« Depuis la chasse aux detourneurs de deniers publics sous le MPSR2, aucun homme de tenue n’a été épinglé » (Bertrand Méda)

Ceci est une tribune de Bertrand Méda, sur la gouvernance du Burkina Faso sous les régimes militaires.

Lorsqu’on parle de la pourriture du système politique dans ce pays, certains Burkinabè ont tendance à accabler les civils et à épargner nos hommes de tenue.

Ainsi, il suffit que n’importe quel quidam en tenue s’empare du pouvoir, lève le poing en l’air et vous verrez des Burkinabè entrer en transe parce qu’ils ont trouvé enfin le messie pour sauver ce pays.

Or, les faits montrent que ce que font nos politiciens civils, ils le tiennent de nos militaires.

D’abord, en 62 ans d’indépendance formelle, les civils n’ont dirigé ce pays que pendant 13 ans. Il est donc peu probable que les 13 ans aient plus d’impact sur la situation de ce pays que les 49 ans de régimes militaires.

Ensuite, aucun régime n’a autant utilisé la corruption doublée des menaces et assassinats ciblés comme mode de gouvernance que le régime de Blaise Compaoré. Or Blaise Compaoré était un militaire et son régime, un régime militaire avec des civils en faire valoir.

Du reste, les pratiques du régime MPP ont été héritées directement de la pratique du régime de Blaise Compaoré, puisque ses principaux animateurs ont fait leurs armes chez Blaise Compaoré.

Par ailleurs, les intermèdes Zida et Damiba sont là pour nous confirmer que nos militaires n’ont rien à envier à nos civils en matière de pourriture politique.

Je suis d’ailleurs surpris de constater que depuis qu’on fait la chasse aux détourneurs de deniers publics sous le MPSR2, aucun homme de tenue n’a encore été épinglé.

Les civils qu’on a épinglés actuellement ne sont certainement pas des enfants de cœur, ni des innocents, mais une fois de plus, notre armée (le grand mal de ce pays) sait comment s’entendre sur le dos de ce peuple dont une bonne partie n’a d’admiration que pour la tenue.

Peu importe les sacrifices d’un civil pour ce pays, n’importe quel quidam en tenue fait certainement plus pour le pays que lui aux yeux de certains compatriotes. C’est là que je regrette d’avoir simplement flirté avec l’armée. Je serai peut-être actuellement le messie de ce pays au lieu d’être un apatride.

Bertrand Méda