[ EDITO ] Le fait que les terroristes cherchent l’amitié des populations renferme des signes!

Une vidéo largement partagée sur les réseaux sociaux, montre un groupe armé en train de dialoguer avec des populations civiles. La scène est supposée avoir eu lieu dans le Yatenga, au regard de la dialecte Yaadré des habitants. C’est en quelque sorte un cessez-le-feu et un accord de non-agression que ces présumés terroristes sont venus conclure avec les villageois. Mais que faut-il voir au travers de ce geste « d’apaisement » ?

La première observation est que les groupes armés terroristes pourraient être dans une situation d’enlisement, qui commande qu’ils cherchent la collaboration de la population. Ce, pour ne pas avoir à combattre sur trois fronts : contre les Forces de Défense et de Sécurité (FDS), contre les Volontaires pour la Défense de la Patrie (VDP), et contre les populations civiles. En effet, il y a eu une montée en puissance des FDS, appuyées par les VDP. Nos troupes sont plus expérimentés et efficaces, ce qui donne des résultats encourageants. On le voit dans la vidéo, le porte-parole du groupe armé demande aux VDP et aux civils de déposer leurs armes. Des armes qui les gênent, dira-t-on. Pendant ce temps, eux, continueraient à s’armer!

La deuxième observation est que, contrairement à ce que pourrait penser une certaine opinion, ces groupes armés ne sont pas hermétiquement fermés au dialogue et à la négociation. En plus, ils ne seraient pas des individus « armés non identifiés », comme le vocable les qualifie. Puisque certains d’entre eux étaient à visage découvert, et qu’ils semblaient être connus des habitants.

La troisième observation est que le combat s’est déporté sur un autre terrain : la conquête des cœurs. L’Etat burkinabè a déjà compris que la principale source de renseignement, et la principale digue de la nation, ce sont les populations. Les présumés terroristes ont, eux aussi, compris que recruter des combattants locaux et avoir le soutien des populations locales, c’est un bouclier humain géant. Et une population qui a le sentiment d’être abandonné se livre à n’importe quel groupe qui accourt en sauveur.

Enfin, la dernière observation est que les scènes de réconciliations entre populations à la base (comme ce fut le cas à Pobé Mengao) ne sont pas de nature à rassurer les groupes armés les plus radicaux. Ils pourraient se convaincre que si l’Etat séduit et récupère leurs membres, eux-aussi devraient récupérer des entités restées jusque-là fidèles à l’Etat.

Il appartient donc à l’Etat burkinabè, dans toutes ses composantes, de travailler davantage à avoir le soutien et l’engagement des populations à la base. Cela passe par des actions fortes et symboliques, par le développement, et par un nouvel espoir à offrir à la jeunesse.

La Rédaction