvernement tunisien à mettre fin aux expulsions collectives de migrants vers le désert

Human Rights Watch (HRW) a appelé jeudi le gouvernement tunisien à mettre fin aux « expulsions collectives » de migrants africains vers le désert à la frontière entre la Tunisie et la Libye.

Des centaines de migrants subsahariens se sont retrouvés dans une région désertique du sud tunisien près de la frontière libyenne, après avoir été expulsés ces derniers jours de la ville de Sfax (centre-est) sur fond de tensions avec la population locale qui exigeait leur départ.

Cette opération intervient après plusieurs jours de tension et de violence consécutives à la mort d’un jeune tunisien, Nizar Amri, lundi 3 juillet, tué dans des heurts avec des migrants subsahariens.

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Par voie de communiqué, l’ONG de défense des droits humains a indiqué que « les forces de sécurité tunisiennes ont expulsé collectivement plusieurs centaines de migrants et demandeurs d’asile africains noirs, dont des enfants et des femmes enceintes, depuis le 2 juillet 2023 vers une zone tampon éloignée et militarisée à la frontière entre la Tunisie et la Libye ».

HRW ajoute que « de nombreuses personnes ont rapporté des violences de la part des autorités lors de leur arrestation ou de leur expulsion », appelant le gouvernement tunisien à « mettre fin aux expulsions collectives et permettre d’urgence l’accès humanitaire à ces migrants ».

Selon Lauren Seibert, chercheuse sur les droits des réfugiés à HRW, ces migrants subsahariens n’ont que « très peu de nourriture et ne dispose d’aucune assistance médicale ».

« Non seulement il est inadmissible d’abuser des gens et de les abandonner dans le désert, mais les expulsions collectives violent le droit international », a affirmé Seibert, selon le communiqué de HRW.

Des migrants interrogés par HRW ont affirmé que « plusieurs personnes sont mortes ou ont été tuées dans la zone frontalière entre le 2 et le 5 juillet – dont certaines auraient été abattues et d’autres battues par l’armée tunisienne ou la garde nationale. Ils ont également déclaré que des hommes libyens portant des machettes ou d’autres armes avaient volé certaines personnes et violé plusieurs femmes, soit dans la zone tampon, soit après avoir réussi à traverser la frontière Libyenne pour chercher de la nourriture », selon le communiqué de l’ONG qui indique ne pas être en mesure de confirmer ces informations faute d’accès à la zone.

HRW a appelé les autorités tunisiennes à « enquêter sur les forces de sécurité impliquées dans les abus et à les traduire en justice ».

Fin février 2023, le président tunisien Kaïs Saïed avait évoqué dans un discours jugé « raciste » des «  masses incontrôlées et des hordes de migrants clandestins » en provenance de l’Afrique subsaharienne avec comme objectif de « transformer la composition démographique de la Tunisie ».

Selon des chiffres officiels relayés par le Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (Ftdes), quelque 21 000 Subsahariens sont présents en Tunisie (pays qui compte douze millions d’habitants, ndlr), la plupart sont en situation irrégulière.

Agence Anadolu