Envoi de mercenaires russes au Mali : Choguel Maiga s’exprime en entretenant le flou

Le Premier ministre malien, Choguel Kokalla Maiga s’est exprimé, vendredi, sur l’envoi éventuel dans le pays de mercenaires russes du groupe de sécurité Wagner sans toutefois confirmer ni démentir l’information révélée récemment par l’agence Reuters.

Le chef du gouvernement a indiqué qu’au regard de l’annonce du départ de la force Barkhane, les autorités ont engagé une réflexion sur un éventuel plan B pour pouvoir rétablir l’autorité et la souveraineté de l’Etat sur l’ensemble du pays.

« Vous savez après le changement du 18 août 2020 sinon bien avant, il y a des partenaires qui ont décidé de quitter pour se replier sur d’autres pays. Il y a des zones qui sont abandonnées et qu’il faut occuper aujourd’hui pour ne pas laisser la place au vide. », a expliqué Choguel Maiga.

Revenant sur le devenir du pays après de départ des forces étrangères, il a déclaré « s’ils décident de quitter demain qu’est-ce qu’on fait ? On est obligé de nous interroger. Est-ce qu’il ne faut pas se préparer à avoir un plan B ? D’autant plus qu’on a vu des pays lâchés et livrés à leur sort ».

Selon le Chef du gouvernement, c’est cette réflexion qui a conduit à des débats aujourd’hui où les autorités sont accusées de vouloir changer de stratégies.

« Le président de la Transition a dit simplement à la CEDEAO qu’on ne peut plus accepter d’être interdits d’accéder à certaines zones au prétexte que ce sont des zones d’entraînement d’autres forces partenaires », a précisé Choguel Maiga ajoutant que cette situation ne peut pas continuer.

Il a en outre, ajouté « on ne peut pas nous interdire d’acheter du matériel avec un pays avec lequel on a un accord parce qu’un autre ne veut pas. On ne peut pas nous empêcher d’envoyer des gens pour être formés dans un pays donné parce qu’un autre pays ne veut pas».

Rappelant que la mission de l’intervention des forces étrangères est de lutter contre le terrorisme et d’aider l’Etat malien à rétablir son autorité sur l’ensemble du territoire , Maiga a regretté que le terrorisme s’est étendu et l’autorité et la souveraineté de l’Etat ne sont toujours pas restaurées.

« Au regard de toutes ces situations, nous estimons qu’il faut qu’on ait la possibilité de regarder vers d’autres horizons, qu’on élargisse les possibilités de coopération pour maîtriser notre défense nationale. Ce n’est pas plus compliqué que ça naturellement tout ce qui est changement est difficile à accepter, mais il n’y a rien d’autre derrière », a déclaré le chef du gouvernement malien.

Contactée par l’Agence Anadolu, la direction de l’information et des relations publiques de l’armée, a affirmé que le Mali n’a encore signé aucun accord avec la société russe en question.

Pour sa part, une source à la présidence a indiqué qu’il ne s’agit que de rumeurs.

Le présumé accord d’un montant de six milliards de francs CFA (environ 10,8 millions de dollars) par mois donnerait accès à Wagner à trois gisements miniers, deux d’or et un de magnésium, a détaillé pour sa part le journal électronique “abamako.com”.

En contrepartie, les mercenaires russes seraient chargés de former les Forces armées maliennes (FAMa) et d’assurer la protection de certains hauts dirigeants maliens, mission qu’effectue déjà le groupe Wagner en Centrafrique.

La ministre allemande de la défense, Annegret Kramp-Karrenbaeur a déclaré mercredi, dans un tweet, qu’un accord entre le Mali et la société russe Wagner remettrait en cause le mandat de l’armée allemande.

« Un tel accord contredit tout ce que l’Allemagne fait au Mali depuis huit ans, aux côtés de la France, de l’Union européenne et de l’ONU », a déclaré la ministre de la Défense allemande.

La ministre française des Armées a pour sa part exprimé ses inquiétudes quant à un éventuel déploiement de mercenaires russes de la société Wagner au Mali, en réponse à une question d’un député français.

Agence Anadolu