Crise au sein de la communauté musulmane : le bureau actuel met les méthodes du Médiateur du Faso en cause

La Communauté Musulmane du Burkina Faso (CMBF) a présenté le bilan de ses 5 dernières années d’activité, à la presse, ce samedi 13 mars 2021. Cette conférence de presse était aussi l’occasion pour la communauté de présenter ses excuses pour leurs agissements dans le cadre de la crise que l’association a connue, et d’apporter des éclaircissements sur la médiation entamée par le Médiateur du Faso.

Depuis le congrès ordinaire de Fada N’gourma en juin 2015 qui avait porté El adj Rasmané SANA à la tête de la Communauté musulmane du Burkina Faso, ce dernier s’était fixé plusieurs objectifs, parmi lesquels : la transparence dans l’organisation de la gestion financière, le renouvellement des bureaux décentralisés et, surtout, des actions de développement à la communauté et par ricochet à la nation toute entière. Cinq ans plus tard, le bureau estime avoir obtenu les résultats escomptés.

Au titre de l’organisation de la gestion financière, la communauté dit avoir effectué un audit des infrastructures marchandes à Ouagadougou, ce qui a permis de révéler les difficultés liées à la collecte des loyers. Pour ce qui concerne le développement, la CMBF a notamment posé 4 actions majeures. D’abord l’extension de la grande mosquée de Ouagadougou qui a contribué à faciliter la mobilité des citoyens autour de la mosquée dès la fin de la prière de vendredi, et aussi l’équipement de la grande mosquée en caméras de surveillance pour lutter contre le grand banditisme. Il y a ensuite la radio communautaire Al Fadjr qui a accompagné les autorités dans l’information et la sensibilisation des citoyens. Enfin, des collectes de fonds, de vivres et autres matériels ont été faites au profit des populations vulnérables.

Réaction de El adj Rasmané SANA en vidéo

La deuxième partie de ce point de presse a concerné les dissensions internes qui secouent l’association. Sur cette question, le bureau actuel de la CMBF déplore le fait que ces dissensions se soient transformées en une crise entretenue par certaines personnes. Sur le nerf de la crise qui concerne le renouvellement du bureau qui est arrivé au terme de son mandat après l’échéance de juin 2020, la CMBF explique: « Nous avons informé le gouvernement à travers le ministère en charge du culte et de la liberté d’association que le mandat de nos instances arriverait à terme en 2020. Par ailleurs, nous avons annoncé que la situation d’urgence sanitaire liée à la pandémie de la Covid-19 nous contraignait à reporter la tenue du congrès ordinaire de renouvellement de nos instances au plus tard à la fin de l’année 2020. » Après ce message, le ministère a fortement recommandé le congrès dans un esprit d’appaisement, compte tenu de la crise interne. C’est ainsi que Madame le Médiateur du Faso a mené la médiation qui a abouti à la fin de la crise, annoncée le vendredi 11 septembre 2020.

Le président de la CMBF, EL Adj Rasmané SANA, se dit surpris de constater que le Médiateur du Faso rencontre des acteurs et personnalités dans l’optique de trouver une personne pour organiser et diriger une transition de la CMBF. « Nous tenons à prendre l’opinion nationale et internationale à témoin que nous ne sommes impliqués ni de près ni de loin dans cette démarche qui pourrait mettre en péril les acquis de la CMBF. Nous rappelons que l’organisation et le fonctionnement de l’association de la CMBF sont régis par des textes qui font du congrès ordinaire un passage obligé pour le renouvellement des instances au terme du mandat. Aussi, les textes de la CMBF précisent que ce sont les membres qui désignent et élisent les candidats selon la procédure », a indiqué Rasmané SANA avant de rappeler que la communauté musulmane, depuis 60 ans, a toujours été gérée dans le calme avec le respect des textes. «Je ne peut pas accepter que sous mon passage à la CMBF, une transition avec un président désigné par une institution puisse passer», a t-il mis en garde.

Pour une sortie apaisée de cette crise, le bureau actuel de la CMBF invite le gouvernement à s’impliquer pour trouver des pistes de solutions, car la situation est en train de dégénérer en interne. « c’est maintenant qu’il faut agir, il ne faut pas attendre que tout dégénère avant de courir pour chercher des solutions», a conclu le président de la communauté.