Prise à travers un appel citoyen, l’initiative des Volontaires pour la Défense de la Patrie (VDP) a été formalisée par l’Assemblée nationale le 21 janvier 2020, à l’unanimité. Si cette décision a été saluée par une grande partie de la population, de nombreux sceptiques mettaient en garde contre les menaces que représenteraient ces VDP pour l’unité nationale. L’inquiétude était également fondée sur les vélléités de non-respect des droits humains par des civils formés sur le tas à l’art de la guerre.
En dépit de toutes les bavures de VDP qu’il faut condamner et punir, force est de reconnaître que la création de ce corps de volontaires a apporté beaucoup dans l’offensive de l’Etat, et a empêché des drames sur le terrain. Ils ne sont pas étrangers à l’accalmie constatée entre temps, et au retour de certains déplacés dans leurs localités d’origine.
Cependant, ces volontaires font l’actualité ces derniers temps, dans la rubrique des tristes nouvelles. En effet, ils sont visés par une vague de représailles de la part des groupes terroristes, depuis le début du deuxième trimestre de l’année. Ces derniers jours, trois attaques d’envergure ont visé les VDP. D’abord le 16 mai à Pissila, dans le Centre-Nord, où cinq VDP ont été retrouvés morts après leur enlèvement. Ensuite, le 29 mai à Takatami, dans la la province du Yagha, Région du Sahel, où deux jeunes ayant été désignés comme VDP, ont été égorgés par les terroristes. Et rien que dimanche dernier, deux d’entre les VDP ont encore été assassinés à Kelbo, toujours dans la région du Sahel.
Pourquoi les VDP sont-ils devenus la cible première des terroristes?
D’abord il faut souligner que ces civils armés sont issus des villages où ils opèrent. Ils sont donc intégrés à la base; ils connaissent l’environnement, parfois mieux que les Forces de défense et de sécurité (FDS). Ainsi, ils sont prompts à identifier les ennemis locaux et à anticiper sur leur capacité de nuisance.
Sur le plan logistique, les VDP identifient plus facilement les dangers et les mouvements suspects, et apportent des renseignements utiles aux FDS, grâce à leurs origines locales et à leurs réseaux denses. Les FDS ne pouvant être présentes dsns chaque village, les cellules des VDP sont un atout pour l’Etat. Elles permettent aux FDS d’avoir une longueur d’avance sur les ennemis.
Les VDP constituent donc un grand rempart face aux terroristes dans cette guerre. C’est pour cela que les terroristes ont juré leur perte, après avoir tenté de dissuader les paysans de former des cellules de VDP, parfois par des simulacres de négociations.
Comment mettre fin à cette série noire ? Il n’y a pas mille solutions, et on ne le répétera jamais assez : Il faut mieux équiper ces braves hommes qui ont décidé de se consacrer à la défense de leur patrie, tout en veillant à leur donner une formation pointue sur le plan militaire, et en droits humains.
Il faut également veiller à l’application des textes protégeant les VDP et leurs ayants-droit en cas de blessure ou de décès, et leur apporter une motivation à la hauteur de leur sacrifice bénévole. Car, si les ennemis arrivent à faire plier genou aux VDP, ils auront gagné une bataille importante.
Les écarts de certains VDP ne doivent pas militer pour le suppression de ce corps. En effet, vu sous un autre angle, les VDP empêchent les terroristes de commettre des violations massives et graves de droits humains. En empêchant les individus sans foi ni loi de massacer, de violer et de causer ruines et désolations, les VDP se font des défenseurs intrépides des droits humains. Reprimer leurs fautes, encadrer leurs actions, et encourager leur patriotisme, voici ce qu’il convient de faire pour permettre aux VDP de remplir leur mission, rien que leur mission.
La Rédaction