Conflit foncier à Bobo : des héritiers, une église et un supposé acheteur à couteaux tirés

Situation tendue dans la zone hors lotissement du secteur 24 de la ville de Bobo-Dioulasso entre des propriétaires terriens, des résidents (dont une église) et un potentiel acheteur. Des héritiers du propriétaire initial d’un terrain de plusieurs hectares sont très remontés contre un supposé acheteur. Ils ont manifesté leur colère le dimanche 6 novembre 2022 contre ce dernier qui menace de les déguerpir cette semaine.

L’affaire se déroule dans une zone périphérique communément appelée ” non-loti ” du secteur 24 de la ville de Bobo-Dioulasso. Feu Sou Sanou, propriétaire terrien, aurait de son vivant attribué par générosité une portion de son terrain à un certain Boureima Ouédraogo pour ses activités agricoles. « Boureima est venu demander une portion de terre à notre papa pour cultiver. Après que notre père lui ait donné le terrain, il a commencé à y planter des arbres. Notre père l’a interpelé et il a dit que les arbres pouvaient toujours servir », relate Moussa Sanou, fils de Sou Sanou.

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Vingt ans après le décès du propriétaire terrien, le nommé Boureima Ouédraogo revient pour demander aux résidents de déguerpir car il aurait acheté les 8 hectares de feu Sou Sanou. Un terrain que les héritiers de Sanou ont déjà mis en valeur et ont vendu à des tierces personnes, dont les membres d’une communauté chrétienne qui y ont bâti une église.

Boureima Ouédraogo avait à sa disposition des documents qui disaient qu’il était le propriétaire des 8 hectares du terrain, avant même le décès de feu Sanou. Des documents que les héritiers refusent de reconnaitre. Pour eux, si le terrain avait été vendu par leur père, il les aurait informés avant sa mort. Et si Boureima Ouédraogo était dans ses droits, soutiennent-ils, il n’aurait pas dû attendre plus de 20 ans après le décès de de leur père pour se présenter.

« Boureima est un voleur. Il a réussi à voler le terrain, mais il n’a pas pu voler le nom de notre père. Sur les documents fonciers qu’il nous a présentés, le vendeur du terrain s’appelle Zougoufouga Sanou. Pourtant, notre père se nomme Sou Sanou », affirme Sogossi Sanou, benjamin des héritiers. Et son frère ainé, Bakary Sanou, de renchérir : « Nous ne voulons plus voir Boureima sur notre terrain. S’il insiste, ce qui va lui advenir, il l’aura cherché ».

Les résidents, eux, disent avoir acheté les terrains il y a environ six ans avec les héritiers de feu Sanou. Ils disent ne pas comprendre alors pourquoi une autre personne menace de les déguerpir. « Il y a environs six jour, un homme est venu ici, accompagné par la gendarmerie et la police, disant qu’il est venu de Koudougou de la part de Boureima Ouédraogo pour nous déguerpir, sans préavis », raconte Évariste Millogo, résident et membre de l’église érigée sur le site querellé. Il poursuit en expliquant qu’ils ont acheté les terrains en présence de témoins, et sont presqu’au terme des procédures administratives pour les documents de propriété foncière.

Le souhait des résidents est que les propriétaires terriens trouvent un terrain d’entente avec Boureima Ouédraogo, afin qu’ils ne soient pas déguerpis.

Joint au téléphone par ACTUALITE.BF, Boureima Ouédraogo donne sa part de vérité par la voix de son fils. A entendre Ouédraogo fils, le terrain a bien été acheté par son père en présence de témoins. Et la preuve serait la déclaration de vente qu’ils disent posséder. S’ils sont restés silencieux depuis ce temps, c’est parce qu’ils étaient, mentionne notre interlocuteur, dans des démarches pour la finalisation des dossiers qui leur confère la propriété des 8 hectares du terrain de Feu Sou Sanou.

Les supposés acheteurs rejettent par ailleurs l’accusation selon laquelle les résidents ont été menacés de quitter le terrain sans avertissement. A les en croire, des concertations ont bien été entreprises entre eux, les résidents et les membres de l’église sur place, à maintes reprises. Et le délai fixé par consensus pour leur déguerpissement est prévu, en principe, pour la fin de cette semaine.