[EDITO] Procès contre les présumés terroristes : afin que l’humanité triomphe de la monstruosité

Il s’est ouvert ce lundi 9 août à Ouagadougou, un procès historique contre des présumés terroristes.  Un procès historique, disons-nous, parce qu’il est chargé à la fois de symboles et de pédagogie. Opposer à la barbarie, la civilisation ; offrir le droit de se défendre à ceux qui l’ont refusé aux autres ; voici toute la grandeur de l’Etat de droit, qui écrase par-là la petitesse de la terreur.
 
Nous comporter en terroristes pour combattre le terrorisme, voilà ce qui profiterait à l’industrie de la mort et du chaos. Dans la plus dure des épreuves, un Etat de droit a des lignes rouges qu’il ne franchit pas, et des principes qu’il s’efforce de respecter. La création d’un pôle judiciaire spécialisé dans la lutte contre le terrorisme répond à cette logique.


Tenir un procès des terroristes symbolise cette résilience de l’Etat de droit, de l’Etat laïc et de l’Etat-Nation, contre ceux qui ont juré leur perte. C’est l’occasion de savoir qui se cache derrière les masques d’individus armés non identifiés, et quelles sont leurs motivations.

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Le procès est aussi et surtout pédagogique. Des terroristes face à leurs consciences et à leurs méfaits d’armes, des juges qui interrogent et rendent justice, et des victimes (ou leurs proches) qui témoignent et découvrent leurs bourreaux dans toutes leurs laideurs : voilà qui sert de leçon, aussi bien pour les accusés qui pourront se repentir, que pour la société qui est face à un miroir.


Oui, la société sera face à elle-même, pour s’interroger sur ce qui a pu bien pousser une partie d’elle-même à se rebeller et à dévorer les autres membres. L’injustice ? Qu’elle la répare donc ! Le désespoir ? Qu’elle redonne donc à espérer ! L’intolérance ? Qu’elle s’accepte alors dans sa diversité ! Le pouvoir ? Eh bien, qu’elle le recentre sur l’intérêt de tous !


Il est vrai que rien ne justifie, ni n’excuse le terrorisme. Mais il est aussi vrai que les causes profondes qui poussent des jeunes Burkinabè dans les bras des multinationales terroristes, sont à rechercher et à comprendre. Sans passion, et avec discernement. Et les procès ouverts ce lundi en sont l’une des rares occasions.

La Rédaction