Choléra en RDC : MSF alerte sur une « crise sanitaire majeure » avec 1 700 décès

La République démocratique du Congo (RDC) fait face à une flambée alarmante du choléra, avec plus de 58 000 cas suspects et 1 700 décès enregistrés depuis janvier, selon le ministère de la Santé et Médecins sans frontières (MSF).

L’épidémie, l’une des plus graves de la décennie, touche désormais 20 des 26 provinces.

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À l’approche de la saison des pluies, les autorités redoutent une aggravation. « La rapide propagation du choléra à travers le pays nous préoccupe. Sans mesures urgentes, de nouvelles flambées sont à craindre », a alerté lors d’une conférence de presse à Kinshasa le Dr Jean-Gilbert Ndong, coordonnateur médical de MSF.

L’organisation humanitaire déclare avoir renforcé sa riposte dans les provinces les plus affectées Nord et Sud-Kivu, Maniema, Tshopo, Sankuru, Équateur et Kinshasa où 16 interventions d’urgence ont permis la prise en charge de 35 800 patients et la vaccination de 22 000 personnes.

Les foyers de Fizi (Sud-Kivu) et Kongakonga (Tshopo) restent actifs.

Mais sur le terrain, la réponse reste « largement insuffisante », déplore MSF, évoquant un manque de financement, une présence limitée d’acteurs humanitaires et une coordination défaillante.

« Les structures ne sont pas adaptées et les intrants médicaux manquent », regrette dans un communiqué, Ton Berg, cheffe des programmes MSF au Sud-Kivu, appelant à une mobilisation urgente des partenaires, y compris dans les zones reculées.

L’organisation attribue l’aggravation de l’épidémie à une combinaison de facteurs structurels et conjoncturels : inondations récurrentes, infrastructures d’assainissement dégradées, déplacements massifs dus aux violences dans l’Est et faiblesse chronique du système de santé. À cela s’ajoutent la hausse des températures liée au changement climatique et la rareté de l’eau potable à Kinshasa et Lubumbashi.

Dans plusieurs zones rurales, les habitants consomment encore de l’eau non traitée, faute d’alternatives.

Les contraintes logistiques et sécuritaires, notamment la fermeture prolongée des aéroports de Bukavu et Goma occupés par les rebelles du M23, compliquent les opérations.

« L’insécurité et le manque d’accès aux soins mettent des vies en danger chaque jour. Le choléra doit redevenir une priorité nationale », plaide Ton Berg.


La pire épidémie de choléra connue par la RDC remonte à 1994 , elle s’est déclarée au lendemain d’une affluence massive de réfugiés rwandais dans la ville de Goma (RDC) frontalière avec le Rwanda. Plus de 58 000 personnes étaient décédées selon les autorités.

En 2017, 55.000 personnes sont tombées malades à travers 24 des 26 provinces du pays (28 % de plus par rapport à l’année précédente), et 1190 sont décédées.

Le pays connaît actuellement une épidémie d’Ebola qui frappe la province du Kasaï et qui a fait 43 morts. Aucun nouveau cas n’a été déclaré depuis 24 jours.

La fin de l’épidémie pourrait être déclarée dans 18 jours si aucun nouveau cas n’est signalé, d’après l’institut national de santé publique de la RDC.

Agence Anadolu